Colomiers: Filiatre, le professeur passionné

• Un pari gagnant

Propulsé en juillet 2013 sur le devant de la scène pour remplacer Olivier Baragnon au poste d’entraîneur des lignes arrières de Colomiers et épauler Barnard Goutta, Philippe Filiatre fait aujourd’hui l’unanimité au sein du club. C’est un pari entièrement gagnant pour le club. Quand Olivier Baragnon a quitté le club, il fallait trouver un remplaçant. On a préféré choisir une solution en interne. Philippe s’occupait déjà très bien des Espoirs et pourquoi aller chercher une personne extérieure. Je suis extrêmement content de ce choix, explique Alain Carré, le président de Colomiers. On avait plusieurs candidats mais on privilégiait vraiment la piste interne. Il fallait aussi que le choix convienne à Bernard Goutta. On ne pouvait pas imposer quelqu’un. Les deux sont passionnés et travaillent ensemble au quotidien. Philippe va dans les détails, il est droit et foncièrement honnête. Pour Colomiers, c’est du pain bénit de l’avoir.

• Le partenaire parfait pour Goutta

Souvent dans l’ombre du charismatique Bernard Goutta, celui qui est toujours professeur d’EPS dans un lycée de Toulouse a peu à peu trouvé sa place. Au point de devenir aujourd’hui le complément presque idéal. Goutta avoue même avoir une confiance totale et aveugle en Philippe . Cela est très important pour nous. Dans un sens, c’est un binôme idéal pour moi mais il est surtout complémentaire avec moi, explique l’ancien joueur de l’Usap. Dans l’aspect pédagogique et dans la construction du joueur, il a vraiment des séances de qualité qui sont variées. Avant d’entraîner les trois-quarts de Colomiers, il entraînait les avants Reichel de Colomiers, c’est absolument remarquable de pouvoir passer de l’un à l’autre .

Il est arrivé un peu sur la pointe des pieds avec Bernard. Il était au club depuis pas mal de temps. Cela a été une découverte pour lui parce qu’il ne connaissait pas le rugby pro. Il a fallu qu’il s’adapte un peu au début mais avec Bernard Goutta, il forme vraiment un binôme très complémentaire. Depuis deux ans, cela se passe vraiment très bien , complète l’ouvreur David Skrela.

• La découverte d’un nouveau monde

Sans véritable expérience à son arrivée aux côtés de Bernard Goutta, l’exercice n’a pourtant pas été simple au début. Obligé de concilier son emploi du temps de professeur et ses nouvelles obligations, Philippe Filiatre a dû s’adapter à un monde qu’il lui était totalement inconnu. J’ai découvert des fonctionnements qui étaient différents de ce que je connaissais. Dans le monde pro, le côté management des hommes et des groupes dépasse la logique affective que l’on retrouve dans le monde amateur. Il faut toujours garder de la distance tout en étant proche, concède l’ancien entraîneur des Reichels. On doit toujours être également dans une logique de changement. Le temps du professionnel n’est pas le temps de l’amateur. Le temps d’un professionnel est presque à la semaine. Avec les amateurs, on peut parler de cycles de travail sur la durée. Chez les pros, la saison est un marathon mais tout va très vite en termes de travail .

• Colomiers, le seul et unique club professionnel pour lui

Je ne pourrais plus entraîner ailleurs et cela ne me pose aucun problème. À partir du moment où cela s’arrêtera à Colomiers, cela sera une fin. Je reviendrais aux affaires courantes, c’est-à-dire mon métier et j’irai entraîner peut-être d’autres équipes mais pas dans le monde professionnel. Pour moi, c’est une évidence et j’espère que les choses se termineront du mieux possible , concède Filiatre. Une loyauté et une honnêteté pour Colomiers qui détonne dans le rugby actuel mais qui correspond parfaitement au bonhomme. Les hommes de cette qualité sont de plus en plus rares. Philippe n’a aucun plan de carrière, il entraîne vraiment par passion et ne fait pas cela pour aller voir plus haut. Il n’a pas pris le poste d’entraîneur des trois quarts pour se projeter en Top 14 mais uniquement par passion sans se poser de question , rajoute Bernard Goutta

• Un véritable baroudeur

Véritable passionné de son sport, Philippe Filiatre est aussi dans une logique de connaissance et de transmission permanente. L’envie de découvrir et d’apprendre d’autres cultures reste pour l’entraîneur des lignes arrières un élément essentiel. Je me suis baladé dans pas mal de pays à travers le monde. J’aime le côté aventure et découvrir des personnes et des cultures différentes. Cela m’a toujours plu. Je ne suis pas un globe-trotter mais j’ai pu voir des gens vivre de manière différente. Cela m’a toujours séduit, explique Filiatre.

Et de continuer: Mon dernier voyage était au Rajasthan en Inde et dans l’Himalaya. J’en ai encore un souvenir assez vivace. J’ai notamment découvert les Sherpas indiens. Leur façon de vivre m’a vraiment impressionné. Autrement, je suis un peu parti partout. Je suis allé en Australie, à Cuba, en Polynésie, au Chili, en Thaïlande, en Chine, Mexique mais je n’y suis jamais allé seul. J’ai toujours été accompagné par des jeunes dans une logique de transmission lors de séjours organisés. J’ai toujours voulu faire découvrir ces endroits que je ne connaissais pas moi-même à des jeunes. C’est une manière d’apporter de la connaissance mais aussi d’apprendre à vivre ensemble dans des conditions différentes .