L'étoffe des héros

Par Rugbyrama
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Le XV de France a signé la 4e victoire de son histoire en Nouvelle-Zélande et la première depuis 1994 (22-27), samedi à Dunedin. Les Bleus ont subi en seconde période mais ils ont résisté à l'orage avant d'inscrire un troisième essai en contre par Médard. Trinh-Duc et Servat avaient aussi marqué.

D'abord, un mot pour les grincheux et les pisse-froid. Ne les écoutez pas. Ils vous diront que cette équipe de Nouvelle-Zélande est faite de bric et de broc. Qu'elle est privée de nombreux leaders. Qu'il ne s'agit pas d'une grande équipe. Tout ceci est vrai. Mais il n'y a pas de petite équipe des Blacks. Il y a les Blacks, un point c'est tout. En un siècle d'histoire, la France n'avait battu que trois fois les joueurs à la fougère argentée sur leurs terres. Ce n'était plus arrivé depuis 15 ans. C'est dire la portée de la performance accomplie samedi à Dunedin par le XV tricolore. Un exploit majuscule qui marque peut-être la naissance d'une équipe. Pour Marc Lièvremont, si critiqué depuis sa prise de fonctions, c'est à l'évidence un match qui fera date.

Cette victoire, les Bleus ne l'ont pas volée. Ils n'ont d'ailleurs pas été menés une seule seconde. Leur entame a donné le ton. Un ballon gratté, une touche bien maîtrisée, un maul bien construit pour pousser les Blacks à la faute et une pénalité de Julien Dupuy pour prendre le score après seulement trois minutes de jeu. Le symbole d'un premier acte maitrisé. Mal dans leurs baskets et dans leur rugby, les Néo-Zélandais ont bafouillé, cafouillé, à l'image d'une défense aux abois. Par deux fois, en l'espace de 10 minutes, les Français allaient profiter de ces largesses pour inscrire deux essais. Le premier par François Trinh-Duc, servi par son compère montpelliérain Louis Picamoles, avant de résister à cinq défenseurs. Le second grâce à William Servat, à la conclusion, en force, d'un mouvement initié par Damien Traille et Maxime Médard.

Médard porte le coup de grâce

Avec ces deux essais, tous deux transformés, les Bleus menaient de 14 points (17-3) juste avant la demi-heure de jeu. On croyait rêver. Pour les hommes de Graham Henry, l'affaire tournait en revanche au cauchemar. Mais avec les Blacks, le moindre relâchement se paie cash. A défaut d'avoir de la cohésion, de la cohérence et une charnière d'expérience, ils ont de la fierté et, accessoirement, un peu de talent. Pendant 30 minutes, 10 avant la pause, et 20 au retour des vestiaires, ils ont mis la main sur le ballon, pris les initiatives, contraignant les Français à commettre des fautes et des points. Résultat, à l'heure de jeu, tout était à refaire et à 17 partout, la France n'en menait pas large.

Mais cette équipe a survécu à tout. A cet essai évitable, juste avant la mi-temps, sur une action de 80 mètres, lorsque Corry Jane a surpris Julien Dupuy sur un coup de pied de Cowan par dessus la défense française, avant de transmettre à Messam pour le premier essai néo-zélandais du jour. De 17-3, le score venait de passer à 17-11, Donald ayant converti une pénalité au préalable. Les Bleus ont aussi surmonté la marée noire de la seconde période. Acculés dans leur camp, ils ont concédé trois nouvelles pénalités. L'un d'entre elle échoua sur le poteau, mais les deux autres, converties par l'ouvreur-buteur des Chiefs, permit donc aux Blacks de revenir à hauteur de leurs visiteurs.

C'est peut-être là que la bande à Dusautoir fut la plus grande, dans sa capacité à repartir de l'avant au plus fort de la tempête. Sans s'affoler, les Bleus sont revenus jouer dans le camp adverse. Et ce qui devait arriver arriva. Après un drop manqué de Trinh-Duc, Julien Dupuy a remis les siens dans le sens de la marche d'une pénalité en coin aux 30 mètres. Mais le meilleur restait à venir. A 10 minutes de la fin, Maxime Médard allait crucifier les Blacks pour de bon en interceptant une passe de McAlister. 60 mètres plus loin, l'arrière toulousain était au paradis. Le coup de poignard et le coup de grâce. Le dernier essai des Blacks ne pouvait plus rien y changer. Si elle n'a pas le caractère légendaire et la saveur des premières fois de 79, si elle n'était pas entourée du même enjeu que le quart de finale de Coupe du monde de Cardiff en octobre 2007, cette victoire n'en reste pas moins formidable. Après les vaches (très) maigres des derniers mois, il faut la savourer pour ce qu'elle est: un authentique exploit, autant qu'une promesse pour l'avenir.

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