La chronique de Pierre Villepreux

Par Rugbyrama
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Dans sa première chronique de l'année, notre expert, l'ancien international et entraîneur du XV de France, Pierre Villepreux, fait un voeu... Il nous parle du "Boxing day", coutume anglo-saxonne qu'il verrait bien adaptée en France.

"Boxing day" : journée fériée du 26 décembre en Angleterre. A l’origine le "Boxing Day" était un moment de fêtes où les patrons distribuaient des cadeaux, de l’argent, voire de la nourriture à leur employés. Ils utilisaient symboliquement un emballage appelé "boite de Noël". La tradition perdure même si aujourd’hui sur le "boxing day" est venu se brancher des actions diverses, culturelles, humanitaires, et, évidemment les événements sportifs sont eux aussi très prisés par le public. L’engouement populaire que génère ce lendemain de Noël ne se dément pas dans le temps. Les fans du championnat domestique du football anglais le prolongent bien au-delà de ce seul jour. Pour avoir été invité, il y a bien longtemps par un tout petit club anglais de la région de Plymouth, et participé à cette occasion à un match avec l’équipe locale, j’ai pu apprécié la teneur, la saveur, la symbolique et la mobilisation populaire générées par cette journée.

Que le rugby français puisse être un jour amener à s’approprier et utiliser, ce ne sera pas la première ni la dernière fois, la dynamique de cette tradition venue d’ailleurs n’est en soi pas gênant. Mais, en ce jour de l’an, fait de de voeux, de rêves, de bonnes intentions et d'idées, il conviendrait alors lui donner un autre sens.

Alors rêvons éveillé :

- pourquoi ne pas l’intégrer dans le calendrier du top 14 comme une date marquante, non pas le 30 décembre mais bien le 26 si l’on veut conserver la symbolique anglo-saxonne qui fait de Noël et du jour successif un moment singulier de partage et d’amitié ? Ce serait la conclusion d’une partie de la saison régulière du Top 14..

Fantasmons :

- le cadeau dans la boîte, ce serait d’un faire la "fête du rugby professionnel" en créant autour des matchs une animation mobilisatrice pour tous, jeunes et moins jeunes. Ce cadeau des plus "grands du rugby" qui accepteraient aussi de transformer une ordinaire journée de championnat en une fête où les deux équipes se mobiliseraient sur la mise en œuvre d’un jeu le plus spectaculaire possible et caractéristique des valeurs qu’il est censé développé.

Pour cette journée particulière, continuons de rêver :

- les joueurs seraient délivrés des contraintes de résultats. Ce jeu ne serait pas celui des entraîneurs replacés alors, comme avant dans les tribunes, mais bien celui des joueurs qui accepteraient de sortir du rugby programmé et exagérément structuré dans lequel ils sont trop souvent enfermés, un jeu où tous les joueurs seraient disponibles pour exploiter en toute liberté et responsabilité toutes les occasions qui se présenteraient dans le mouvement général dans le cadre de la gestion la plus pertinente possibles des rapports de force rencontrés. Traduction d’un "jeu en lecture " qui impliquerait le joueur dans des comportements et attitudes en relation avec des indices et repères pris dans les actions développées au même moment par ses partenaires et par les adversaires.

- un jeu qui ne nécessiterait donc que le strict minimum de consignes pour le lancer sur touche et mêlée et utiliserait avec pertinence et sans abus les phases de ruck et maul. Un jeu épuré qui ne serait pas soumis aux calculs qu’imposent forcement l’analyse et l’étude du jeu de l’adversaire.

Ce jeu remettrait à la mode la bonne symphonie résultant d’un jeu collectif où chacun chercherait à saisir sans crainte de l’erreur toutes les opportunités. Jeu collectif que l’on admire quand il est bien fait par les autres et, peut être, ferait-on d’une pierre deux coups éveillerait-on l’intérêt qu’il y a de mieux saisir les lacunes et bonnes acquisitions des réalisations collectives et individuelles existant dans les situations de mouvement pour les traduire en travail d’entraînement à l’adaptabilité en jeu tant offensive que défensive. Sans rien enlever aux entraîneurs, ce jeu redonnerait du pouvoir aux joueurs. Ils retrouveraient le temps d’un match l’éveil tactique et intuitif et  la part de folie utile qui existaient quand ils étaient débutants. Un jeu qui se débarrasserait des comportements inutiles et superflus dont la haute compétition se passerait bien et qui permettrait de respirer les valeurs que notre sport est censé développer et sur lesquels on sait si bien s’appuyer pour le magnifier et le distinguer des autres.

Cette journée célébrerait la solidarité de type familiale propre à notre culture. Cette grande famille du rugby que l’on expose comme modèle de solidarité même si tout le monde sait que les intérêts du rugby de haut niveau actuel ne correspondent plus à cette image. Et pourquoi pas, de faire de cette journée une opération de contribution de l’élite du rugby en faveur de la base. Le partage des dividendes de toute nature générés, en plus du beau jeu recherché, vaudrait bien sans doute autant que bien d’autres stratégies de communication.

Mais j’aime bien passer pour un naïf qui décline l’infaisable surtout quand il s’agit d'entrer dans une alchimie plus que subtile qui exigerait que soient instaurés d’autres rapports humains. Alors, il faut rester dans le rêve et continuer à inciter ceux qui le souhaitent à la recherche du beau rugby et de ses formes. Même si ma "gamberge" de fin d’année n’a pas de sens mais venait à être exaucée, le classement final en serait-il fondamentalement différent.

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