Saint-André: "Un conseil à donner à Guy Novès ? Bonne chance…"

  • Philippe Saint-André, l'ancien sélectionneur du XV de France
    Philippe Saint-André, l'ancien sélectionneur du XV de France
  • Philippe Saint-André lors du départ des Bleus d'Angleterre - 18 octobre 2015
    Philippe Saint-André lors du départ des Bleus d'Angleterre - 18 octobre 2015
  • Philippe Saint-André et Yannick Bru (XV de France) - Octobre 2015
    Philippe Saint-André et Yannick Bru (XV de France) - Octobre 2015
  • Philippe Saint-André (XV de France) pendant l'entraînement du capitaine à la veille de la rencontre face au Canada
    Philippe Saint-André (XV de France) pendant l'entraînement du capitaine à la veille de la rencontre face au Canada
Publié le Mis à jour
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COUPE DU MONDE - Samedi soir, après l’humiliante défaite du XV de France en quart de finale de la Coupe du monde, Philippe Saint-André s’est longuement attardé avec les journalistes. Entre frustration et abattement, le sélectionneur est revenu sur son mandat. Un mandat hanté pendant quatre ans par le déclin du rugby français.

Le 22 octobre 2011, la veille de la finale de la Coupe du monde entre la France et la Nouvelle-Zélande, Philippe Saint-André prenait du bon temps sur les quais d’Auckland. Le futur sélectionneur du XV de France regardait de loin les remous internes entre Marc Lièvremont et ses joueurs. Aux yeux de nombreux observateurs, Saint-André se présentait comme le remède aux maux du XV de France. Lui-même en était peut-être le premier convaincu.

Quatre ans plus tard, dans les couloirs du Millennium de Cardiff, Philippe Saint-André est un sélectionneur abattu, découragé, terrassé par la désillusion d’une humiliation en quart de finale (62-13). Sincèrement, je pensais que ça allait être dur, a confié le manager des Bleus samedi soir. Mais aussi dur, non (sourire). Qu’est ce que vous voulez que je vous dise? Depuis le 5 juillet, j’ai tout donné. Ça n’a pas suffi. Quand tu prends soixante points en quart de finale, qu’est-ce que tu peux dire? En tant qu’entraîneur, j’espérais faire beaucoup mieux. J’en suis le premier navré. Le rugby français doit se réorganiser différemment. Mais ce n’est pas mon job de dire comment…

Philippe Saint-André lors du départ des Bleus d'Angleterre - 18 octobre 2015
Philippe Saint-André lors du départ des Bleus d'Angleterre - 18 octobre 2015
Sincèrement, je pensais que ça allait être dur. Mais aussi dur, non (sourire)

Les statistiques sont impitoyables avec le Goret. Seulement 44% de victoires (1,8 essai/match) et pas un seul succès dans le Tournoi des Six Nations. Le néant. Mais en relisant avec attention les déclarations de Philippe Saint-André tout au long de son mandat, ce désastre du 17 octobre 2015 face aux All Blacks n’a jamais cessé de menacer. Extraits! On va quand même pas aller dans les clubs pour dire qu’un joueur ne sait pas faire une passe ! (mars 2014) Il faut accepter que nous ne faisons rêver personne. Nous sommes à la traîne (février 2013). Et que penser de cet aveu de Yannick Bru en novembre 2013? D’où l’on vient (défaite face aux All Blacks, 26-19), la fierté est la consolation des pauvres. Je ne vous cache pas qu’on en a marre de perdre. A l’exception de succès d’envergure sur l’Australie (33-6 en 2012, 29-26 en 2014), l’Angleterre (26-24 en 2014, 25-20, cet été en préparation) et l’Argentine (39-22 en 2012), le XV de France s’est irrémédiablement ridiculisé sur la scène internationale.

Il faut accepter que nous ne faisons rêver personne. Nous sommes à la traîne (PSA en février 2013)

Mais sur quels points Philippe Saint-André s’est-il plus précisément trompé? Le choix des hommes? Comme il aime le rappeler, c’est lui qui a lancé Wesley Fofana, Yoann Maestri, Bernard Le Roux, Brice Dulin, des hommes qui incarnent sans nul doute l’avenir du XV de France. Mais à l’image de ses 82 joueurs et 17 charnières écumées, Saint-André a trop souvent tâtonné. Et ne s’est-il pas trompé sur le jeu pratiqué au plus haut niveau? N’est-t-il pas allé à contre-courant du jeu total observé sur ses phases finales de la Coupe du monde en s’enfermant dans le registre minimaliste et lénifiant du "combat"?

Philippe Saint-André et Yannick Bru (XV de France) - Octobre 2015
Philippe Saint-André et Yannick Bru (XV de France) - Octobre 2015

Mais je suis pour un jeu total, se défend-t-il. Contre l’Angleterre cette année, on est dans un jeu total, on en prend 50 (55-35, ndlr). Et là, face aux All Blacks, on est allé dans un jeu total, on en a pris 60. Actuellement, on est sur un rugby où la mêlée est importante, où les ballons portés sont importants. On est bons en mêlée sauf que la première mêlée a eu lieu à la 33e minute (sourire). Au niveau international, le déplacement, la technique individuelle, les rucks sont plus importants. Surclassé par la vista des All Blacks, les Bleus doivent aujourd’hui se résoudre à se raccrocher à leur mental de combattant. Et encore! Samedi soir, on nous annonçait la colère, la révolte du XV de France! Vous avez vu une révolte?, a glissé le sélectionneur avec fatalité.

Vous avez vu une révolte?

S’il est facile de pointer le Top 14, sa cadence, son jeu restrictif, comme le grand démon de la faillite tricolore, Philippe Saint-André, convaincu il y a tout juste trois mois des ressources de son équipe (On sera pénible à jouer…), a-t-il vraiment cru que le titre de Champion du monde était accessible? Est-ce qu’on aurait été capables d’enchaîner quart, demie, finale? Je n’en suis pas sûr. On a eu du mal à travailler sur la vitesse totale de nos joueurs. Ils n’ont plus l’habitude de faire de la vitesse pure. On breake les All Blacks peut-être dix fois mais on a qu’un mec qui arrive à hauteur. Eux, ils ont cinq joueurs en soutien… Il doit y avoir une réflexion sur où on veut aller et comment on veut y aller.

Philippe Saint-André (XV de France) pendant l'entraînement du capitaine à la veille de la rencontre face au Canada
Philippe Saint-André (XV de France) pendant l'entraînement du capitaine à la veille de la rencontre face au Canada

Guy Novès se présente désormais au chevet d’une équipe de France en perdition. Sa tâche pour décrocher la Coupe Webb-Ellis le 20 octobre 2019 au Japon s’apparente déjà à un long chemin de croix. Philippe Saint-André suggérera-t-il des pistes de réflexions à son successeur? Se tiendra-t-il à sa disposition pour le conseiller? Un conseil à donner à Guy Novès? Bonne chance… Il en aura bien besoin.

De notre envoyé spécial à Cardiff, Vincent PERE-LAHAILLE

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