Lyon, un costume trop grand ?

Depuis 2003, Lyon ronge son frein dans l’antichambre de l’élite hexagonale. Et depuis huit ans, le club rhodanien tente de prendre l’ascenseur qui le ramènera vers les sommets. Pour l’heure, le Lou est toujours resté à quai. Comme ce fut encore le cas dimanche dernier contre La Rochelle. La faute à un manque de chance ? Ou de maîtrise et concentration ? Car durant de longues minutes, joueurs, entraîneurs et supporters ont entrevu de loin la lumière du Top 14. Démarrant pied au plancher et porté par une grâce quelque peu divine, Lyon fit tout ce qu’il fallut pour éviter de reconnaître le sort de 2005 et une finale perdue contre Aurillac (21-19).

Sur trois envolées au grand large, les coéquipiers de Xavier Sadourny franchirent la ligne d’en-but maritime. Trois actions d’éclat pour clarifier la situation : cette fois-ci, Lyon ne pouvait rater la dernière marche ô combien difficile à gravir. Avec onze points d’avance après moins d’une demi-heure de jeu, peu de monde, et ce en toute logique, voyait les Rhodaniens baisser de pied et trébucher pour l’accession à l’échelon supérieur. Et puis, comme un fusible défaillant, les esprits lyonnais commencèrent à chanceler. Notamment chez les avants où le pack fut mis au supplice par son homologue rochelais.

"Lyon mérite d’aller en Top 14"

En tout et pour tout, M.Péchambert, l’arbitre de cette rencontre, sanctionna à sept reprises la mêlée des Rouge et Blanc. Broyé, concassé, réduit en pièces, Lyon vit petit à petit La Rochelle revenir sur ses talons. Avant de sombrer et de laisser filer les Maritimes prendre le bateau menant vers le Top 14 (32-26). Un scénario incroyable pour une chute brutale. Sur la pelouse de Brive, les Lyonnais s’effondrèrent un par un, comme des soldats vaincus sur un champ de bataille. En larmes, la déception fut immense pour des joueurs qui ont cru longtemps pouvoir toucher le Graal.

Le costume de favori fut-il trop grand pour les protégés de Mathieu Lazerges et Raphaël Saint-André ? Sûrement. Car il est difficilement compréhensible qu’une équipe, aussi proche du but, puisse s’effondrer de la sorte. Surtout, il va falloir digérer cet affront. Car tout au long de la saison, Lyon mit tout en œuvre pour remplir son objectif : rugby alléchant, phase régulière de haute volée et qualification à domicile pour les demi-finales. Un budget conséquent (autour de 12 millions) avait même été prévu en cas de montée en Top 14. Que demander d’autre ?

Le plus dur sera donc de rebondir. "J’espère simplement que cette finale perdue va créer de l’engouement autour du rugby à Lyon. Cette ville mérite d’avoir un club en Top 14", souligne Saint-André. Mais le chemin sera long et semé d’embuches. "Le Pro D2 est un marathon extrêmement difficile et éprouvant. Quand on voit Oyonnax finaliste l’an dernier, sorti en demi-finale, nous n’avons aucune assurance de rejouer une finale l’an prochain", précisait, en sanglots, le centre Cédric Leite dans les colonnes de Midi Olympique. Avec ce revers, Lyon a une nouvelle fois raté l’occasion de revenir sur le devant de la scène.