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Passeport ou carte jeune

Par Emmanuel Massicard
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Publié le
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La critique est un art à consommer avec modération, distance et légèreté. Parce que le retour de bâton n’est jamais tendre, et la ruade n’a que rarement la douceur d’une caresse. Pan sur nos doigts, donc : Paul Willemse et Alivereti Raka ne figurent pas dans le groupe France appelé à préparer les tests de l’automne contrairement à ce que nous avions annoncé. Les choses étaient pourtant programmées. Validées. Jusqu’à mercredi dernier, ce jour où tout a basculé.

Tant pis pour nous, qui avons eu le tort d’avoir raison trop tôt. Réjouissons-nous sobrement de ce constat : dans un monde où même ceux qui ne savent rien ont toujours plus de trucs à dire que les autres, la voix de la presse et la parole des supporters peuvent encore être entendues. Et, dans le cas présent, suivies jusqu’à la raison. Alors entre la com’et l’information, choisissez votre camp. Ici, au Midol, notre religion est faite.

Willemse et Raka attendront donc leur tour et, surtout, d’avoir en mains un passeport français, c’est le précieux sésame exigé par Bernard Laporte pour voyager en première classe tricolore. L’affaire peut être bouclée très vite, comme elle peut se trouver enlisée dans les méandres administratifs pendant de longs mois. Peut-être même jusqu’à priver les Bleus, lors du Mondial, de cette nouvelle main-d’œuvre ultra-qualifiée que Jacques Brunel et son staff semblent juger indispensable.

Tellement indispensable que les responsables tricolores étaient prêts à sacrifier le principe de continuité auquel ils s’attachent depuis tant de semaines, persuadés que cela finira par payer à la longue. Prêts, enfin, à repousser l’avènement des Bleuets pour un double principe de précaution : d’abord, rien ne dit encore que ces gamins seront compétitifs au plus haut niveau en septembre prochain et, ensuite, il n’est pas question de griller trop vite ceux qui incarnent l’espoir tricolore en vue de 2023.

Laporte a failli céder à la tentation d’écouter son staff -prêtant ainsi le flanc à la critique- mais il a promptement rétabli le cap et sort paradoxalement renforcé de cet interlude. Le patron a affirmé son autorité, et renvoie à l’encadrement du XV de France la responsabilité des choix sportifs.

Le président de la FFR est enfin parvenu à clarifier une position devenue de plus en plus floue au fil du temps et des spéculations : désormais, l’avenir des joueurs étrangers est bel et bien suspendu à la délivrance de leur passeport (une demande ne suffira pas) comme celui des Bleuets reste attaché à cette carte jeune qui est devenue ultra-tendance au sein des clubs.

Mais si leur cote est valorisée au plus haut par l’effet des Jiff, il faudra donc attendre pour qu’ils soient exposés à l’international. Attendre et voir si Demba Bamba, sorte de pilier éclaireur que l’on présente comme étant le joueur le plus abouti des champions du monde U20, va confirmer chez les grands… Attendre et voir si ses potes, rassemblés chez les Barbarians, tiendront également leurs promesses…

Si par bonheur les Bleuets brillent en novembre, Laporte aura eu raison. Et nous avec, pardi ! Willemse et Raka, cocus de l’histoire, devront alors patienter plus longtemps que prévu avant de voir la vie en Bleu… Après avoir déminé l’affaire des « vrais passeports invisibles », la Fédération aura à construire en urgence un plan de communication pour enfin valoriser ses jeunes pépites, s’accrochant à leur image comme le foot est pendu aux basques de Kylian Mbappé. Allez, c’est maintenant ou jamais.

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