Les souvenirs "en mêlées" de Joe Marler

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  • Joe Marler avec les Lions britanniques et irlandais - 22 mai 2017
    Joe Marler avec les Lions britanniques et irlandais - 22 mai 2017
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COUPE DU MONDE 2019 – Pour préparer son quart de finale contre l’Australie à Oita (samedi 9h15, heure française), l’Angleterre a posé ses valises dans la ville voisine de Beppu. Un cadre thermal qui n’empêche pas le souvenir de la douche froide reçue en 2015 par ces mêmes Australiens. Un contexte douloureux que l’on a tenté de se remémorer avec un certain Joe Marler…

"Konnichiwa, ogenki desu ka" (Salut, comment ça va ?). Visière vissée sur le front, la crête blonde juste apparente, le fantasque pilier anglais n’a pas raté son entrée dans le salon du Suginoi Hotel ce mardi matin. "Rien de difficile aujourd’hui les gars, s’il vous plait ?". Il ne pensait pas si bien dire à son auditoire.

Australie en quart oblige, très rapidement le sujet de la mêlée est venu dans la discussion. Souvent l’objet de railleries dans le monde du rugby anglais car bousculée par le passé, la première ligne australienne est pourtant bien l’un des points forts mis en avant par le pilier des Harlequins. "Avec cette nouvelle génération, l’Australie s’est vraiment réveillée dans ce secteur. Ils l’ont montré en 2015 avec Mario Ledesma qui a eu un gros impact sur les joueurs, analyse-t-il. Vous avez Scott Sio qui approche désormais des 70 sélections, un super pilier gauche. Tolu Latu est un vrai leader et le jeune Allan Alaalatoa a vraiment très bien joué depuis le début du Mondial. Toutes ces histoires ne tiennent plus debout".

2015, le trou de mémoire

Joe Marler parle en connaissance de cause car la mêlée anglaise avait été mise au supplice lors du revers éliminatoire face aux Wallabies (13-33) à Twickenham en 2015. Comment ne pas se rappeler aussi de cette polémique sur la stratégie anglaise en mêlée née des critiques de Bob Dwyer, l’ancien entraîneur des Wallabies lors du titre de 91 ? Connu pour son franc-parler, cette fois-ci, le pilier gauche de sa Majesté a feint l’amnésie. "Je ne m’en souviens pas… ".

Sourire en coin, le regard qui brille, il était pourtant le principal visé à l’époque pour un angle de poussée à la limite de la règle mais pourvoyeur de nombreuses pénalités pour le XV de la rose. Même réaction sur l’épisode suivant où face aux attaques sur son coéquipier, Dan Cole, il avait répondu par un tweet cinglant "Bob Dwyer est un connard". "Qu’est-ce qu’il y a eu en 2016 ? Aucun souvenir non plus". Oui, il y a bien un contentieux entre ces deux nations et le spectre du dernier mondial raté plane au-dessus des têtes anglaises mais le mutisme est de rigueur.

Joe Marler avec les Lions britanniques et irlandais - 22 mai 2017
Joe Marler avec les Lions britanniques et irlandais - 22 mai 2017
Je voulais faire partie d’un groupe qui remporte une Coupe du monde

À la surprise générale, le joueur londonien avait pris sa retraite internationale en septembre dernier à seulement 28 ans. Mais à l’approche de ce rendez-vous, onze mois après sa décision, il a provoqué son retour pour une raison claire au lien évident avec cet écueil. "Je voulais faire partie d’un groupe qui remporte une Coupe du monde. Quand j’ai vu le potentiel de cette équipe, je me suis dit que je voulais goûter à ça, c’est ce qui va me faire avancer sur les prochaines semaines".

L’objectif ne peut pas être plus précis. Avec trois matchs faciles, trois bonus offensifs et une flegmatique discrétion, les joueurs d’Eddie Jones sont évidemment en train de préparer un coup face aux derniers finalistes même s’il s’agit surtout de ne pas se tromper. "Je sens beaucoup d’excitation. Nous devons juste trouver le bon équilibre avec la nervosité pour ne pas jouer le match dès mercredi, lâche-t-il en rigolant. C’est là où l’on voulait être, un quart de finale, face à l’Australie, l’un de nos grands rivaux sur ces quatre dernières années, du moins de ce que je m’en souviens…". Toujours ces trous de mémoires.

Bring it on

Si cet historique commun fait partie "du passé maintenant" et que la jeune garde anglaise apporte de la fraîcheur, seulement trois joueurs ont déjà gouté à un premier tour de phases finales en Coupe du monde (Cole, Youngs et Lawes qui était hors-groupe). Là-encore après quelques fous rires, une private joke à un confrère anglais et un sermon sur l’égalité des sexes quand un autre a posé une question en même temps qu’une journaliste australienne, Joe Marler a relativisé toute pression dû à un manque d’expérience. "Jonny Wilkinson avait l’habitude de dire que la chose qui le faisait le plus avancer était la peur de l’échec et cela lui a brillamment réussi. Chaque personne l’aborde différemment. Par exemple, Jamie George est monsieur positif. Il ne prête pas attention à la peur ou la pression, il apprécie juste le moment. En tant que groupe, nous nous concentrons davantage sur le challenge qui se présente à nous. Je crois que les garçons ont transformé cette nervosité en énergie positive, c’est ça notre mentalité : relever le défi".

"Bring it on" pour la version originale, un slogan que se répète "beaucoup" les joueurs du XV de la rose avant ce qui apparaît comme leur premier gros test dans ce Mondial nippon. Après trois titularisations mais une blessure contre l’Argentine, Joe Marler est apte à jouer ce quart de finale qu’il appréhende tout en contrôle. "Je suis complètement prêt et je me donne à 100% dans les différents rôles que j’ai à jouer au sein de l’équipe, c’est tout ce que je peux faire. Je n’ai pas d’énergie à perdre dans des choses que je ne maîtrise pas". On comprend tout de suite mieux ces souvenirs emmêlés.

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