L'attaque au défi

Par Rugbyrama
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Plutôt que la défaite lors du deuxième test contre les Blacks à Wellington, l'entraîneur Emile Ntamack a déploré le manque d'ambitions offensives des Bleus. Corrections attendues samedi contre l'Australie. Les joueurs disent avoir reçu le message. Et leurs ambitions en dépendent.

Le trophée Gallaher soulevé par Thierry Dusautoir à l'issue de la double confrontation face aux All Blacks était peut-être le premier depuis la prise de fonction de Marc Lièvremont mais pour son entraîneur ajoint Emile Ntamack, il ne pesait rien à côté de sa déception. Euphémisme. Dimanche, à l'arrivée à Sydney, le technicien avait l'analyse sans concession. Quitte à afficher un discours dissonant par rapport à Marc Lièvremont et Didier Retière. Et il l'assume franchement.

Parce qu'au-delà de la défaite, c'est le jeu trop timoré qui a profondément déçu. Explications : "On produit bien moins de jeu que des équipes qui ne sont pas forcément plus en place que nous. On connait les qualités et le potentiel des joueurs de l'équipe de France. Mais il faut toujours être au pied du mur pour voir se réaliser l'exploit. On pourrait avoir bien plus de lattitude si on produisait beaucoup plus de choses". Regrets accentués par le fait que les Bleus ne furent non plus jamais percutants sur les ballons de récupération alors que la science du contre était jusque-là un point fort.

Au vu du talent de ses joueurs, Emile Ntamack refuse de se contenter du minimum. "L'état d'esprit des joueurs doit rejaillir sur le terrain. Ils doivent peser sur l'adversaire, apporter de l'incertitude. Si Bastareaud et Mermoz ne touchent qu'un seul ballon, cela pourrait ne pas être suffisant pour faire la différence... Il y a un état d'esprit ambitieux à insuffler à nos leaders de jeu".

Trinh-Duc dans l'ombre

A l'ouverture pour les deux tests contre les All Blacks, François Trinh-Duc a donc été classé parmi les déceptions. Lui a aiguisé sa défense : "A Wellington, il y avait beaucoup de vent, beaucoup de pluie, ce n'était pas facile de jouer. Certes, il y a eu quelques ballons de contre-attaque, quelques ballons en première main... Mais c'est vrai qu'on voulait être plus ambitieux."

Du coup, élu à l'ouverture pour conduire le jeu des Bleus contre les Wallabies, Lionel Beauxis n'ignore pas sa mission. Il ne critique pas mais il sait qu'il y aura des attentes à ne pas décevoir : "Pour le deuxième test contre les Blacks, c'est vrai que les conditions étaient difficiles pour lancer du jeu. Mais on a vu à la video qu'il y avait quand même quelques espaces. Qu'on aurait pu tenter un peu plus. Là, il ne faudra pas hésiter. Même s'il ne faut pas oublier le jeu au pied. C'est un équilibre à trouver. On espère pouvoir oser la passe supplémentaire et après seulement, jouer au pied. On verra ce qu'il se passe mais il faudra déjà être moins timide."

La communication sera la clé. Beauxis justifie : "la défense australienne est très organisée." D'ailleurs, quand les Bleus communiquent, ils savent revenir dans un match qui pourrait leur échapper. Le deuxième test contre les Blacks en a apporté la preuve avec deux mi-temps dissymétriques. "A la pause, il y a eu le briefing des entraîneurs mais ensuite on s'est réuni entre trois-quarts. On a parlé entre nous sur la necessité de soulager nos avants, de les faire avancer. On s'est dit : tentons. Quand il y a un avantage en notre faveur, il faut le jouer à fond ", raconte l'ailier Cédric Heymans.

Les paradoxes de l'attaque

Alors qu'avec Médard, Mermoz, Heymans, Clerc, le XV de France peut s'appuyer sur des joueurs tournés vers l'offensive, le jeu, pourtant, n'en subit pas encore la pleine influence. Un paradoxe qui n'angoisse pas Heymans : "La difficulté, c'est de tout mettre au service du collectif. Or, le talent des individualités ne remplacera jamais le collectif. Jouer collectif, jouer les uns pour les autres, c'est ce qu'il ya de plus dur."

N'empêche, face à l'Australie, l'ambition devra être évidente d'entrée. Heymans le sait. Et en croit son équipe capable : "On est tous ambitieux, on a tous envie de produire. C'est un état d'esprit, une éducation." Du haut de ses 51 sélections, il est à même d'influencer. Il guide : "C'est le dernier match de la saison, on le sait. Tentons, lâchons-nous tout en respectant les fondamentaux. Si les conditions le permettent, jouons. Et pour cela, il va falloir encore plus communiquer".

Leader ? Il ne voit pas son rôle ainsi : "Je suis à ma place. Je suis là en soldat. J'aime parler, alors je communique mais je ne veux pas m'afficher comme leader. Cela se fait naturellement, discrètement".

Heymans : "Dêpechons-nous..."

Ce devra être surtout efficace face à une équipe australienne très bien en place, très rigoureuse et animée par des joueurs physiquement percutants. D'autant que les Wallabies n'attendent personne pour oser. A la vidéo, Heymans a mesuré le danger : "C'est une équipe toujours très rigoureuse mais derrière, le trio du fond ( Ashley-Cooper, Turner et Mitchell N.D.L.R.) a été rajeuni. Et ils tentent un peu plus".

Les Bleus ne peuvent plus temporiser. Parce que du jeu, dépendront forcément les ambitions. Heymans veille : "Dépêchons -ous : il ne reste que deux ans d'ici le Mondial. Il va falloir trouver des certitudes le plus tôt possible". En ce sens, ils ne pourraient pas faire mieux qu'une première victoire en Australie depuis 1990...

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