Guazzini: "Le Clasico a bousculé le rugby français"
Vendredi soir (20h45), la 23ème journée de Top 14 s’ouvrira par la prestigieuse affiche entre le Stade français et le Stade Toulousain. Président du club parisien de 1993 à 2011, Max Guazzini revient pour Rugbyrama sur le Clasico du rugby français.
Max, en 1998 le Stade français retrouvait l’Elite du rugby français. Ce match contre Toulouse s’est-il immédiatement imposé comme une affiche à part?
Max GUAZZINI: Il ne faut pas oublier que ces deux clubs sont les plus titrés du Championnat (19 Brennus pour Toulouse, 13 pour Paris, ndlr). Ce match s’est imposé avec la compétition sportive et des rencontres qui ont toujours eu un scénario très haletant. Cette opposition a bousculé le rugby français. En 1998, nous nous retrouvons en demi-finale à Brive et nous y allons un peu résigné. Et contre toute attente, à la surprise générale, on s’impose 39-3. A la mi-temps (20-3), je me dis qu’on ne tiendra jamais et bien si! Bon, l’année d’après on prend une raclée (51-19) en quart de finale au Stadium. Mais cette histoire sportive a vraiment sublimé ce match.
Ce Classico a-t-il permis au Stade français de changer de dimension dès son retour dans l’Elite?
M.G: Aujourd’hui, on pense ça. Mais je vous rappelle qu’à l’époque, en 1998, nous devenons Champion de France en battant Perpignan (34-7) et tout le monde dit que c’est le grand accident de l’histoire. On a eu de la chance mais on a prouvé par la suite qu’on n’était pas un accident. Un journaliste avait écrit en 1993, "le Stade français est un grand club. Il y a cent ans que nous le savons". Cela m’a marqué. Ce renouveau du club était inespéré. On a vécu une aventure humaine exceptionnelle avec les Moscato, Lombard, Laporte…
A l'époque, on disait du Stade français qu'il était un accident de l'histoire
Quel regard portait le monde du rugby sur cette affiche entre le Capitole et la Capitale?
M.G: Je ne me posais pas la question de savoir si on dérangeait. C’était le dernier de mes soucis. Les gens pouvaient penser ce qu’ils voulaient, nous, on était là pour vivre une aventure face au club référence. Et j’ai toujours rappelé à nos détracteurs, à tous ceux qui nous accusaient de faire du parisianisme, que les premières finales du Championnat de France se jouaient à Paris entre quatre clubs parisiens: le Stade français, Inter-Nos, Olympique et un autre club que je ne citerai pas (Racing Club de France, ndlr).
Ce Classico a rarement mis en scène une confrontation de Présidents par médias interposés…
M.G: On se branchait un peu, gentiment, mais si on ne peut plus rigoler dans le rugby. Il y avait quand même un gros respect réciproque entre les joueurs même s’il pouvait y avoir quelques bisbilles. Il faut avoir le sens de l’humour (sourire).
Lors de notre premier match au Stade de France, face à Toulouse, j'avais les larmes aux yeux
Cette rencontre a également permis de souligner votre sens inné du show…
M.G: Il faut rappeler qu’à nos débuts, nous n’avions pas de public. Il fallait bien aller le chercher. Et moi, j’aime les stades pleins. Cela a été un long chemin. On est passé en moins de dix ans de 0 à 80 000. Ce n’est pas un hasard. Mais on pouvait tout se permettre par rapport à d’autres clubs plus ancrés. On s’amusait!
Quel est le Clasico qui vous a le plus marqué?
M.G: Le premier match que j’ai organisé au Stade de France, le 15 octobre 2005, était contre Toulouse. Comment voulez-vous oublier cette date, bientôt dix ans plus tard, dans un stade à guichets fermés? Il fallait être un peu fou. Mais si on n’ose pas dans la vie… Tout est toujours possible. J’en avais les larmes aux yeux. Aujourd’hui, beaucoup de clubs font beaucoup parler d’eux mais à mon époque, c’était l’Affiche. Le Stade français est un peu responsable de la médiatisation de ce Clasico avec des matchs organisés dans des enceintes somptueuses. On a donné un coup de pouce à cette rivalité bien réelle.
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