Harinordoquy: "Tout le monde attend Novès comme le Messie, mais ça va être compliqué…"

  • Imanol Harinordoquy, c'est 82 sélections avec le XV de France
    Imanol Harinordoquy, c'est 82 sélections avec le XV de France
  • Imanol HARINORDOQUY - 04.10.2011
    Imanol HARINORDOQUY - 04.10.2011
  • Guy Novès est un peu amer depuis son départ de Toulouse
    Guy Novès est un peu amer depuis son départ de Toulouse
Publié le Mis à jour
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XV DE FRANCE - L’ancien troisième ligne international Imanol Harinordoquy dresse un constat lucide de l’état du rugby français. Et ne cache pas que dans le contexte actuel, la tâche de Guy Novès, successeur de PSA s’annonce ardue…

La déroute du XV de France durant cette dernière Coupe du monde ne doit-elle pas être l’occasion d’une profonde révolution du rugby français ?

Imanol Harinordoquy: C’est une question qui revient souvent depuis que je suis dans le rugby professionnel. Ce débat existe depuis toujours j’ai l’impression, même s'il est au cœur de l’actualité avec les résultats de l’équipe de France sur les quatre dernières années. Tout le monde tire sur tout le monde : sur les joueurs, le staff, la politique. Tout le monde se lâche d’un coup. Personne ne disait rien lors des trois derniers mois alors que les problèmes étaient pourtant les mêmes et je trouve ça regrettable. Ce qui est certain c’est que si un jour on veut gagner la Coupe du monde, il va falloir se poser les bonnes questions.

Les intérêts du Top 14 divergent de ceux du XV de France…

La priorité absolue doit-elle être de mettre le XV de France au cœur de notre rugby selon vous ?

I.H.: C’est compliqué car les clubs ont leurs intérêts, notamment économiques. Aujourd’hui ils divergent de ceux du XV de France. Il faudrait sans doute tout revoir : les nombre de matches, le système, le fonctionnement etc… Ce n’est pas en une semaine que l’on va tomber d’accord. Je pense qu’il va falloir énormément de temps et même quatre ans cela ne suffira sans doute pas.

Imanol HARINORDOQUY - 04.10.2011
Imanol HARINORDOQUY - 04.10.2011

Selon vous il est donc impossible d’avoir un championnat de qualité et une équipe de France compétitive ?

I.H. : Avec la politique d’aujourd’hui c’est très compliqué. Il faut que les clubs aient des équipes de qualité, des effectifs attractifs, des stars qui viennent de partout. Cela remplit les stades et fait la promotion du Top 14. Mais ce "spectacle" se fait aussi au détriment de la formation, de l’éclosion de jeunes joueurs qui jouent peu.

Les cadences infernales reviennent également souvent sur le tapis pour expliquer les mauvais résultats du XV de France…

I.H : Honnêtement, il y a d’autres problèmes à régler. Certaines choses ont déjà été mises en place et il ne me semble pas que les internationaux aient disputé 50 matches la saison dernière comme je peux le lire. Ici au Stade toulousain, les internationaux sont quand même un peu "protégés". Moi, je ne considère pas que le problème soit physique. C’est surtout un décalage de technique et cela commence très jeune, dès la formation. Les Blacks ne courent pas plus vite, ne sont pas plus puissants : c’est d’abord dans les attitudes et techniquement qu’ils font la différence.

Yoann Maestri représente l’avenir du rugby français…

Et pensez-vous du coup que changer de sélectionneur peut modifier la donne ?

I.H. : Tout le monde attend Guy Novès comme le messie mais un grand sélectionneur c’est avant tout quelqu’un qui a une équipe compétitive. Je pense que ça va être compliqué. Après, il peut aussi s’appuyer sur des choses comme faire confiance à un groupe, ce que l’on n’a pas fait depuis quatre ans.

Guy Novès est un peu amer depuis son départ de Toulouse
Guy Novès est un peu amer depuis son départ de Toulouse

La presse évoque le nom de Yoann Maestri comme possible futur capitaine du XV de France. Serait-ce un bon choix selon-vous ?

I.H. : Je ne suis pas sélectionneur (sourire). Ce qui est certain c’est qu’il faut former un groupe et lui faire confiance. Yoann représente l’avenir du rugby français. Il faut leur donner les moyens d’être performants et de jouer les premiers rôles. Lors des quatre dernières saisons on se bat pour finir devant l’Italie, l’Ecosse et ça fait mal de ne plus parler de gagner le Tournoi ou de faire le Grand Chelem. On attend quand même ça de l’équipe de France.

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