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Bim, Boum Badaboum

Par Léo Faure
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    Bim, Boum Badaboum
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Le dossier qui suit ne va pas faire rire, en haut lieu du rugby français.

On le tient de source sûre, pour avoir entendu quelques joueurs du XV de France se faire tancer, récemment, pour s’être trop épanché publiquement (c’est-à-dire médiatiquement) sur leurs blessures, leurs fêlures et leurs envies de lendemains en famille, en bonne santé si possible. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire pour ceux qui tiennent, chaque fin de saison, la comptabilité des licenciés du rugby. Surtout pas celles susceptibles de générer l’inquiétude des parents de jeunes joueurs aspirants, la défiance des assureurs et la tiédeur des partenaires.

On veut bien le comprendre. Empiler les statistiques de blessures et les témoignages anxiogènes, ce n’est pas très vendeur. Les faits, pourtant, sont têtus et s’affranchissent sans mal des nécessités politiques. Warburton a donc mis un terme à sa carrière à 29 ans. Pas banal, pour un joueur qui aura été deux fois capitaine d’une tournée des Lions britanniques (dans l’histoire, seul Martin Johnson peut en dire autant). L’annonce interpelle, parce qu’elle touche une icône de ce jeu.

Plus près de nous, pourtant, le jeu de massacre fait des victimes au quotidien. En dix-huit mois, Charles Ollivon est passé du statut de star de demain à celui de joueur d’hier. Le rugby consomme les corps et les auras. Celui qui ne joue pas bascule vite dans l’oubli. Le seul tort du troisième ligne toulonnais ? S’être blessé, plusieurs fois, gravement, à seulement 24 ans. Il reviendra plus fort, nous dit-on. On lui souhaite. Mais l’avenir a ceci de cruel qu’il est incertain.

Le rugby est un sport formidable ? Oh que oui. On nous fera difficilement dire le contraire, même sous la torture d’une brave purge d’hiver. Mais il brise aussi ses serviteurs les plus zélés. Il faut le dire, puisque ce sont les joueurs eux-mêmes qui en conviennent désormais majoritairement, parfois sous le secret des micros éteints. C’est plus politiquement correct. Il faudra bien, pourtant, assumer un jour le problème si on veut le résorber. On parlait hier de nez fendus et de côtes cassées dans un rugby à papa interlope. On parle désormais d’arrachements osseux, de désinsertions musculaires et, plus grave encore, de cerveaux comprimés par la multiplicité des chocs. Jusqu’à craindre la mort.

Les médias sont-ils, eux aussi, coupables ? Il faudra peut-être assumer cette introspection. Comment dénoncer, d’un côté, les dérives du tout physique qui martyrise les corps, quand on repasse de l’autre, en boucle et au ralenti, un joueur démembrant son semblable à l’impact, au seul prétexte qu’il ne porte pas le même maillot. Ces images de toute puissance destructrice, de ces joueurs qui titubent et rechutent après un choc prédateur, n’inquiètent que trop rarement et font le bonheur des spectateurs, des compilations internet et des observateurs en tous genres.

C’est une mentalité, une culture ancrée qu’il faudrait infléchir. Réapprendre aux gamins les plaisirs d’un évitement, au moins aussi grand que ceux de l’affrontement. Le défi est immense et long. Il est pourtant vital. Rien que ça. 

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