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« Mettre les entraîneurs devant leurs responsabilités ! »

Par midi olympique
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Publié le Mis à jour
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Bernard Dusfour - Médecin de la LNR - Il a porté cette nouvelle mesure au sein de l’observatoire médical LNR-FFR et la défend face aux critiques.

Quelle est l’origine de cette nouvelle règle ? 

Le facteur de risque de blessure le plus fort, c’est le temps de jeu effectif d’un joueur au cours d’une rencontre. Le temps de jeu effectif, en vingt ans,a été multiplié par deux en championnat (de 16 à 32minutes) et par trois si l’on se réfère aux matchs internationaux (45-46 minutes). Notre idée, c’était de de réduire ce temps de jeu. La deuxième nécessitéétait de ne pas laisser un joueur blessé sur le terrain. Il fallait trouver une mesure qui favorise ces deux objectifs. Certains pensaient augmenter le nombre de remplaçants, mais nous ne voulions pas voirdavantage de joueurs frais entrer. Il y aurait eu plus de puissance sur le terrain et donc des risques de blessure supplémentaires. L’idée de remplacer un joueur blessé par un homme déjà sorti s’est imposée. 

 

Ne craignez vous pas que cette règle soit détournée par les entraîneurs ?  

On peut le craindre mais moi je n’ai qu’une vision médicale. à un moment donné, il faudra bien mettre les entraîneurs devant leurs responsabilités pour qu’ils ne fassent pas n’importe quoi. à la fin de la saison, vous, les observateurs, ferez les comptes sur le coaching et moi je les ferai sur les blessures. C’est ça qui importe. Au bout d’un moment, il faut se demander qu’est-ce qui est le plus important, ces histoires de coaching ou la santé des joueurs?  

 

Mais vous connaissez la nature humaine, ce sera difficile d’aller contre cette tendance...

Je suis conscient de ça. Alors, je demande aux entraîneurs de ne pas détourner cette  règle. Il faut qu’ils comprennent que moins il y aura de blessés dans leur effectif, meilleurs seront leurs résultats. Faire du coaching pur et dur, c’est une vision à court terme. Il faut qu’ils le comprennent absolument. 

 

Redoutez-vous les effets pervers de cette règle. Un joueur surpuissant qui revient en jeu après s’être reposépeut être dangereux pour les autres joueurs qui eux sont fatigués...

On verra bien. Mais je ne suis pas spécialement inquiet, car la régénération marchera dans les deux sens : pour celui qui attaque et pour celui qui défend. Et il y aura aussi des défenseurs qui seront revenus. Moins onest fatigué, moins on est sensible aux coups qu’on encaisse. ça s’appelle la proprioception. Le fait est qu’un corps fatigué est plus sujet aux blessures. En plus, ces mesures de remplacement sont associées à une série d’autres mesures soutenues par la LNR qui vont dans le même sens : la nature des plaquages par exemple. 

 

Quel sera le critère de la réussite ou de l’échec de cette mesure ? 

Le  seul marqueur qui compte c’est le  le nombre de joueurs qui seront disponibles à chaque journée. 

Au-delà de la question du retournement, ne pensez-vous pas que vous allez dénaturer le jeu ? Une équipe ne pourra plus user physiquement son adversaire et prendre le dessus... 

J’ai regardé récemment, par curiosité, un match international des années 80. Ce n’était pas le même rugby. Notre sport a toujours évolué et s’est toujours transformé. Je ne crois pas que nous perdrons l’essence du jeu. Nous verrons toujours des attaques et c’est ce que les gens ont envie de voir. Et puis, peut-être que le jeu doit quitter une logique de force et de puissance pour aller vers davantage devitesse et la prise d’intervalle. C’est ce que font les All Blacks, et nos règles ne vont pas contre ça, au contraire. J’ai entendu un entraîneur, Patrick Arlettaz se féliciter des nouveaux remplacements, il les voudraient même illimités pour attaquer au maximum avec des joueurs reposés... Et puis, voir un rugby subir de plus en plus de blessures, est-ce que ce ne serait pas ça, dénaturer vraiment le jeu ?  

 

Comprenez-vous que cette règle puisse inquiéter les arbitres et générer une certaine pagaille ? 

évidemment et c’est normal. Mais je pense que les arbitres vont prendre le pli. Il y a quand même un quatrième ou un cinquième homme pour les assister. J’ai tout à fait confiance dans leurboulot. Ceci dit, je n’ai pas trouvé qu’il y ait tant de pagaille que ça lors de la première journée. Et je suis surpris de toutes ces discussions car ce systèmeest celui que nous appliquons aux joueurs de première ligne depuis longtemps. Nous l’étendons aux autres joueurs, c’est tout. Vous remarquerez d’ailleurs queles blessures en mêlées sont désormais très rares. L’effet s’est avéré très positif. 

 

Quel est votre échéancier ? 

Nous ferons le bilan en fin de saison. Je rappelleà tous que ces mesures sont expérimentales. Elles ne concernent que la France. Mais nous espérons bien que World Rugby les trouvera également bénéfiques. Ce fut le cas pour la règle de carence puisque c’est en France qu’elle a été testéeavant queWorld Rugby ne l’étende à tous les autres pays. 

Propos recueillis par Jérôme PRéVôT 

 

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