L'Afrique du Sud espère un bel automne après un été pourri

L'Afrique du Sud, de loin l'épouvantail du groupe B, se lance dans le Mondial 2015 sans grandes certitudes après un été pourri marqué par des accusations de racisme et une défaite humiliante contre l'Argentine à Durban, point d'orgue d'un Four-Nations raté. Les Springboks ont perdu leurs trois matches de cette édition 2015 raccourcie en raison du Mondial (18 septembre-31 octobre). Eux qui pouvaient se targuer d'un effectif et de résultats stables et qui bénéficiaient d'un calendrier favorable avec deux réceptions...

Contre l'Argentine (25-37), et même s'ils se sont un peu rattrapés plus tard en s'imposant à Buenos Aires (26-12), les Sud-Africains ont montré bien peu de choses en défense, ou dans l'engagement. L'implication physique a par exemple été complètement à l'avantage des Pumas à Durban. Une honte pour une nation qui révère un rugby rugueux.

Alors, le groupe B (Samoa, Ecosse, Japon, Etats-Unis) ne devrait pas échapper aux grands méchants "Boks", mais, en cette année de commémoration des vingt ans du premier titre mondial de 1995, la nation arc-en-ciel attend mieux qu'une qualification en quarts de finale. Nous allons en Angleterre en portant les espoirs d'une nation et nous aimerions rendre notre pays fier, mais nous ne nous faisons aucune illusion sur la difficulté de la tâche, a commenté le sélectionneur Heyneke Meyer, lui-même au centre de la tourmente.

Les Boks avec 9 champions du monde de 2007

Car les accusations de racisme ont fleuri ces dernières semaines et dans ce sillage, une procédure judiciaire a même été intentée par un micro-parti politique contre la Fédération sud-africaine de rugby. La sélection de neuf joueurs noirs et métis, un record, dans la liste des 31, n'a pas apaisé les tensions. La Cosatu, grand syndicat sud-africain, affirme de son côté que des joueurs noirs se sont plaints de discrimination.

Dans ce contexte sportif épineux et dans cette ambiance politique étouffante, les Springboks vont probablement se recentrer sur leurs forces traditionnelles, comme ils ont pu le montrer lors de leur victoire à Buenos Aires. Finies les belles envolées de l'été, place à la tactique, le combat frontal, l'attente du turn-over, l'occupation. Bref, le conservatisme façon Boks.

Pour ce faire, Meyer a ainsi appelé neuf champions du monde 2007: outre Victor Matfield et Schalk Burger (quatrième participation pour les deux), Fourie Du Preez, les frères Du Plessis, Bryan Habana, JP Pietersen, Ruan Pienaar et Jean de Villiers seront du voyage en Angleterre. Nous avons de nombreux joueurs qui savent ce qu'il faut pour remporter une Coupe du monde et leurs connaissances seront inestimables, a justifié l'entraîneur.

Le poste de 9 en question

Même si des inquiétudes ont flotté au-dessus du capitaine et centre Jean De Villiers (fracture de la mâchoire) et du demi de mêlée Fourie Du Preez, Meyer a assuré que tout le monde serait prêt le 18 septembre. C'est d'ailleurs ce dernier poste, crucial dans un jeu resserré et tactique, qui soulève le plus d'interrogations. Du Preez n'a plus joué depuis février, Pienaar n'a pas convaincu pendant le Four-Nations, son remplaçant Cobus Reinach a été écarté, et enfin, Rudy Paige, quatrième choix avant l'été, n'a pas encore joué sous le maillot vert...

Reste que, jeu fermé ou pas, les Springboks de 2015 disposent d'une des lignes de trois-quarts les plus talentueuses de leur histoire avec les De Allende, Le Roux, Kriel, Kirchner, Pietersen, Habana et Pollard. Si les avants sud-africains font leur boulot, il pourrait quand même y avoir du spectacle.