Les nations du Sud peuvent-elles refaire leur retard ?

  • Beauden Barrett (Nouvelle-Zélande)
    Beauden Barrett (Nouvelle-Zélande)
  • Freddie Steward (Angleterre)
    Freddie Steward (Angleterre)
  • Handre Pollard (Afrique du Sud)
    Handre Pollard (Afrique du Sud)
Publié le
Partager :

INTERNATIONAL - Alors que les tests de 2021 avaient déjà envoyé des signaux forts, les tournées de l’été 2022 ont confirmé la tendance selon laquelle les nations de l’hémisphère Nord ont pris un temps d’avance sur leurs homologues du Sud. Irrémédiable ?

La dixième Coupe du monde de l’histoire sera-t-elle le théâtre de la première victoire du XV de France ? Tout un peuple l’espère, bien entendu. Mais plus globalement, cette édition couronnera-t-elle pour la 2e fois seulement une nation de l’hémisphère Nord, après l’Angleterre de 2003 ? cela apparaît aujourd’hui des plus probables, tant celles-ci semblent dominer aujourd’hui le rugby mondial. Une rareté qui doit évidemment beaucoup à la pandémie de covid-19, à laquelle les pays riches du Nord ont eu davantage de facilités à s’adapter, notamment en termes d’organisation des compétitions.

Alors, ajoutez à cela que nous sommes depuis la Coupe du monde 2019 entrés en plein dans un cycle "défensif" (essentiellement lié aux traditionnelles évolutions de règles) traditionnellement plus favorable aux nations européennes et à l’Afrique du Sud, et vous comprendrez un peu mieux qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’équilibre géo-sportif du monde ovale penche assez largement de ce côté-ci de l’Equateur, ou pour parler plus exactement autour du méridien de Greenwich.

Novembre 2021, le grand tournant

On exagère ? Pas tant que ça, au vrai. Parce que, depuis la tournée du XV de France "bis" en Australie à l’été 2021, les preuves soulignant la domination des "nordistes" se sont multipliées. Ainsi, dès le mois de décembre dernier, les signaux d’alerte se sont avérés particulièrement nombreux pour le Sud, à l’image des défaites de l’Australie en Ecosse (15-13) et en Angleterre (32-15), du revers des champions du monde sud-africains à Twickenham (29-28) et bien sûr des deux défaites des All Blacks en Irlande (29-20) et en France (40-25).

Freddie Steward (Angleterre)
Freddie Steward (Angleterre)

Une tendance qui s’est évidemment confirmée à l’été 2022, puisque l’Irlande a réussi l’exploit majuscule de remporter sa série de tests en Nouvelle-Zélande (une première depuis le XV de France en 1994), l’Angleterre faisant de même en Australie. Seuls les Springboks ayant au final réussi à sauver l’honneur d’extrême justesse face aux Gallois, cinquièmes du dernier Tournoi des Six Nations… De fait, le classement mondial de World Rugby n’a probablement jamais été aussi flatteur pour les équipes nordistes, avec trois équipes dans le top 5 dont l’Irlande en première de la classe immédiatement suivie de la France, tandis que l’Asutralie (6e) n’a jamais semblé aussi proche de se faire doubler par le pays de Galles et l’Ecosse. Les Blacks ayant quant à eux sombré à une quatrième place historique, eux qui n’avaient jamais quitté le top 2 depuis la création de ce classement…

Blacks et Australiens face à leurs insuffisances

Ceci étant dit, il reste encore un peu plus d’un an avant le début de la Coupe du monde. Suffisamment pour combler le retard accumulé depuis maintenant trois ans ? Difficile à dire… Pour ce faire, les All Blacks ont choisi de procéder à quelques remaniements internes, deux adjoints ayant payé les pots cassés de la tournée tandis que le sélectionneur Ian Foster et le capitaine Sam Cane joueront très gros lors du prochain Rugby Championship. Reste que les insuffisances actuelles de l’effectif néo-zélandais sont criantes, avec deux stars (Barrett et Mo’unga) qui n’arrivent pas à jouer ensemble, entourées de cadres plus que vieillissants (Rettalick, Whtelock, Smith) et d’un manque évident de bons joueurs à certains postes clés, comme ceux de piliers ou de trois-quarts centre, sans oublier le numéro 8 où le débat est vif au pays concernant le meilleur rôle à donner à Ardie Savea.

Quant à l’Australie, victime d’une crise économique majeure ces dernières saisons qui a obligé de nombreux cadres de la sélection à l’exil, on peine à voir cette dernière sortir à temps de l’ornière dans laquelle elle s’est enfoncée depuis de longues saisons, les quelques talents individuels dont dispose la sélection pesant finalement bien peu à côté de ses faiblesses structurelles dans le jeu au pied et la défense, qui ont explosé aux yeux du monde face à l’Angleterre et que le niveau du Super Rugby actuel ne permet pas vraiment de combler.

Handre Pollard (Afrique du Sud)
Handre Pollard (Afrique du Sud)

Les Boks, sauvés par l’Europe ?

Au final ? Seule l’Afrique du Sud semble aujourd’hui en mesure de bouleverser la main-mise du Nord, parce qu’elle en fait désormais qu’on le veuille ou non un peu partie. Victorieux des Lions l’été dernier au terme d’une série peu spectaculaire, les Springboks ont en effet pour eux d’avoir intégré le Pro 12 (rebaptisé United Rugby Championship), dont deux deux leurs provinces ont d’ailleurs été les finalistes l’an dernier (Stormers contre Bulls). Autant dire qu’en plus de leur arrivée en Champions Cup qui offrira à leurs joueurs une nouvelle compétition de haut niveau pour se préparer, les voyants semblent plus qu’au vert pour les Sud-Africains, dont le style de jeu épouse en outre parfaitement les attendus techniques nécessaires dans l’optique du Mondial 2023.

Alors, sachant que les Boks ont d’ores et déjà remporté l’édition française de 2007, faut-il voir en ces derniers le phare susceptible d’apporter une neuvième victoire au Sud en 10 Coupes du monde ? Rien que pour en savoir un peu plus quant à cette interrogation, l’affrontement entre nos petits Bleus et les Sud-Africains le 12 novembre au Vélodrome vaudra le détour...

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?