Un jour, un joueur : Ollivon, entre blessures et rage de jouer (5/37)

Par Rugbyrama
  • Coupe du monde 2019 - Portrait de Charles Ollivon
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  • Test Match - Charles Ollivon fête sa première titularisation avec la France contre les Fidji
    Test Match - Charles Ollivon fête sa première titularisation avec la France contre les Fidji
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COUPE DU MONDE 2019 - Un jour, un joueur : à quelques semaines de la Coupe du monde, Rugbyrama vous fait découvrir les 37 joueurs de l'équipe de France. À 25 ans, le troisième ligne de Toulon semble avoir retrouvé un très bon niveau international au point de bousculer la hiérarchie entre les 31 et les réservistes. Pourtant tout n'a pas été facile pour le joueur que tout le monde voyait sombrer.

8 novembre 2014 : première sélection avec les Bleus face au Fidji

Encore joueur de l'Aviron Bayonnais que le joueur tape déjà dans l’œil du sélectionneur des Bleus, Philippe Saint-André. Ses qualités ne passe pas inaperçues. "Pour moi les vrais débuts de Charles sont à situer en décembre de la même année (2014) face à Toulouse (victoire 21-13 à Jean-Dauger). Il avait déjà disputé des rencontres avec le groupe pro, mais c’est face au Stade toulousain que les gens ont compris qu’ils avaient sous les yeux un jeune pétri de talent", se souvenait Christian Lanta ancien manager de Perpignan, qui l’avait lancé à 19 ans lorsqu'il s'occupait du groupe Bayonnais. "Que ce soit en Espoirs ou à l’entraînement avec la Une, Charles s’est rapidement affirmé. Il a un sens du jeu très intéressant et se situe très bien sur un terrain. De plus, c’est un troisième ligne capable de jouer debout et de passer les bras. Enfin, en tant que numéro huit c’est un garçon qui a une faculté à démarrer rapidement autour des mêlées tout en bonifiant le ballon. "

En novembre de la même année il se retrouve au Stade de France face aux Fidjiens. Une victoire 40 à 15 qui lance sa carrière internationale. Il enchaînera ensuite face à l'Argentine (défaite 18-13). Guy Novès fera par la suite, lui aussi appel au joueur en 2016. Le troisième ligne jouera les trois rencontres qui opposait le XV de France au Samoa (premier essai, victoire 52-8), l'Australie (défaite 23-25) et la Nouvelle-Zélande (défaite 19-24).

Test Match - Charles Ollivon fête sa première titularisation avec la France contre les Fidji
Test Match - Charles Ollivon fête sa première titularisation avec la France contre les Fidji

1er juin 2015 : il officialise son transfert de Bayonne à Toulon

"Toulon est le plus gros challenge de ma carrière." Charles Ollivon est conscient de ce qui l'attend sur la Rade. Il comprend qu'il va changer de dimension après avoir évolué sous les couleurs Bayonnaises. Club pour lequel il laissa des remerciements sur twitter. "Chers supporters de l’Aviron, après des années à venir supporter mon équipe à Jean Dauger, et après 7 années à défendre ce maillot Ciel et Blanc, je vais partir pour un nouveau challenge au RC Toulon. Je suis sincèrement désolé de cette fin que ne mérite pas ce club exceptionnel. Un grand merci à vous tous du fond du cœur pour toutes ces années inoubliables passées ensemble… Charles".

Cette année-là, il n'a pas pu empêcher son club formateur d'être relégué en Pro D2. Pour autant, sa tête était tourné vers un horizon plus haletant, savourant la chance qui lui était accordé d’évoluer au RCT. "C'est comme si le Barça m'avait appelé en football. Il va y avoir de la concurrence, je me met en danger en venant ici avec la qualité du groupe. Mais ça ne me fait pas peur. Ça va me servir à voir où j'en suis. Je suis vraiment très motivé pour m'imposer dans ce club." avouait-il au micro de Sud Radio. Malgré les blessures, Charles n'a jamais déçu lorsque ses crampons foulaient la pelouse du Stade Mayol.

Certains voyaient même en lui le nouveau Imanol Harinordoquy. Sauteur en touche, grand (1m99), très joueur. "Avec la Coupe du monde, il y aura peut-être moins de troisièmes lignes que d'habitude pour débuter le championnat (au RCT). À moi de me faire une place dans cette équipe. J'ai été déçu de ne pas être pris en équipe de France, mais je suis passé à autre chose assez facilement en me projetant sur mon avenir avec Toulon." Il ne croyait pas si bien dire...

4 novembre 2016 : prolongation de contrat avec le RCT

"Je savais très bien qu’en arrivant à Toulon à 22 ans, avec une concurrence énorme avec les meilleurs troisièmes lignes au monde… je savais que ça allait être très très dur pour moi. C’était un énorme challenge. J’ai persévéré et aujourd’hui je récolte les fruits, et bien sûr que j’ai envie de continuer dans ce sens-là pour avancer à tous les niveaux. Le fait d’être titulaire en club aujourd’hui, qui plus est dans un club comme le RCT, ça donne forcément plus de légitimité chez les Bleus" confiait Charles Ollivon à Midi Olympique.

