L'air de rien, ambitieux

Par Rugbyrama
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Si l'équipe des All Blacks a été décimée par les blessures, l'inquiétude ne se fait pas sentir au sein du squad. Et l'ambition devrait compenser l'inexpérience. Mais face aux Bleus, il faudra affirmer la suprématie. Parce que le pays ne pardonnera aucun faux-pas. Alors la méfiance est recommandée.

Le centre Ma'a Nonu jouant des jetons de 500 dollars NZ à 22h au casino sous le regard de l'entraîneur des arrières Wayne Smith, l'entraîneur Graham Henry participant à un cocktail la veille du match, le talonneur Keven Mealamu filant guitare sous le bras en plein après-midi et surtout un hôtel dans le centre de Dunedin ouvert aux quatre vents : les All Blacks qui vont ouvrir leur saison contre la France ce samedi au Carisbrook Stadium, ressemblent à tout, sauf à une bande d'angoissés. Qu'importe si les forfaits se sont accumulés - Dan Carter, Ali Williams, Richie McCaw, Sitiveni Sivivatu jusqu'au dernier en date l'ailier Rudi Wulf – l'équipe rejette tout marasme et reste zen.

"C'est la pire équipe des All Blacks de l'ère professionnelle ", s'angoissait pourtant cette semaine le New Zealand Herald, quotidien d'Auckland. Neo-capitaine, l'arrière Mils Muliaina s'est appliqué à rassurer. La sérénité, son credo. "Avec Carter, McCaw, Williams, il faut reconnaître qu'il va nous manquer beaucoup de joueurs d'expérience. Mais ceux qui arrivent dans le squad sont d'autant plus motivés avant d'affronter l'équipe de France. Ils ont envie de prouver qu'ils méritent d'être All Blacks. Tout le monde est impatient de jouer. J'ai confiance dans cette équipe".

Muliaina : "Pas de sentiment de revanche"

Ils ont l'air décimés, ils sont plus que jamais ambitieux d'afficher leur suprématie. Ne les croyez pas en vacances prolongées. "On sera sous pression. Comme toujours quand on porte le maillot des All Blacks ", résume l'ouvreur Stephen Donald, intronisé titulaire en l'absence de Carter et en raison du retour jugé tardif de Luke McAlister. D'autant plus fiers que la saison internationale va s'ouvrir face à la France, bourreau en quart de finale du Mondial 2007 - quelques semaines après avoir été étrillée ici à deux reprises lors de la tournée de juin 2007. Traumatisés les All Blacks ? Muliaina dément : "Ce match n'a plus rien à voir avec le Mondial 2007. Cette défaite, c'était il y a deux ans, avec une toute autre équipe. Il n'y a pas de sentiment de revanche mais il faut reconnaître que cette défaite encaissée à Cardiff va nous donner un supplément d'âme. Il y a une autre Coupe du monde à l'horizon 2011. Mais avant, il y a ce test à Dunedin..."

Intronisé capitaine, Muliaina se fera un devoir de montrer la voie. "C'est un challenge particulier pour moi", reconnait il. L'arrière des Chiefs s'inquiète du mythique french flair. "Contre nous, ils ont toujours signé leurs victoires par les trois-quarts ". Alors il espère avant tout que son équipe se parera de vertus guerrières "Etre aggressif, s'imposer dans le combat d'avants et surtout exister par le collectif."

A les écouter, les All Blacks n'ont rien négligé. Ni la mêlée avec leur entraîneur spécialisé Mike Cron, ni le jeu au pied sous les ordres de Mick Byrne qui s'est surtout appliqué à conseiller l'ouvreur Stephane Donald rarement brillant dans le jeu au pied de déplacement... Un entraîneur qui a aussi détaillé à la video le jeu de François Trinh-Duc, ouvreur des Bleus.

Smith : "La France déplace davantage le ballon"

Même rajeunis – Ross, Read, Jane, Messam affichent chacun moins de 5 sélections – les All Blacks assurent qu'ils seront donc à la hauteur de leur légende. Ma'a Nonu qui n'a jamais été aussi fort, se chargera des rappels à l'ordre : "Qui n'aimerait pas devenir All Blacks ? Il faut respecter ce rêve. Tu ne peux pas juste revêtir ce maillot et attendre d'être brillant. Il faut des actes et travailler pour atteindre la performance".

Pour assurer le coup, l'entraîneur des arrières, Wayne Smith, qui vivra son centième test en tant que coach des All Blacks, a tenté de vacciner ses joueurs du pêché d'orgueil. Qu'importe si cette équipe a gagné, en 2008, quatorze de ses seize tests. Il appelle à la méfiance : "La France déplace davantage le ballon que ce qu'elle faisait en 2007. Elle est beaucoup plus dangereuse. Et surtout elle est aujourd'hui capable de nous mettre sous pression par le jeu au pied." Il parle de la France, troisième du dernier Tournoi des 6 Nations. Mais mine de rien, ces All Blacks n'ont pas le droit à l'erreur et de perdre chez eux contre la France pour la quatrième fois de leur histoire (1979 et deux tests en 1994). Derrière leur décontraction, ils ne peuvent l'ignorer.

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