Guillamon : "Le XV de France ? Je l'avais mis de côté..."

Qu’avez-vous ressenti en apprenant votre sélection ?

Antoine Guillamon : "Honnêtement, j’étais très content mais c’était vraiment inattendu pour moi. Je n’avais pas du tout de convictions là-dessus. C’est une superbe nouvelle et je veux profiter au maximum. On verra ce qui se passera par la suite."

Comment avez-vous appris la nouvelle ?

A.G : "C’est le directeur général du MHR, Davy Kanhye qui m’a envoyé : "félicitations" par texto. Je lui ai répondu par un point d’interrogation et il m’a ensuite appelé pour me dire que j’étais sur la liste du XV de France. Je lui alors dit que c’était une très bonne chose pour le club et l’équipe, car "Fufu" (Ouedraogo, NDLR) et "Loulou" (Picamoles, NLDR) y sont aussi."

Cette sélection vient tout de même récompenser votre excellent début de saison en club…

A.G : "Oui, mais ce que je veux dire, c’est que j’espère que c’est le début de quelque chose et non un aboutissement. J’espère pouvoir continuer à faire ce que je sais faire pour mon équipe, du mieux possible. Mais je ne m’attendais tellement pas à cette sélection, que ma joie est encore modérée. Je ne réalise pas ! Je ne sais même pas trop quoi dire."

A force de rêver tout éveillé, à la fin, tu t’écrases un peu comme une m….

Pourquoi êtes-vous à ce point surpris ?

A.G : "Pour un tas de raisons que je veux garder pour moi. A mes yeux, l’équipe de France n’était pas un objectif et je me concentrais uniquement sur mon club, grâce auquel j'ai cette chance aujourd’hui."

Aviez-vous fait une croix sur le XV de France à seulement 26 ans ?

A.G : "Je l’avais mis de côté, car à force de rêver tout éveillé, à la fin, tu t’écrases un peu comme une m… Je ne rêve donc plus trop et je me concentre seulement sur ce que je peux contrôler."

Vous aviez peur que cette saison et demie ratée à Toulouse (2012-2013) et vos relations à l’époque tendues avec Guy Novès soient rédhibitoires ?

A.G : "Non, je pense que cela appartient désormais au passé. Cela ne s’était pas bien passé pour moi à Toulouse, mais après, on ne peut pas s’entendre bien avec tout le monde non plus. J’étais jeune et cela m’a marqué en tant qu’homme. Mais la page a été tournée, il faut passer au-delà et se concentrer sur les choses concrètes, qui font que cette année, ça se passe bien pour moi. A Montpellier, avec la famille…"

J'ai été surpris d'être sélectionné

Pensez-vous que le sélectionneur vous tende aujourd’hui la main ?

A.G : "Sincèrement je n’en sais rien, car cela fait un moment que je n’ai plus été en contact avec lui. Je ne sais donc à quoi m’attendre, c’est le rugby et la vie en général. Mais je suis avant tout très honoré par cette sélection."

Vous donnez l’impression d’être épanoui cette saison. Qu’est-ce-qui fait la différence ?

A.G : "Le fait d’avoir tout la confiance du staff et de mes coéquipiers. Le travail que l’on fait aussi avec l’encadrement du MHR et beaucoup de choses qui font que je me sens bien à Montpellier. Je suis en confiance et c’est ça aussi qui joue sur mes performances. C’est un ensemble qui fait que je ne peux aller que bien."

En quoi le Antoine Guillamon, sélectionné par Philippe Saint-André pour la tournée en Argentine en juin 2012 (blessé il ne jouera pas) et l’homme que vous êtes devenu aujourd’hui, sont-ils différents ?

A.G : "J’ai mûri et surtout, je pense qu’à l’époque je n’étais pas prêt. J’avais qu’une saison en Top 14 à Lyon, qu’une douzaine de matchs et je ne savais pas vraiment ce que c’était le haut niveau. Et le fait d’être propulsé très vite dans la lumière je pense que ça m’a un peu brûlé les ailes. Avec l’expérience, j’ai appris qu’il fallait laisser le temps au temps et grandir progressivement. Et surtout, ne pas se voir trop beau. C’est pour cela que j’ai été tant surpris d’être sélectionné aujourd’hui, car je ne me vois toujours pas trop beau…"

Je vais venir à Marcoussis sur la pointe des pieds

Pensez-vous avoir désormais le niveau international ?

A.G : "Je ne sais pas. Mais en tout cas, sur les deux derniers matchs de Champions Cup, au Leinster et face à Exeter, ça a été très intense, nous avons beaucoup couru et je n’ai pas eu la sensation d’avoir été largué. En discutant avec les mecs d’expérience, comme, "Loulou", "Fufu" ou Yacouba Camara, ils m’ont expliqué ce que c’était. Ils m’ont dit que ça allait vite et on en a eu un bel aperçu le week-end dernier. Ça m’a rassuré quelque part. Après, il y a le niveau international et celui des All Blacks. Eux, ils sont un peu sur une autre planète !"

Justement que représente à vos yeux cette image : vous, avec le maillot bleu et les All Blacks en face de vous sur la pelouse du Stade de France ?

A.G : "C’est un challenge immense, un honneur, que tout rugbyman aimerait vivre et avoir. Quand j’y pense, c’est l’excitation qui prédomine dans mon esprit. Mais il reste beaucoup d’étapes avant et beaucoup de choses comme des blessures peuvent se passer avant. Il y a aussi deux matchs de Top 14, à Pau et contre Clermont, à disputer. Honnêtement, je me concentre actuellement à 100% sur Montpellier et je penserai peut-être par la suite à autre chose quand le moment sera venu."

Si vous devez vous projeter un peu, dans quel état d’esprit allez-vous arriver à Marcoussis ?

A.G : "Sur la pointe des pieds et avec l’envie de faire le moins de bruit possible. Seul le travail me permettra d’atteindre mes objectifs."

Propos recueillis par Julien LOUIS