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Sifflets ou médecins ?

Par Nicolas Zanardi
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    Sifflets ou médecins ?
Publié le Mis à jour
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Eclairage - En leur confiant un rôle supplémentaire quant à la sécurité des joueurs avec le carton bleu, le législateur a encore renforcé la pression pesant sur les épaules des directeurs de jeu.

Certes, on peut reprocher à la déclaration de Sergio Parisse un brin de facilité, tant il est beaucoup plus facile d’être fair-play après une large victoire. N’empêche qu’on a particulièrement apprécié, le week-end dernier, d’entendre le capitaine argentin accepter sans polémiquer la sanction infligée par Laurent Cardona, quand bien même celle-ci pouvait apparaître à bien des endroits injustifiée. "J’ai le droit de ne pas être d’accord, mais je respecte la décision de l’arbitre" a ainsi expliqué le numéro 8 du Stade français, invité à commenter son exclusion pour une protection illicite sur un "plaquage" du catalan Alan Brazo. Le genre de comportement d’autant plus exemplaire et salutaire que les arbitres en auront bien besoin cette saison… Ces derniers n’en font ainsi pas mystère, dès lors qu’on les questionne en brin en off : déjà surchargés dans leur travail stricto sensu par des équipes toujours plus à la limite du règlement, désormais obligés de gérer une douzaine de changements, les arbitres se voient maintenant dotés d’un rôle supplémentaire avec le carton bleu : celui de déceler les joueurs victimes de "commotion manifeste" et de leur signifier leur sortie définitive du terrain, ainsi que cela état appliqué la saison dernière en Fédérale. "Avec le carton bleu, l’arbitre aura un pouvoir renforcé et il aura toute priorité, dès qu’il y a suspicion de commotion cérébrale, pour sortir le joueur, expliquait le docteur Thierry Hermerel lors de la mise en place du carton bleu. Le pratiquant verra sa licence bloquée pendant 10 jours. Pour qu’elle soit débloquée, il faudra que le joueur ou la joueuse passe chez son médecin traitant et qu’il remplisse sa déclaration de non-contre-indication à la reprise du jeu, avant que ce document soit envoyé à la fédération et que l’on puisse activer le déblocage de sa licence. Les délais sont calqués sur ceux de World Rugby."

Un doublon avec le dispositif de surveillance ?

Tout bon pour la sécurité des joueurs, vous dites ? Oh, sûrement. Sauf que ce rôle paraît, pour tout dire, en premier lieu une mesure "médiatique" faite pour rassurer l’opinion sachant que, dans le règlement, les arbitres avaient déjà le droit de sortir du terrain un joueur manifestement victime de commotion. En outre, le carton bleu semble malgré lui faire doublon avec le dispositif mis en place la saison dernière de surveillance vidéo confié à un médecin neutre (un investissement de 300 000 euros consentis par la LNR, tout de même…), qui assiste à la partie depuis une tablette disposant de tous les angles de caméra, et peut à tout moment demander à l’arbitre de stopper la partie pour déclencher un protocole commotion. Dispositif qui, on l’oublie quelque peu au vu de l’actualité récente, a permis de faire passer de 17 à 6 % le nombre de commotions cérébrales avérées restées sur le terrain, entre la phase aller et la phase retour. Alors, ajoutez à cela le fait que les docteurs ont désormais la possibilité de se déplacer sur toute la longueur du terrain, on se dit qu’ajouter une charge supplémentaire aux arbitres n’était pas forcément nécessaire…

Epée de damoclès

Le hic ? C’est qu’on n’a justement pas vu d’arbitre utiliser le carton bleu lors de la première journée, et qu’il y a probablement peu de chances de voir les directeurs de jeu les utiliser. On imagine de fait trop bien la facile polémique que n’importe quel entraîneur défait pourrait déclencher dans les médias en cas de joueur sorti du terrain sur carton bleu pour une éventuelle commotion non confirmée par le médecin du club… De quoi créer une épée de Damoclès qui, pour tout dire, ne va pas franchement inciter les arbitres (qui ne sont pas tous médecins dans le civil, faut-il le rappeler !) à se mouiller. À moins que ceux-ci puissent compter toute la saison sur le même fair-play que celui manifesté par Sergio Parisse lors de la première journée… Sauf qu’au vu de la pression qui flottait déjà sur toutes les pelouses du Top 14 et du Pro D2 le week-end dernier, il faudrait être bien naïf pour y compter. 

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