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Le poids du silence

Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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Soyez rassurés mesdames et messieurs, les Bleus vont se remettre au travail et tout ira mieux demain quand la roue de l’infortune aura enfin tourné. Vous ne rêvez pas : c’est en creux le discours qui nous a été servi samedi soir après le neuvième échec enregistré par l’équipe de France en l’espace de douze mois, pour deux maigres succès et un match nul famélique.

Aussi incongru soit-il ce message n’a hélas plus rien d’étonnant dans ce monde d’hyper communication qui nous entoure, où chaque image vaut bien plus que les mille mots prédits par Confucius. La réalité nous semble pourtant différente et bien plus douloureuse, par la force d’un bilan qui renvoie désormais la sélection française aux portes de la deuxième division mondiale ; digne de la Géorgie, de l’Italie ou des Fidji. Et l’on coulera dès lors que nous serons submergés par l’océan d’indifférence qui menace à force d’échecs.

Alors, ne comptez pas sur nous pour faire silence à propos de ce XV de France jamais très loin du compte (à part contre les Blacks, évidemment) mais toujours battu et plus que jamais en proie au doute. Silence sur le bilan de Brunel (deux victoires en neuf rencontres, un seul succès probant remporté face à l’Angleterre) qui fait ressurgir toute l’absurdité du licenciement de Novès et son staff, tenus pour seuls responsables des échecs tricolores. Silence, encore, sur cette pyramide du rugby français désormais fragilisée au niveau de sa base par la baisse des licenciés.

Aussi généreux soient-ils, les Bleus de Guirado sont en échec. Même face à une équipe d’Afrique du Sud qui n’avait rien d’invincible. Désormais, les hommes de Brunel sont suspendus à une victoire contre l’Argentine, samedi à Lille, s’ils ne veulent pas avoir à porter l’étiquette infâmante de « plus mauvaise équipe tricolore de toute l’histoire du rugby ». Les hommes ne sont évidemment pas seuls en cause, même si on n’a jamais assez de grands joueurs. Certains nous font clairement défaut mais c’est tout une approche qu’il convient de revoir, et au plus vite. Une remise en cause de notre conception éculée d’un sport que les autres nations parviennent à magnifier et que nous, français, jaugeons encore à l’aune du combat et de la seule puissance. L’échec est patent.

Au fond, c’est une partie de notre identité qui semble s’être envolée ces dernières années et qu’il convient de retrouver d’ici au Mondial 2023 si l’on ne veut pas gâcher la fête qui s’annonce. Le chantier est immense et il conviendra certainement d’en appeler plus vite que prévu aux gamins de Piqueronies et Darricarrère. Parce que nous n’avons plus rien à perdre. Et tant à gagner. En attendant, le rugby français va vivre une drôle de semaine avant d’affronter l’Argentine : rongé par l’échec sportif, chahuté par des finances qui passent au rouge et encore fragilisé par la baisse des licenciés… N’en jetez plus.

Finalement, il n’y a eu que l’hommage rendu à Pierre Camou pour nous esquisser un sourire ces jours-ci. Vendredi, à Marcoussis, Bernard Laporte a en effet dévoilé la plaque du stade qui portera désormais le nom de l’ancien président de la FFR. Un acte fort pour honorer la mémoire d’un homme qui a largement contribué à l’installation de la FFR dans les murs du CNR. Il n’en reste pas moins une vérité : Camou rêvait pour la FFR d’un Grand Stade à 80000 places, c’est une tribune d’un millier de sièges qui porte son nom. Vaste monde.

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