Davidson : "La reconstruction du CAB passe par le travail !"

Rugbyrama : Vous êtes arrivé relativement tôt pour préparer cette nouvelle saison, c’était essentiel pour assurer la transition entre Top 14 et Pro D2 ?

Jérémy Davidson : L’idée était de pouvoir travailler rapidement sur l’effectif, car il existait pas mal de clauses libératoires en cas de descente en Pro D2. Pendant cette période de transition, le premier objectif était de consolider le groupe déjà présent en cherchant de jeunes joueurs français pour le compléter, même si ce travail est intervenu un peu tard dans la saison. Le second objectif était de changer la façon de travailler et mettre en place un nouveau style de jeu, que je souhaitais plus ambitieux. Ce n’est pas un travail qui se fait du jour au lendemain car on avait aussi la volonté d’inclure l’équipe de jeunes dans ce projet de jeu, pour penser à l’avenir et anticiper la succession.

Mais le premier travail n’était-il pas de redonner confiance à une équipe qui venait de finir 14e dans l’élite ?

J.D. : Bien sûr il était important de laver les esprits car quand une équipe est dans une spirale négative il faut faire en sorte de redonner "la banane" aux joueurs pour retrouver le chemin de la victoire et donc de la confiance. On a cette volonté de remonter le plus vite possible en Top 14, mais on sait que cela passera par le travail et par la mise en place de bases solides dans un groupe dans lequel on veut inclure de la jeunesse. Notre volonté est d’inscrire ce projet dans la durée.

Vous avez su encore une fois trouver des joueurs adaptés à la situation, c’est votre grande expérience de ce championnat de Pro D2 qui vous aide à faire souvent de bons choix ?

J.D. : Je ne dirais pas que mes choix ont été toujours les bons, mais aujourd’hui la seule façon de faire un bon recrutement c’est le travail. Il faut passer beaucoup de temps à regarder des vidéos, à chercher de nouveaux talents et avoir des connaissances un peu partout dans le monde. Ensuite il faut encore travailler pour convaincre les joueurs ciblés d’adhérer et d’avoir confiance dans le projet qu’on veut mettre en place. L’idée était autant de trouver des joueurs d’expérience que des jeunes joueurs pour prévoir déjà le futur du CAB.

Brive est dans le bon wagon en termes de classement (5e), comment jugez-vous les résultats du CAB sur le plan comptable dans cette première moitié de saison ?

J.D. : Plus que les simples résultats, je pense qu’on est une équipe en progrès et on doit se focaliser sur cette progression. Sur nos trois derniers matchs à l’extérieur on a réussi à glaner le bonus défensif avec un niveau de possession satisfaisant. On aurait peut-être même pu gagner ces matchs mais notre dernière rencontre à domicile face à Bourg-en-Bresse me prouve que l’on avance dans ce que l’on fait. On a utilisé 40 joueurs depuis le début de saison, dont 10 issus du centre de formation et on a mis en place un turnover pour construire un groupe solide. Il faut du temps pour se mettre au niveau de ce championnat qui est très long et très dur, d’autant plus qu’on se sait attendu partout en tant qu’ancien pensionnaire du Top 14.

Pourtant on vous sent encore un peu en recherche du jeu complet que vous souhaitez mettre en place ?

J.D. : Entre la difficile fin de saison dernière et cette saison, il faut réussir à réinstaller la confiance dans le groupe pour développer au mieux notre jeu. On doit encore prendre conscience de nos capacités individuelles comme collectives et c’est par la victoire que l’on retrouvera cette confiance. Cela passe par une solidité à domicile qui nous retirera de la pression ensuite pour les matchs à l’extérieur, où j’espère nous voir plus performant sur cette seconde partie de saison. On veut clairement monter en puissance sur cette phase retour.

Il faut du temps pour construire un groupe solide et se mettre au niveau de ce difficile championnat de Pro D2. On veut monter en puissance sur la phase retour.

