La chronique de Rodolphe Rolland

Par Rugbyrama
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Dans sa chronique, Rodolphe Rolland revient sur la première journée de championnat. Il dresse son palmarès des flops avant de passer à celui des tops, marqué par la réussite du Parisien Noël Oelschig et du Castrais Marc Andreu, deux "joueurs de poche".

Si l'on initiait ici un palmarès des flops de cette première journée du Top 14, la matière, croyez-moi, abonderait.

De l'incongru osé des rencontres débutant à 16h00 à la mi-août, au retard du Biarritz Olympique à l'allumage, en passant, primo, par le manque d'appétit d'un Aviron Bayonnais clamant partout crânement son ambition hardie, secundo par la première sortie de route – augurale ? – de Montpellier et enfin tertio par l'apostasie pusillanime des dirigeants du CS Bourgoin-Jallieu, franchement...

Resterait alors à décider objectivement d'un ordre, d'un classement idoine.

Personnellement, et en vue de l'attribution de la plus haute marche du podium, entre les programmateurs des matchs aux heures les plus chaudes de l'apéro (ou presque) et l'épilogue brutal du CSBJ façon "On liquide et on s'en va", le recours à la photo-finish me semblerait justifié pour départager équitablement les deux candidats.

Ou alors, ex-aequo, comme à "l'Ecole des fans" !

Les autres ?

Loin derrière.

Si inversement, l'on se devait ensuite, par pure spéculation, d'évoquer les hits, le podium serait aussi partagé de manière équitable, j'y installerais ensemble et sans hésitation aucune mes deux lauréats du jour, j'ai nommé Noel Oelschig (Stade Français) et Marc Andreu (Castres Olympique).

Ex-aequo aussi !

Dynamiteurs, animateurs principaux de cette rentrée des classes 2009 tristement mortelle dans son ensemble – comme ils le furent déjà tous deux la rentrée précédente pour leurs premiers pas en Top 14, et oui ! –, les deux hommes suivent des trajectoires quasi identiques : révélation, oubliettes, puis renaissance ; à la différence près que pour jouer sa résurrection Marc Andreu a dû quitter les planches de la rade où "la mayolaise" ne prenait plus pour celles plus castraises du "mieux vaut Tarn que jamais", pendant qu'Oelschig lui, appliqué, s'obstine à sa répétition capitale sous l'oeil bonhomme d'un Ewen McKenzie rose bonbon.

Ne vous y trompez pas, au-delà de ces coïncidences troublantes mais néanmoins fortuites pour la plupart, l'information de taille – si j'ose – la vraie, l'unique que votre serviteur vient vous délivrer est la suivante : 1m70 et 1m72, il va falloir s'y faire dorénavant, les petits gabarits vont prendre le pouvoir dans le rugby moderne !

Il est d'ailleurs significatif, à cet égard, que le plus "grand" de nos ailiers de ces dix dernières années, soit Christophe Dominici (1m72).

Totalement à l'encontre des idées reçues et propagées en grande partie par Jacques Fouroux (1m62), visionnaire s'il en fut (pas en la circonstance, hélas), grand bonhomme qui mena ceux de 77 – des balèzes bien plus que lui – au Grand Chelem, le joueur de poche est "l'avenir de l'homme".

Là où le costaud n'a que la banalité de sa force à proposer, les joueurs de plus petite taille possèdent cette explosivité, ses changements d'appui diaboliques et cette ruse que nous, les grands, n'avons que trop peu. Pendant que le petit est dit malin, l'autre est un grand... Mais passons.

A tous ceux – le regretté Jacques Fouroux y compris – que les grands gabarits à tous les postes font rêver, j'oppose mes feux follets, mes ailiers de poche, mes Candelon, Andreu, Oelschig, Mignoni, et consorts, cauchemars patentés sur deux pattes des Rougerie, Gobelet, et de tant d'autres enfin, "ennemis intimes" de tous ces joueurs qui possèdent un centre de gravité placé beaucoup trop haut !

"Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde :

On a souvent besoin d'un plus petit que soi". *

La petite taille, c'est l'assurance de l'évitement et non pas le trop conventionnel des autos tamponneuses, le rentre dedans des mous du cortex cérébral ; la petite taille, c'est la redécouverte d'espace là où il n'y en a plus !

Dans ces temps funestes où les défenses se resserrent, les petits gabarits offriront demain la garantie d'un premier rideau plus facilement franchissable en bout de ligne et aux abords des rucks où veillent d'engourdis Polyphèmes.

Et alors, qui sait, peut-être pourra-t-on de nouveau rappeler qu' "il convient que les grands sautent, les petits s'infiltrent, les lourds enfoncent, les légers d'évadent et, s'il faut de tout pour faire un monde, sur la prairie il faut du monde pour faire un tout". **

* La Fontaine, Le Lion et le Rat

** Antoine Blondin, Les joies du rugby, 1971

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