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Plaquages : Comment régler le curseur ?

Par Nicolas Zanardi
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Publié le Mis à jour
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Entre les interprétations toujours plus sévères des arbitres dans le souci de la sécurité et le probable futur abaissement de la hauteur légale des plaquages, les défenseurs n’ont d’autre choix que d’adapter leurs attitudes. mais comment trouver l’équilibre entre agressivité et prise de risque ? C’est tout le débat...

L’avez-vous remarqué ? Depuis le début de la saison, le nombre de plaquages dits dangereux, au-dessus de la ligne des épaules, semble en nette régression. Effet collatéral de la terrible affaire Fajfrowski, d’une sensibilisation de plus en plus accrue quant à la sécurité des pratiquants, ou d’une anticipation de la règle qui ne manquera pas d’apparaître après la Coupe du monde 2019, à savoir l’abaissement de la hauteur des plaquages au niveau des tétons ? Probablement un peu des trois… Le fait est qu’à l’exception du plaquage du Grenoblois Alaska Taufa sur le Toulousain Romain Ntamack, les cas de plaquages équivoques n’ont pas été légion sur les six premières journées. « Dans le cas Taufa, ce qui a perturbé tout le monde, c’est la violence du plaquage entre un attaquant arrêté et un défenseur de plus de 100 kilos, lancé à pleine vitesse, estime l’entraîneur de la défense du FCG Cyril Villain. L’image a été tellement spectaculaire qu’elle a conduit l’arbitre à sortir un carton jaune, alors qu’après des semaines de débat personne n’était capable de dire en quoi le plaquage était irrégulier, même si cela se joue à quelques centimètres… » Un débat amplifié par l’intervention de la « victime » toulousaine, qui n’avait pas hésité à aller au soutien de son adversaire. « J’ai dit à Alaska Taufa que son plaquage était régulier, ce que je pense vraiment, nous avait confié Romain Ntamack. Il fait son maximum pour se lier, il impacte sous la ligne des épaules...  Il était spectaculaire, mais il était dans les règles, d’ailleurs je ne me suis pas fait mal. On connaît les consignes des arbitres et il faut s’y adapter, même si on ne sait pas bien comment. Est-ce qu’il faut défendre plus bas, avec moins d’intensité ? Je ne sais pas… Pour moi, le défi physique fait partie du jeu et c’est dommage de sortir un carton ou siffler une pénalité pour un beau plaquage comme ça. » 

Une question qui obsède, pour tout dire, tous les techniciens de la défense, soucieux de trouver le juste équilibre entre agressivité et discipline. « Bien sûr que l’on demande aux joueurs de maîtriser leurs gestes, puisque la violence et la vitesse de l’impact font partie des observables des arbitres en cas de plaquage dangereux, pointe Villain. Mais si la hauteur du plaquage est légale, plus le plaquage fait mal, meilleur il sera. On n’est pas là pour couper des têtes, mais on est aussi là pour mettre de l’impact en défense. » Précision qui fait sens, quand bien même elle demeure quelque peu taboue au vu des polémiques du moment… « Et pourtant, travailler la sécurité ne va pas forcément de pair avec la réduction de la force des chocs, appuie le Grenoblois. Même s’ils sont violents, les plaquages qui sont réalisés dans la règle ne sont pas ceux qui génèrent le plus de commotions. Au contraire, les statistiques montrent que les KO viennent surtout de plaquages subis, en raison d’une mauvaises positions, d’un mauvais placement de la tête. Travailler la sécurité en défense, c’est surtout sensibiliser les joueurs à adopter les bonnes postures. »

 

Viser la ligne du ballon

Et justement, à ce sujet, il semble que les postures se soient quelque peu abaissées, afin d’éviter les « dérapages » liés aux plaquages à la limite de la régularité. On a ainsi vu, en ce début de saison, les joueurs de Clermont ou du Racing travailler leurs attitudes en défense en passant sous un fil tendu entre les poteaux, à l’image de la « palombière » qu’avait tendue Eddie O’Sullivan lors de son passage au BO, afin d’éviter à ses joueurs de concéder des cartons évitables. « Depuis des années, les plaquages au ballon se sont généralisés, et les joueurs ont pris le réflexe d’empêcher leurs adversaires de passer les bras pour jouer après contact, rappelle Villain. C’est parfois difficile d’aller contre ces réflexes, surtout pour les joueurs venus de l’hémisphère Sud. Alors, il faut travailler pour faire évoluer ces attitudes… Tout simplement, alors qu’on essayait auparavant de plaquer juste au-dessus du ballon pour empêcher le porteur de passer les bras, on essaie de réajuster le curseur en ne dépassant pas le ballon. Parce qu’au-dessus, on peut vite déraper et risquer un choc avec la tête de l’attaquant, ce qui est passible de carton... Mais tout ce qui se passe avant le plaquage, à savoir le travail de placement, de cadrage de l’attaquant et le type de montée collective, ne va pas changer. Tout le monde va toujours chercher à se montrer le plus agressif possible, car une défense qui subit, c’est une défense morte. » 

 

Plaquages à deux, la meilleure solution ?

Voilà pourquoi, afin d’éviter des risques inutiles, on assiste cette saison à une généralisation des plaquages à deux, avec un premier défenseur (celui situé à l’intérieur de l’attaquant) qui attaque le porteur de balle aux jambes, tandis que le deuxième se trouve chargé de « terminer le plaquage » au niveau du ballon. « La clé pour cela, c’est que le deuxième plaqueur observe la bonne attitude en fonction de l’action de son partenaire, mais aussi de l’attaquant. Si celui-ci garde le ballon près de son corps, il s’agira de « terminer » le plaquage en le renvoyant chez lui, s’il tient le ballon d’un bras, essayer de le faire « riper ». Et si le premier plaqueur est déjà allé au ballon, l’idée sera alors de chercher à « coffrer » l’attaquant. » Le but étant d’empêcher toute tentative de jeu après contact avec un risque de plaquage dangereux mesuré, puisque le porteur de balle ralenti par le plaquage aux jambes constituera une cible moins mouvante, et donc moins risquée. Peut-être la meilleure solution, finalement, pour défendre en toute sécurité, pour les deux parties... 

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