Pourtant Brive connait toujours quelques difficultés loin de son stade Amédée-Domenech, comment l’expliquez-vous ?

J.D. : Ce n’est jamais simple de tout avoir en même temps ! Si on veut promouvoir la jeunesse de notre groupe et faire adhérer tout le monde au projet de jeu, on doit savoir faire tourner notre effectif. J’entends certains dire que l’on ne met pas toujours notre meilleure équipe à l’extérieur, mais si on veut construire et penser à l’avenir, on doit aider tout le monde à progresser. La saison prochaine est une année de coupe du Monde et on aura des joueurs qui vont nous quitter pendant quelques mois. C’est important de prévoir dès maintenant ce problème et de montrer que l’on compte sur tout le monde dans le groupe.

Au moment d’aborder cette phase retour, on constate que l’effectif reste encore en construction (départ de Matthieu Ugalde pour Grenoble, arrivée de l’irlandais Rory Scholes et du Montpelliérain Joris Jurand), Vous aviez encore besoin d’affiner les choses ?

J.D. : Effectivement ! On recherche avant tout la performance et des joueurs investis à 100 % dans notre projet de jeu. Rory comme Joris vont apporter leur expérience personnelle ainsi que leur force de travail aux entrainements. Ils vont aussi nous permettre d’entretenir la concurrence au sein du groupe. Concernant Matthieu Ugalde, il a eu une opportunité de jouer à Grenoble et ne se sentait pas vraiment bien dans ce nouveau projet, où il ne jouait pas assez régulièrement. C’est un joueur de qualité et on lui souhaite vraiment le meilleur succès possible pour la suite de sa saison.

Les supporters s’inquiètent parfois de ne plus voir qu’un ouvreur de métier (Enzo Hervé) dans l’effectif, ce n’est pas votre avis ?

J.D. : Enzo Hervé est en pleine progression et on ne peut pas dire que l’on veut privilégier la formation française sans donner une chance aux jeunes joueurs de progresser en compétition. C’est important pour nous de donner du temps de jeu à Enzo et une vraie opportunité d’avoir pu prolonger son contrat avec nous pour lui montrer que l’on compte sur lui pour l’avenir du club. Au-delà d’Enzo, j’ai aussi d’autres solutions à ce poste avec Stuart Olding, Thomas Laranjeira qui a une formation d’ouvreur, ou même Samuel Marques qui peut également dépanner à ce poste en cas de problème.

A l’image d’Enzo Hervé, la confiance est faite aux jeunes cette saison. La seconde partie du championnat doit aussi les préparer pour les phases-finales ?

J.D. : Qui aurait pu croire il y a un an de cela que l’on s’appuierait autant sur nos jeunes du centre de formation ? Demba Bamba, bien sûr, mais aussi Simon Chauvac, Peniami Narisia, Retief Marais, David Delarue, Vasil Lobzhanidze ou encore Ken Bikadua jouent aujourd’hui régulièrement en équipe première et c’est grâce à leur travail et leur investissement dans le groupe qu’ils ont mérité ce temps de jeu. On est dans une logique de reconstruction, le plus vite possible, et c’est en donnant du temps de jeu à nos jeunes que l’on parviendra à construire des bases solides pour l’avenir du club.

Dans cette logique de reconstruction la performance immédiate est-elle possible ? Le club n’a aujourd’hui pas d’autres objectifs que La remontée en Top 14 ?

J.D. : Clairement je souhaite que l’on termine dans les deux premiers du classement pour aborder les phases finales dans les meilleures conditions. Ce n’est pas parce que l’on souhaite construire que nous n’avons pas déjà la volonté d’être performant. Ces deux notions ne sont pas incompatibles, bien au contraire. Continuons de progresser dans cette seconde partie de saison pour atteindre nos objectifs. Tout commence dès vendredi avec ce déplacement important à Colomiers.