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Abrazo, Jacques

Par Emmanuel Massicard
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    Abrazo, Jacques
Publié le Mis à jour
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La vie est toujours devant. Cette formule n’est pas de moi. Elle accompagne traditionnellement la signature d’une des figures historiques du Midol, Henri Nayrou. Depuis samedi et le décès de Jacques Verdier, son successeur à la tête de la rédaction, la promesse ariégeoise résonne d’une folle mélancolie.

Jacques est parti, à pied. Comme souvent, sur ce piémont pyrénéen qu’il aimait tant. Il courrait pour rêver, entre deux instants d’écriture, après onze mois de retraite et 37 saisons de journalisme vécues au Midol. C’était sa vie. C’était son journal, qu’il avait restructuré à la fin des années 90 avec un double objectif : coller aux enjeux du professionnalisme et répondre à l’attente grandissante des lecteurs. Succès garantis. La voie est toujours tracée.

Jacques est parti mais il nous reste son exigence. Celle portée par la qualité d’une écriture qui a marqué son époque et fait entrer notre sport dans une nouvelle dimension, celui de la littérature. Sur ce terrain, Jacques avait encore tant à dire, pour défendre le rugby et nous rappeler à l’ordre quand une tournure de phrase ou une conjugaison impropre venait choquer sa lecture.

Et celle, enfin, d’un regard différent posé sur ce jeu qu’il avait pour passion et pour lequel il se refusait de ne pas voir toujours plus grand, toujours plus ambitieux. Jamais résigné et surtout déterminé à défendre ce sport dès lors qu’il était en danger, quand on remettait en cause son esprit de fête, sa culture, son intelligence et sa force créatrice.

Cette semaine encore, après la mort du jeune espoir du Stade français Nicolas Chauvin, Jacques avait livré une chronique poignante que nous avons décidé de partager avec vous, dans ce journal. Une ultime chronique qui dénonce sans concession la sourde menace du tout-physique et qui traduit en mots le « soulagement » d’un père quand l’un de ses fils décida de ne plus pratiquer son sport fétiche. C’est sa parole de père qui nous fait aujourd’hui chialer… C’est cette parole qui nous rappelle à nos devoirs, pour aider le rugby à sortir de l’impasse et combattre de toutes nos forces ce silence absurde qui entoure un sport devenu « de muerte ». Il faut chasser la peur et revenir, très vite, à la raison.

La vie est toujours devant, Henri a raison. Ses mots sont un rappel à l’ordre à l’adresse de ceux qui baisseraient la tête. Et un appel à l’aide pour ceux qui peinent aujourd’hui à la lever. Jacques le savait parfaitement, lui qui nous incitait à ne jamais courber l’échine, à toujours regarder plus haut sur l’échelle de nos exigences. 

Abrazo (*) Jacques, comme tu disais si souvent à l’instant de nous quitter. Abrazo et merci pour la main tendue il y a quinze ans. Elle ne m’a jamais lâchée.

Abrazo les amis, si nombreux à lui avoir témoigné leur sympathie.

Abrazo Caroline, Guillaume, Théo et François vers qui vont notre affection et nos mains tendues. Abrazo…

(*) Dans mes bras

 

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