Jauzion: "L’essai dont on me parle le plus…"
Auteur de l’essai qui allait permettre aux Bleus de terrasser l’ogre All Black en quart de finale de la Coupe du Monde 2007 (20-18), l’ancien trois quart-centre Yannick Jauzion (37 ans) se souvient pour Rugbyrama.
On était dans une configuration un peu différente d’aujourd’hui. En gros on s’est dit que l’on avait tout à gagner. On avait adopté une stratégie vraiment particulière (beaucoup de jeu au pied avec Traille en 15 et Beauxis en 10, ndlr) et on l’avait appliquée à la lettre. Après, peut-être que si on joue dix fois ce match on le perd huit fois (il sourit)… Avant ce match je me souviens d’un groupe où tout le monde était libéré, je ne sais pas de quoi d’ailleurs, mais il n’y avait aucune pression négative.
On était prêt à jouer, prêt à relever le défi tout en ayant conscience que l’on allait avoir en face de nous ce qui se faisait de mieux à l’époque. C’était quand même la grosse équipe des Blacks, plus impressionnante que celle d’aujourd’hui je trouve. Je n’ai pas le souvenir d’avoir senti de la peur chez mes coéquipiers. On se disait que c’étaient les meilleurs et que c’était presque une chance de pouvoir les défier. On savait qu’il faudrait tout donner, ne pas être inhibé. Et personne ne l’a été.
Oui, on a beaucoup parlé de cet en-avant
Sur le match en lui-même je ne me souviens pas qu’il y ait eu tant d’écart au début (13-0 à la 30e). Je me souviens de la pénalité juste avant la pause (de Beauxis, ndlr). On avait réussi à marquer sur les quelques temps forts que l’on avait eu : le renvoi aux 22 rapidement joué et conclu par "Titi" (Dusautoir, ndlr) et cette fameuse mêlée à la suite de laquelle "Fred" (Michalak, ndlr) me décale. L’essai que sauve Vincent Clerc en première mi-temps est aussi important car on ne serait sans doute pas revenu avec autant d’écart.
Mon essai? Oui, on a beaucoup parlé de cet en avant (entre Traille et Michalak avant que ce dernier ne serve Jauzion, ndlr). C’est sans doute l’essai dont on me parle le plus d’ailleurs. Il a fait couler beaucoup d’encre (dont un livre de l’entraîneur néo-zélandais de l’époque Graham Henry ("Le dernier mot") qui met clairement en cause l’arbitrage, ndlr). Et puis quelques années plus tard il y a sans doute des pénalités qui auraient dû être sifflées en faveur de la France, je pense bien sûr à la finale de 2011 face à ces mêmes Blacks, donc…
Un de mes meilleurs souvenirs
Personnellement, cela restera mon match référence. En termes d’ambiance dans le stade, d’avant-match et de la façon dont cela s’est passé pour le groupe et moi-même c’est clairement un de mes meilleurs souvenirs. Et puis il y a ce fameux Haka. C’était juste exceptionnel de pouvoir faire ça. Rien que d’y penser d’ailleurs. Ces maillots bleus, blancs et rouge, c’était super car on sentait qu’on les oppressait dés le début.
On voyait sur leurs visages qu’ils étaient surpris. Et puis nous cela nous a mis dans le match direct (il rigole). Franchement on a toujours eu en tête de respecter leur tradition. Les institutions ont peut-être eu peur à un moment qu’on leur saute dessus (il sourit) mais on les respecté. On les a juste défié. Et puis le Haka est fait pour cela: ce sont deux tribus qui s’affrontent, là c’était deux équipes. Je crois que le monde du rugby a apprécié…
Propos recueillis par Julien Carrere
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