Auckland piaffe d'impatience

Par Rugbyrama
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Publié le Mis à jour
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A la veille de la finale de Coupe du monde la plus attendue des vingt-quatre dernières années, la pression monte en Nouvelle-Zélande. Les supporters français et kiwis se chambrent gentiment dans les rues d'Auckland en attendant la bataille de l'Eden Park. Et l'inquiétude n'est pas de mise. Ambiance.

Sur le port d'Auckland, une banda joue du Charles Aznavour. "Emmenez-moi", reprennent en choeur les supporters tricolores amassés autour des musiciens, tandis que de nombreux kiwis filment ou photographient la scène avec leur téléphone portable. A l'étage d'un restaurant français, un serveur crie "Allez les Bleus" dans un micro sous le regard amusé des passants. A 24 heures de la finale de la Coupe du monde, Auckland est une véritable cocotte minute. La Nouvelle-Zélande toute entière bout et s'apprête à exploser.

"C'est parce qu'on va gagner!, s'exclame Kath, jeune grand-mère dynamique avec son maillot des All Blacks sur le dos. Les Français me rendent un peu nerveuse, ils nous ont déjà fait un ou deux sales coups en Coupe du monde... Ils sont tellement imprévisibles. J'ai l'habitude de dire qu'ils sont de "beautiful terrorists" (de beaux terroristes, ndlr). Mais je pense vraiment que nous allons l'emporter."

Les Bleus ne font pas peur

Karen et Kae également. Elles aussi ont – comme les trois-quarts des Néo-Zélandais probablement - acheté le maillot noir qu'elles arborent fièrement dans la ville la plus peuplée du pays. Ces deux quadragénaires se souviennent parfaitement de 1999 et 2007. Mais elles sont confiantes, à l'image de tous les supporters. "Nous gagnerons avec quinze ou vingt points d'écart, explique l'une d'entre elles. On adore les Français et nous sommes ravies qu'ils aient battu l'Angleterre mais ils ne méritaient pas de passer après leur mauvais match contre les Gallois."

Au mât des voiliers amarrés dans la baie comme aux vitres de voitures ou aux façades des maisons, les drapeaux à la fougère tapissent les rues d'Auckland. Une quiétude non feinte se mêle à l'excitation qui précède toujours les moments d'histoire. La tension, si présente la semaine dernière avant la demie, semble s'être envolée. "C'est parce que nous avions peur des Australiens, rétorque Karen. Là, on ne peut pas vraiment dire que ce soit le cas, même s'il ne faut jamais dire jamais avec les Français."

C'est bien ce que pense Guillaume lui aussi. Vête d'un maillot bleu et d'un béret, ce Toulousain qui vit à Bruxelles est passé au Crowne Plaza pour apercevoir quelques Tricolores. Selon lui, "dès qu'on dit le mot "unpredictable" (imprévisibles), les Kiwis sont un peu moins confiants d'un coup. Et puis, la presse néo-zélandaise, qui traite les Français de brutes et en fait des tonnes sur eux, nous sert beaucoup. Le contexte est idéal pour une révolte. Si les Bleus parviennent à tenir 50 minutes et à scorer d'entrée, ils ont une chance."

Une parade déjà prête

Bien sûr, le jeune homme, qui vient de se faire tatouer une fougère sur la cheville droite, supportera la France dimanche soir à l'Eden Park. Mais il reste "réaliste" selon ses propres mots. "Après la demi-finale, c'était difficile de se sentir fier d'être français... Si on gagne, je serai ravi, mais ce serait un peu du vol compte tenu de notre parcours. Et puis, je me dis que si les All Blacks perdent, Auckland sera morte dimanche soir. Et nous, nous serions rapatriés sanitaires !" La plaisanterie est à peine exagérée. En cas de défaite dans leur stade, devant leur public, pour leur Coupe du monde, les All Blacks créeraient une immense onde de choc en Nouvelle-Zélande.

"Je pleurerais toutes les larmes de mon corps", assure Kath, qui ne doute toutefois pas qu'elle assistera à la grande parade prévue à Auckland en cas de sacre. Kae précise : "Ce serait pire que les défaites de 1999 et 2007 parce que nous sommes chez nous cette fois. Tout le monde s'attend à ce que les All Blacks gagnent ce match." Les bouteilles de champagne sont sorties du frigo et les Néo-Zélandais se tiennent prêts. Mais les Bleus, qui ont évolué dans ce contexte très hostile toute la semaine, le sont aussi.

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