Lièvremont: "Après 2011? je ne sais pas"

Après la victoire contre l'Angleterre, un journal a parlé de "Grand Chelem sans saveur"...

M.L. : C'est ce même journal qui disait, en début de Tournoi, un Grand Chelem sinon rien. Une émission de télé a également demandé: Grand ou Petit Chelem ?. J'avoue que j'ai du mal à comprendre. Moi, je l'ai savouré, je pense que les joueurs aussi. Et vu la réaction des gens, je pense qu'ils se sont régalés.

Le fait de l'avoir accompli en l'absence de plusieurs blessés est également une bonne nouvelle...

M.L. : Oui, pour la notion de groupe. Il y a les 22 qui étaient sur la feuille de match mais aussi une bonne quinzaine d'autres joueurs qui ont participé à l'aventure depuis le début. C'est une consécration sur le court terme qui permet de valider le travail et l'investissement des joueurs. Et au delà de notre petite aventure personnelle, de s'inscrire dans la continuité de l'histoire du rugby français.

On a senti une grande pudeur de votre part pendant le Tournoi, comme si le mot Grand Chelem était tabou...

M.L. : C'est vrai, même si j'y pensais très fort. Quand tu sors de deux ans ou tu as eu du mal à aligner les performances dans la continuité, faire preuve de pudeur était la moindre des choses. Même avec un calendrier favorable. Il y a eu beaucoup d'humilité mais aussi une grande force de conviction et de caractère.

Quel est l'objectif de la tournée estivale ? Avez-vous basculé vers le Mondial 2011?

M.L. : Non, pas forcément car le Mondial est omniprésent pour le staff. C'est une étape de plus. On est encore loin du Mondial, il reste dix-huit mois et treize matches. On a déjà 80, 85% de l'ossature qui disputera le Mondial. Pour ces tournées, il y aura 56 joueurs ciblés (30, plus 26 joueurs en France A, NDLR). L'an dernier, France A en Roumanie, c'était plutôt une équipe de France espoirs. Là, ce sera un peu moins le cas. On va essayer d'envoyer plus de potentiel capable d'intégrer très vite l'équipe de France.

La France a battu l'Afrique du Sud en novembre, leur hymne national a été massacré...

M.L. : Ca on n'y est pour rien! On arrive avec ce titre virtuel de champion d'Europe. Connaissant leur orgueil, leur agressivité, ça va être chaud. Un de nos soucis sera de gérer l'hétérogénéité de notre groupe. Certains joueurs auront coupé depuis sept semaines, d'autres une semaine.

Que pensez-vous de l'équipe d'Argentine?

M.L. : Dans l'esprit des gens, l'Argentine n'est pas encore l'Afrique du Sud ou la Nouvelle-Zélande. Mais sur ses performances et son histoire récente face à la France, ça l'est au moins autant. L'Argentine reste une nation majeure. Ils ont certes quelques joueurs qui arrivent peut-être au bout mais chez eux, ce n'est jamais une partie de plaisir. Au delà de l'adversaire, ce sera notre dernier match et on a toujours du mal après dix mois de compétition. On aura l'avantage de faire tourner l'effectif pour ce deuxième test qui n'en est pas vraiment un (contre une sélection de provinces, NDLR). L'objectif est d'aller chercher trois victoires. L'appétit vient en mangeant.

Envisagez-vous de rester à la tête du XV de France après 2011?

M.L. : Franchement, je ne sais pas. Je dirais non, car un cycle de quatre ans, c'est déjà beaucoup, il y a un discours qui s'étiole un petit peu. Et puis, il y a pas mal de potentiel pour reprendre l'équipe de France en 2011. Après, je dois reconnaître que je prends du plaisir, peut-être plus que je ne pensais. A long terme, après 2011, il y aurait peut-être une nouvelle équipe, un changement de manageur, je ne sais pas ce que va faire Jo (Maso). Je considère que ma mission va jusqu'à la Coupe du Monde en 2011. Et j'ai toujours eu du mal à me projeter dans l'avenir.