À l'heure actuelle le club toulonnais et le joueur sont lié jusqu'en 2021. "J’ai prolongé la semaine dernière pour 4 ans avec Toulon. J’ai envie de continuer sur cette lancée. Comme je suis bien installé maintenant, que j’ai réussi à me faire une place, après quelques mois compliqués, j’ai envie de m’inscrire dans la durée." À peine intégré au groupe qu'il voyait déjà plus loin. Son talent brut le lui permet, nul doute que sans ses blessures il peut largement faire partie des joueurs les plus influant de son groupe, en club et en équipe nationale.

6 septembre 2018 : blessure à l'épaule, tout semble basculer

"Déjà longuement blessé à cette même épaule lors des saisons précédentes, la malchance semble poursuivre le troisième-ligne Rouge et Noir. Charles Ollivon réalisera des examens ce lundi avec un spécialiste pour déterminer la nature exacte de sa blessure et la durée d'indisponibilité", annonçait Toulon dans un communiqué suite à la blessure de son troisième ligne.

Quelques jours plus tard, l'Equipe titrait même sur l'un de ses articles "Fin de carrière pour Charles Ollivon, blessé à l'épaule gauche ?". À seulement 25 ans, tout semble se remettre en question pour le Toulonnais. L'épaule ne cède pas pour la première fois (une butée avait été installée pour solidifier le tout en 2013), l'omoplate avait, elle aussi, déjà subi une fracture face à Lyon un an plus tôt. "Une fracture d'omoplate, ça n'arrive jamais. Si, chez les accidentés de la route avec des chocs ultra-violents. Moi, ce n'était pas un gros choc" déclarait-il à l'époque.

Dans les pages du Midi Olympique, un mois avant de rechuté il s'est exprimé, "J’ai dû faire le tour des médecins et des chirurgiens dans la France entière. Ce que j’avais, c’était assez simple au final : une fracture de l’omoplate. Mais le placement et le type de fracture étaient complexes et même jamais vus par les médecins que j’ai rencontrés. Je devais trouver une solution. Il m’a fallu cinq mois pour arriver à une opération. C’était très dur sur le plan psychologique. Des chirurgiens très reconnus m’ont dit que c’était terminé, que ce serait très compliqué de rejouer. J’ai pris beaucoup de coups sur la tête. À chaque fois que je prenais mon sac à dos, que j’allais à Lyon, Marseille ou Paris, je revenais avec rien. Si ce n’est avec encore plus de doutes."

Le sort semblait alors s'acharner. D'autant plus, qu'avant ce pépin à l'épaule Ollivon avait la pleine confiance du coach et avait obtenu le capitanat au RCT en l'absence de Mathieu Bastareaud. Pourtant, sa force de caractère, son courage et sa volonté de refuser ce fatalisme fait qu'il a pu retrouver le chemin des terrains. Surtout, il ne lui a pas fallut énormément de matchs (8 rencontres) pour montrer qu'il en avait encore sous la chaussure. De retour contre Montpellier le 16 mars dernier, l'ancien Bayonnais a fait parler sa puissance et sa capacité de perforation toute la fin de saison.

"J'ai eu pas mal d'épreuves à surmonter depuis un an et demi, deux ans, c'est exact, mais il y a des gens qui sont plus à plaindre que moi. Dans mon cas, c'est le mental qui a primé. Dans une carrière, il faut savoir surmonter ce genre de grosses blessures. Il faut se donner des objectifs et pour moi l'objectif, c'était d'être ici." confiait-il plein d'humilité dans nos colonnes.

18 juin 2019 : dans les 37 pour le Mondial

"C'est déjà une belle histoire d'être ici. Je n'ai pas trop de mots pour parler de ça. Mais ce serait génial." répondait-il quand on le questionnait sur la possibilité de faire partie des 31 pour le Japon. Lui qui aura vécu l'enfer, serait, en effet au Paradis si un tel scénario venait à se confirmer. Il n'est pour l'heure qu'un simple réserviste bien que Jacques Brunel est insisté sur le fait que les "réservistes" n'ont de "réservistes" que le nom.

En seulement huit rencontres de Top 14, il a réussi à s'imposer un peu plus et ses prestations face à l'Ecosse seront scrutées de près. Il reste encore du chemin avant de parvenir au Graal. Mais tout porte à croire qui peut signer enfin, la succession tant recherché dans la troisième ligne de l'équipe de France et notamment au poste de numéro 8 qu'il peut couvrir avec le jeune Alldritt.

La décla :

De revenir à Marcoussis ? Ça représente beaucoup, énormément même.Je ne sais pas quel qualificatif employer mais c’est un moment très important au regard de toutes les épreuves que j’ai dû traverser. J’étais très content et surtout motivé d’y remettre les pieds.Voilà. Après, l’émotion, c’est bien, mais ce qui compte maintenant, c’est d’avoir une détermination maximale dans tout ce que je vais accomplir. Arriver à Marcoussis, ce n’est pas une finalité, ce n’est que la première étape.

Fiche technique :

Charles Ollivon, 25 ans (né le 11/05/1993 à Bayonne)

Troisième ligne centre ou aile 1m99, 113 kilos

Clubs : Bayonne (en pro 2012-2015 33 matchs, 4 essais), Toulon (2015... 37 matchs, 9 essais)

En équipe de France : 7 sélections, 1 essai.

Crédit photo de couverture : Inigo Brothers

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