Carter, les frustrants adieux

Par Rugbyrama
  • Dan Carter
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Publié le Mis à jour
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Ce Mondial à domicile en Nouvelle-Zélande devait être le sien : c'était compter sans le sort... Forfait jusqu'à la fin du Mondial en raison d'une lésion aux adducteurs, l'ouvreur des All Blacks Dan Carter a présenté dans les salons du Spencer on Byron Hotel ses frustrants adieux à la compétition.

"S’il le faut, je prierai tous les jours pour que Dan Carter et Richie McCaw ne se blessent pas. " Il faut croire que la foi de Graham Henry s'est relâchée la semaine dernière. Le pire des cauchemars du Supremo des All Blacks s'est en réalisé avant la rencontre entre la Nouvelle-Zélande et le Canada. Richie McCaw, son capitaine, avait d'abord dû déclarer forfait en raison de la gêne occasionnée par la vis posée au mois de février afin de soigner la fracture de fatigue de son pied droit. Une première tuile, incomparable toutefois au drame qui devait se jouer la veille de la rencontre, lors du captain's run. Lorsqu'après un dernier coup de pied, Dan Carter resta cloué au sol, frappé d'une insupportable douleur à l'entrejambe. L'espoir dura ce que durent les roses, à peine vingt-quatre heures, délai suffisant pour un verdict sans appel : lésion du grand adducteur, et opération inévitable. Coupe du monde terminée pour le plus grand numéro 10 de l'histoire de ce jeu, symbole d'une équipe et espoir d'une nation. Ou quand le sort, parfait vicelard, s'amuse à manier l'ironie...

Il a fallu deux jours à Dan Carter pour digérer. Deux jours à pester, à râler contre l'injustice et la terre entière. Deux jours à sécher à distance les larmes de papa et maman qui, dans la détresse, avaient préféré rester terrés dans leur demeure de Southbridge. Deux jours, enfin, avant de venir confier ses sentiments à la meute des journalistes, farouche et impudique, charognarde de faiblesse et d'humanité toute crue. On vous fiche notre billet qu'en ce triste lundi 3 octobre, Dan Carter aurait adoré se trouver partout, mais ailleurs que dans le salon Tasman de ce sinistre Spencer on Byron Hotel où il devait, pour la dernière fois, faire face à ses obligations.

"La Coupe du monde ne s'arrête pas avec moi"

Jogging et tee-shirt noirs, Carter s'est ainsi avancé au-devant des micros. Avec un sourire de façade et l'envie d'en finir au plus vite. Comme sur un terrain, l'ex-ouvreur des Blacks est donc allé à l'essentiel. "J'ai reçu beaucoup de témoignages de la part de mes coéquipiers, de ma famille, qui m'ont énormément touché. Trop pour en citer un seul... Je me sentais bien, je n'avais reçu aucune alerte. C'était impossible à prévoir... Ce sont des choses qui arrivent. Pourquoi ? Je n'ai pas la réponse. C'était un coup de pied ordinaire, de routine, comme j'en avais déjà tapé une vingtaine pendant la séance sans aucune gêne. "

Désarmant Carter. Capable de rester là, derrière un pupitre, sans manifester la moindre colère. Relancé quant à sa déception de laisser son équipe en cours de route, le Néo-Zélandais n'a pas lâché, désireux de paraître jusqu'au bout fort et imperméable. "Je suis évidemment déçu de la manière dont les choses ont tourné, mais je veux rester positif. Je ne suis plus joueur, je suis désormais le supporter numéro un des All Blacks. Bien sûr que je suis frustré. Mais penser en termes de regrets serait trop dur... C'est pour cela que je veux rester positif, regarder vers l'avant. La Coupe du monde ne s'arrête pas avec moi, et il faut la gagner."

Et pas question pour cela, comme avec Perpignan, de vivre auprès de l'équipe jusqu'à la fin de la compétition... "Je suis un joueur comme un autre, mon accréditation a pris fin dès que ma blessure a été officialisée par le médecin de la RWC. Je vais rentrer voir mes parents et me ressourcer auprès de mes proches. je ne me fais de pas de soucis : il y a assez de bons joueurs dans l'équipe pour remporter la Coupe du monde. je pense à Colin Slade : ma blessure lui offre l'opportunité, à lui de la saisir et de prendre du plaisir. Je souhaite le meilleur aux joueurs, et leur souhaite de tout faire pour remporter le trophée. C'est très frustrant, mais je dois faire avec." Un quart d'heure après son apparition, l'archange Carter s'en est donc allé, laissant derrière lui micros, caméras et stylos désemparés. Et tout un pays itou...

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