Une finale avant l'heure ?

Par Rugbyrama
  • villepreux équipe de france 1999
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Etincelants en demi-finale face aux All Blacks lors de la Coupe du monde 1999, les Français n'ont pas existé en finale et se sont inclinés 12-35 contre l'Australie. Pour beaucoup, ils avaient joué leur finale une semaine plus tôt à Twickenham. Leur entraîneur, Pierre Villepreux, ne dément pas.

"D’une certaine manière, la France a joué sa finale contre les All Blacks. Au moins dans les objectifs choisis puisque l’ambition était d’accéder aux demi-finales et éventuellement, et seulement éventuellement, à la finale et donc au titre. Je ne sais pas si c’était une meilleure chose que ne pas dire que nous pourrions peut-être gagner cette Coupe du monde. D’un autre côté, le fait est que tout n’avait pas très bien marché jusque-là. Nous n’avions pas toujours bien joué et étions donc fragilisés. Tout le monde avait un peu perdu confiance en nous même si nous avions rassuré contre l’Argentine en quarts de finale. Pour toutes ces raisons, je pense que la demie contre la Nouvelle-Zélande est arrivée un peu comme la vraie finale dans la tête des joueurs. Mais pas dans la tête des membres de l’encadrement.

Effectuer un exploit comme celui que nous avons réalisé n’est évidemment pas facile à assumer pour les joueurs. Après les dernières performances des Blacks, nous nous sommes présentés avec la peur et cela nous a réussi. Les joueurs savaient que ce serait dur à gérer. Nous avons joué un match pour devenir célèbres et c’est ce qui s’est passé. On a fait un exploit et on a ensuite parlé de cet exploit indépendamment de l’équipe elle-même. Celle-ci s’est logiquement démobilisée avant la finale. C’est la logique de toute victoire inattendue. En plus, il est vrai que le jeu des Australiens, que nous affrontions en finale, n’était pas aussi impressionnant que celui des Néo-Zélandais. Notre préparation s’en est trouvée un peu tronquée. Peut-être aurait-il fallu enfermer les joueurs dans un "blockhaus" ? Peut-être aurait-il fallu couper tous les portables qui n’arrêtaient pas de sonner ? Si on avait su, on l’aurait fait et nous nous serions peut-être présentés en finale avec une envie supérieure. Nous aurions alors pris le contre-pied de toute cette Coupe du monde.

Les dirigeants eux-mêmes ont été pris de court. Après notre succès sur les All Blacks, ilsont dû faire en urgence, et en à peine une semaine, ce qui aurait dû être programmé auparavant. Le lundi par exemple, c'est à dire le lendemain de la demie, a été un moment particulier. C'est là que tout le monde s'est rendu compte que nous étions en finale. Il a fallu gérer beaucoup de choses, faire venir les fiancées et les copines etc. Globalement, la préparation de l'événement n'a pas été à la hauteur. Je ne sais pas si la FFR s'attendait vraiment à ce qu'on batte la Nouvelle-Zélande. Mais ce n’est pas une critique envers les dirigeants. Ils ne sont pas coupables.

Quand on parle de la Coupe du monde 1999, on revient toujours sur cette demi-finale. Que ce soient les joueurs, les observateurs, les supporters. On oublie complètement la finale. C’est significatif. "

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