2006, un succès prometteur

Après un remarquable Tournoi des 6 Nations, remporté grâce à quatre victoires en cinq matchs, la France aurait pu aborder sereinement sa tournée en Afrique du Sud. Il n'en était pourtant rien. Les Bleus avaient beaucoup à prouver et de multiples enseignements pouvaient être tirés de ce voyage au pays des Springboks. Certains membres du XV de France jouaient d'ailleurs très gros, à commencer par le capitaine Fabien Pelous, auteur d'une fin de saison très moyenne avec son club de Toulouse. "Pelous face à lui-même " titre même Midi Olympique une semaine avant le test au Cap. "Je ne suis redevable de rien", clame l'intéressé en page 2 du journal.

Un an avant le Mondial…

D'autres éléments du groupe sont particulièrement attendus. Damien Traille, repositionné à l'ouverture, sait qu'il doit séduire. "J'ai une grosse carte à jouer", déclare-t-il à la veille du match. En effet, aucun joueur ne s'est encore imposé à ce poste et alors que le fait de le titulariser en position d'ouvreur ressemble à un pari du sélectionneur, Bernard Laporte, sa performance sera donc suivi. De même, Vincent Clerc, Julien Laharrague, tous deux de retour chez les Bleus, ou même le Biarrot de l'époque, Thierry Dusautoir (la troisième ligne est d'ailleurs entièrement basque avec aussi Harinordoquy et Betsen), ont beaucoup à prouver… Un an avant le Mondial français. Car tout l'enjeu est là. Bernard Laporte n'a plus que douze mois pour trouver des certitudes et construire une équipe capable de devenir championne du monde. Pour cela, rien de tel qu'une victoire en Afrique du Sud.

Les Bleus, qui ont enregistré une large mais anecdotique victoire en Roumanie (62-14) huit jours avant ce test, sont opposés à une équipe springbok difficile à évaluer. "Un colosse aux pieds d'argile" selon les mots de Midi Olympique. En effet, les Sud-Africains restent sur des sorties peu convaincantes face au XV mondial ou à l'Ecosse. Eux aussi se cherchent quelque peu et ont besoin de se rassurer avant d'entrer dans la dernière ligne droite menant à la Coupe du monde. Mais les Français ont à coeur de l'emporter pour leur partenaire Pieter de Villiers, d'origine sud-africaine, qui se faisait une joie de venir disputer un match dans la ville qui l'a vu grandir mais qui a appris la mort de son frère la veille de s'envoler pour Cape Town. Il a tout de même tenu à jouer la rencontre.

Laporte : "Ce que Damien a fait est grand"

"Happy End", peut-on lire en une de Midi Olympique le lundi 26 juin. Il faut dire que deux jours plus tôt, l'équipe de France a parfaitement clôturé sa saison 2005-2006. Un succès convaincant (36-26) et voilà les Français plus que satisfaits. Le premier au Cap pour le sixième de l'histoire du XV de France en Afrique du Sud. Surtout, cette victoire ne souffre d'aucune contestation possible. Impériaux en défense, les Bleus ont tout de même inscrit la bagatelle de quatre essais (Clerc par deux fois, Heymans et Traille) quand leurs adversaires ne passait la ligne d'en-but qu'à une seule reprise (Russell). Menés (12-11) à la pause grâce à la botte de Montgomery côté springbok, les Français ont réalisé une deuxième mi-temps de toute beauté pour s'offrir un exploit historique.

Au-delà de la performance d'ensemble, ce sont plusieurs joueurs qui ont marqué des points en vue de la suite des événements. En premier lieu… Damien Traille ! Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Auteur d'un match parfait à l'ouverture, il a été un des grands artisans du succès tricolore. Ce que confirme son sélectionneur dans les colonnes du journal : "Ce qu'a fait Damien est très grand". Impressionnant de puissance et de volonté, Rémy Martin, entré en jeu à la 12e minute suite à la blessure de Dusautoir, a également crevé l'écran. Enfin, tandis que son compère toulousain Cédric Heymans brillait aussi sur l'autre aile, Vincent Clerc n'a pas raté son retour chez les Bleus. Deux essais et enfin un match référence au niveau international pour lui.

A la fin du match, plusieurs joueurs sont tombés dans les bras de Pieter de Villiers qui a vécu une rencontre forte en émotions. Il n'a notamment pas pu retenir ses larmes au moment des hymnes.

Fiche technique :

Au Cap (samedi 24 juin, 15h), la France bat l'Afrique du Sud 36-26 (mi-temps, 11-12).

46 684 spectateurs.

Arbitres : M. Dickinson (Australie), MM. Speadbury et Debney (Angleterre)

Pour la France : 4 essais d'Heymans (4e), Clerc (54e, 73e) et Traille (58e) ; 2 transformations (53e, 58e), deux pénalités (13e, 18e) et un drop (64e) de Traille ; et un drop (18e) de Fritz.

Pour l'Afrique du Sud : Un essai de Russell (50e), 7 pénalités (8e, 21e, 26e, 29e, 41e, 47e, 67e) de Montgomery.

Les équipes :

Afrique du Sud : Montgomery ; Russell (Julies, 73e), Olivier, Barry, Habana ; Van der Westhuysen (o), Du Preez (m) (Januarie, 61e) ; Smith, Wannenburg (Cronjé, 61e), Van Niekerk ; Matfield, Rossouw ; Andrews, Smit (cap), Du Randt.

France : Laharrague ; Clerc, Friz, Jauzion, Heymans ; Traille (o) (Castaignède, 75e), Yachvili (m) ; Dusautoir (Martin, 14e), Harinordoquy (Bonnaire, 54e), Betsen ; Thion, Pelous (cap) (Nallet, 61e) ; De Villiers, Szarzewski (Ibanez, 58e), Marconnet.