Barcella, l'heureux tour

Par Rugbyrama
  • fabien barcella france 2010
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Blessé cette saison pour le Grand Chelem réalisé par le XV de France dans le Tournoi des 6 Nations et à la peine en fin de saison avec Biarritz, le pilier gauche Fabien Barcella va avoir droit à une séance de rattrapage : il sera titulaire face aux Pumas samedi. Un défi en mêlée et face à lui-même.

Il y a un an, il s'imposait comme titulaire en puissance pour le match d'ouverture du Mondial 2011. Fabien Barcella, le gaucher des Bleus, avait été une des sensations de la tournée d'été 2009 en Nouvelle-Zélande et en Australie. Tenue en mêlée, dynamisme, rage en défense : un condensé de perfection. Pour être honnête, il faut se souvenir que face aux éloges, il ne cessait de répéter que tout pouvait s'arrêter du jour au lendemain, que la vérité d'un jour n'était pas celle du lendemain. L'humilité éternelle des piliers. Discours sincère ou de circonstance ? Qu'importe, Fabien Barcella a eu raison. Cette saison, il a été confronté à la dépression sportive. Une blessure avant le Tournoi des 6 Nations et le Grand Chelem qui s'offre à Thomas Domingo...

Barcella est revenu mais a peiné pour retrouver un statut de titulaire avec Biarritz. D'ailleurs, la finale de H Cup contre le Stade toulousain, sa première en tant que professionnel, a été vécue dans la peau d'un remplaçant. L'équipe de France ne lui était en rien promise mais le staff a finalement décidé de lui faire confiance en lui cédant une place dans le squad pour la tournée en Afrique du Sud et en Argentine. Un an après ses jours de gloire, Barcella paraissait relégué dans l'ombre de Thomas Domingo. Et pourtant, après la déroute des Bleus au Cap, c'est à lui que revient l'honneur de boucler la saison du XV de France ce samedi à Buenos Aires contre les Pumas en tant que titulaire au poste de pilier gauche. Récompense pour ses efforts même si la perfection se fait attendre. "Je me sens de mieux en mieux. Je suis très content d'être en tournée. J'espérais y retrouver mes sensations. Ce fut difficile de revenir avec Biarritz dans des matchs à haute intensité. Physiquement, je suis encore loin de mon meilleur niveau. J'ai encore du mal dans le rythme".

Le duel avec Martin Scelzo

Jouer le dernier match d'une saison infernale, on fait à priori mieux comme offrande. Et pourtant, Fabien Bracella vous foudroie du regard : "En aucun cas, ce n'est un cadeau empoisonné. Chaque sélection est une joie, une grande satisfaction. Je la vis systématiquement comme si c'était la dernière". Vivre celle-ci, il ne s'y attendait pas forcément. Titularisé contre l'Argentine A vendredi dernier à La Plata, Barcella n'y avait vu aucun présage. "J'avoue que je ne m'attendais pas à autant de changements. C'était un match périlleux dans un contexte difficile, avec un climat hostile. Un match d'un autre temps. Je ne m'attendais pas à pouvoir postuler contre les Pumas. J'en suis heureux. Maintenant, il va falloir faire corps." Après l'échec contre les Springboks, l'équipe championne d'Europe en titre doit une revanche, une révolte. Et le gaucher le sait mieux que quiconque. "Il faut bien terminer cette tournée. Sinon on se mettrait le doute. Il faut avant tout la victoire. Peu importe la manière."

Au diable les esthètes, une victoire contre les Pumas passe d'abord par une suprématie en conquête et donc, évidemment en mêlée. Fabien Barcella le sait d'expérience. En novembre 2008, il était avec les Bleus à Marseille pour faire tomber les Pumas. "Beaucoup de chandelles. Un terrain humide, un ballon glissant, du jeu restreint. On voulait surtout gagner : les Pumas restaient sur deux victoires d'affilée contre nous. Ce sera le même scénario samedi. Il ne faut pas s'attendre à de grandes envolées". Il sera donc à suivre avec attention. Duel de feu face à Martin Scelzo. "Il est costaud. Une vraie masse. Je le croise en Top 14 et je le considère comme un très grand pilier. Scelzo a un dos très puissant et son gros gabarit lui permet d'exploiter la moindre faille chez son vis-à-vis. Ce sera un test difficile."

"J'ai essayé de changer d'attitude"

Et vu que Barcella considère la mêlée comme une œuvre collective, il n'oublie pas de signaler la présence d'Albacete et Carizza - "deux gros pousseurs" - derrière Scelzo. Le tout condensé au sein d'une équipe qui doit se faire pardonner deux gifles consécutives face à l'Écosse. Furia au programme ? Barcella sourit : "Ils n'ont pas besoin de perdre deux fois contre l'Écosse pour être en colère. Les Pumas sont nombreux à jouer en France, encore une fois ils vont vouloir prouver qu'ils peuvent nous battre. C'est normal, je me mets à leur place. Mais après l'Écosse, ils seront en plus revanchards et ne voudront rien céder."

Un an après s'être imposé sensation des Bleus, Fabien Barcella serait inspiré de rééditer ses performances. La première mêlée sera à suivre pour sa tenue mais pas seulement... En novembre, il avait pu paraître provocateur face aux Springboks à chaque mêlée dominatrice. Le poing trop souvent rageur. "J'ai essayé de changer d'attitude mais ce n'est pas évident. Ce sont des réflexes acquis à Auch : il s'agissait de se féliciter, de se congratuler. Après, je comprends que cela puisse être perçu différemment. Cela relève de l'inconscient mais j'essaie de me calmer, d'en garder davantage en moi." Samedi, Fabien Barcella relèvera un double défi.

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