Lafond: "Saint-André n'y arrive pas..."

Parlez-nous de notre équipe de France...

J-B.L: Elle joue par réaction. On a souffert contre l'Australie et je pense que l'on a gagné le match contre eux alors que nous aurions dû le perdre. Et inversement, nous perdons contre l'Argentine alors que nous aurions dû le gagner. Ils mettent quatre drops, ce qui est un miracle, les vingt dernières minutes, ils sont à l'agonie mais contre l'équipe de France, et bien ils sont prêts à "crever" pour l'emporter. L'équipe de France a des résultats en dents de scie. Le Tournoi est moyen, la tournée estivale est très moyenne même si ce n'est jamais facile de s'imposer en Australie, mais les scores des deux tests sont lourds.

Concernant la tournée d'automne, le staff est content...bon... L'Australie sera une grosse équipe favorite au titre pour le Mondial. On tapera les Argentins en quart de finale si on bat les Irlandais en poule et on sera en demi-finale. Après, tout peut arriver sur un match. Mais qu'est-ce qui est le plus important ? La Coupe du monde ou le contrôle continu comme au Bac ? Le bac est-il le plus important à gagner ou c'est ce qui se passe de septembre à juin ? C'est une image mais vous voyez ce que je veux dire. C'est ce qui comptera à l'issue de cette compétition mondiale qui est le plus important. Alors oui, les résultats ne sont pas brillants depuis notre finale mondiale disputée contre les All Blacks en 2011 que l'on aurait dû gagner, soit dit en passant. Franchement, c'est un des plus gros scandales sportifs avec l'attribution de la Coupe du monde de foot au Qatar. On a pris une grosse "carotte" et l'arbitrage des vingt dernières minutes, c'est un scandale ! On s'est fait voler. C'est l'attaque du train postal.

L'entraineur de l'Equipe de France, c'est Serge Blanco. Il faut dire les choses comme elles le sont

Depuis, c'est très moyen. Philippe Saint-André est un ami donc je peux me permettre de dire qu'il n'y arrive pas. Il n'a peut être pas les joueurs qu'il faut. Serge (Blanco, ndlr) est arrivé, ce qui veut dire que Saint-André est "invirable" maintenant. De toute façon, il fallait faire quelque chose et avec cent sélections chez les Bleus, Serge connait plutôt bien la maison. La victoire contre l'Australie, c'est la victoire de Blanco. La défaite face à l'Argentine, c'est celle du staff... dont Blanco. La morale de l'histoire est que Philippe restera jusqu'à la Coupe du monde alors que sa situation était très tangente à la fin de la tournée estivale. Mais l'entraineur de l'Equipe de France, c'est Serge Blanco. Il faut dire les choses comme elles le sont. C'est la vérité mais si les gens veulent dire le contraire, ils ont le droit. Le patron, c'est Serge et il a des assesseurs comme Saint André, qui est mon ami et j'insiste à le dire, Lagisquet et Bru.

Ne pensez-vous pas qu'il y a davantage un problème de fond entre les différentes institutions du monde rugbystique ?

J-B.L: Il y a surtout un problème de niveau. On ne peut pas dire que l'équipe de France soit fatiguée. D'autant plus avec la nouvelle charte qui limite le nombre de matchs des internationaux. Il y a tout simplement un problème d'effectif et une baisse de niveau de la génération. En un an, tout peut arriver. Il y a des joueurs que l'on monte tout d'un coup au sommet sans vraiment savoir pourquoi comme Pélissié en novembre 2013, Lamérat en mai dernier et puis, on entend plus parler d'eux ! C'est un truc de fou ce qu'il se passe ! Avant, tu mettais six mois, un an, deux ans avant de pouvoir être sélectionné avec le XV de France alors que maintenant, il suffit de faire un gros match voire une action -car les matchs sont tous télévisés-, pour être appelé. Ajoutez à cela des joueurs qui sont dans la liste des trente et que l'on ne voit plus, c'est "barge" ce qu'il se passe ! Notre équipe nationale n'est jamais aussi bonne que lorsqu'elle est humiliée et jamais aussi mauvaise que lorsqu'elle s'endort. L'équipe de France se cherche encore mais on peut encore aller en finale de la Coupe du monde et la gagner car tout peut arriver en rugby.

Ces échanges par presse interposée entre les présidents étaient drôles mais pathétiques

Jugez-vous les sorties médiatiques des présidents ou entraîneurs plutôt bonnes pour le rugby français ou plutôt néfastes ?

J-B.L: Pourquoi ce serait une bonne chose ? On parle plus d'eux par le biais de déclarations et de petites phrases que des joueurs. Rappelons la demi-finale entre Toulon et le Racing où ils (Lorenzetti et Boudjellal, ndlr) ont fait leur petit cinéma. Ces échanges par presse interposée entre les présidents étaient drôles mais pathétiques. Pendant ce temps, on ne parle pas des joueurs et ces derniers ne s'expriment pas assez. Pas forcément pour critiquer mais qu'ils disent tranquillement ce qu'ils pensent. Et je défendrais toujours les joueurs dans ce sens. Les présidents des clubs sont devenus médiatiques maintenant, ce qui n'était pas le cas il y a quelques années. C'est l'une des attractions du championnat. Il faut leurs noms dans les journaux, c'est la nature humaine qui est ainsi faite.

Après, j'admire surtout les arbitres de Top 14 et davantage les arbitres des niveaux inférieurs car ils se font sans cesse insulter, n'ont pas la vidéo, les ralentis et ils assument pourtant leurs décisions sans tergiverser. Comment peut-on accuser les arbitres notamment de Top 14 de partialité ? C'est un scandale de penser et dire cela. Tout ça parce que les enjeux sont importants et que quand on perd, c'est plus facile de dire que c'est la faute de l'arbitre. Et Bernard (Laporte, ndlr) qui est un ami, vit et entraine dans cette région où les gens s'emportent, est pris à son tour dans le feu de l'action et c'est normal qu'à la sortie des matchs, de temps en temps, il dévisse. Il faut respecter les arbitres et puis c'est tout.