Ratini, le nouveau "Fidjien volant"

En ce début de saison, Alipate Ratini marche sur l’eau. L’ailier de Grenoble a inscrit neuf réalisations en neuf rencontres de Top 14, le dernier dimanche à Toulon. Meilleur marqueur d’essais du championnat, le Fidjien affole les défenses par sa vitesse supersonique. C’est un peu Monsieur plus, résume Sylvain Begon, l’entraîneur des avants du FCG. Il est capable de marquer des essais comme il l’a fait contre Brive, certes avec un peu de réussite, dans des couloirs de cinq mètres en bord de touche. Il casse les plaquages même quand on s’oppose à lui. Aujourd’hui ce n’est plus une arme secrète, tout le monde le connaît, mais c’est une arme très importante comme peut l’être Talebula avec Bordeaux. Si sur le terrain, "Ratu" se met en avant par ses coups d’éclat, dans la vie de groupe, il est discret. C’est quelqu’un de très timide, très introverti et qui a aussi des moments de folie. Dans le groupe, c’est quelqu’un qu’on n’entend pas beaucoup, qui a toujours le sourire et qui est capable de blaguer avec ses amis proches. Je pense à Nigel Hunt et Daniel Kilioni. Ils sont toujours ensemble, raconte Begon.

Déguisé en mammouth à Oyonnax

En dehors du groupe, le Fidjien est aussi souriant et disponible avec ses nombreux supporters. Mercredi 22 octobre, alors qu’il sortait d’une longue séance dans le froid glacial de Grenoble, Ratini a pris le temps de signer autographe sur autographe et accepté chaque demande de photo de ses nombreux fans. Avec micros ou caméras, par contre, sa timidité ressort. Il cherche plutôt à les éviter. Ratini peut être aussi parfois déroutant. Ainsi à Oyonnax, où il était laissé au repos, le Fidjien a enfilé le costume du mammouth, la mascotte d’un groupe de supporters du FCG avec qui il avait effectué le déplacement, déambulant dans le stade Charles-Mathon.

Alipate Ratini, 23 ans, est arrivé la saison dernière à Grenoble, où après un temps d’adaptation, compréhensible, à la vie française et au club, il avait déjà fait étalage de ses qualités par exemple contre Castres ou à Toulon. C’est lui qui avait intercepté la passe de Wilkinson pour l’essai vainqueur du FCG à Mayol en janvier (22-21). Cette saison, le Fidjien a pris encore une autre dimension. Je travaille beaucoup sur mes points faibles pour m’améliorer. J’ai progressé sur ma défense et sur ma technique individuelle à Grenoble, explique-t-il. Son retour sur Bryan Habana, en première mi-temps dimanche, lui faisant perdre le ballon après un bon plaquage, en est une illustration.

Ses performances avec le FCG ne sont pas passées inaperçues. Le sélectionneur des Fidji John McKee l’a convoqué pour la première fois parmi un groupe de 30 joueurs appelés à disputer la tournée européenne, avec trois tests contre la France samedi, le pays de Galles le 15 novembre et les Etats-Unis le 21. Je suis heureux parce que c’est la première fois que je suis sélectionné dans l’équipe des Fidji. C’est une grande réussite pour moi. Le sélectionneur m’a dit qu’il est content de moi, de mes performances avec Grenoble et de ma forme, se réjouit Ratini.

Ratini: "Je vais essayer de faire de mon mieux pour être le n°14 des Fidji"

Désormais son objectif est d’être présent sur la pelouse de Marseille face aux Bleus. Il y a une grosse concurrence mais je vais essayer de faire de mon mieux pour être le n°14 des Fidji comme je suis le n°14 de Grenoble. C’est mon objectif. En tout cas, le Fidjien voit cette aventure avec l’équipe nationale de manière positive pour lui bien sûr, mais qui profitera aussi au FCG. Je pense que je serai meilleur pour Grenoble après mon expérience avec les Fidji parce que je vais côtoyer des joueurs internationaux, une sélection professionnelle. Je vais travailler dur et progresser. C’est bon pour le club et pour moi. Du côté du FCG, où il a prolongé jusqu’en 2017, on se félicite aussi de sa sélection. C’est une très bonne nouvelle pour lui et pour nous. Ça veut dire qu’on a misé sur le bon garçon. C’était quelqu’un qui jouait à VII, qui était très peu connu. Le fait qu’aujourd’hui il brille à XV et qu’il soit pris avec sa sélection, c’est remarquable. On est très contents pour lui et très fiers, réagit Sylvain Begon.

Alipate Ratini voit comme "un signe" d’honorer peut-être sa première sélection contre la France. Et pour que la première, si première il y a, soit réussie, le Fidjien se verrait bien ouvrir son compteur d’essais contre les Bleus. Je vais essayer de marquer un essai contre la France, ce serait bien, confirme l’intéressé. Les Français vont découvrir à l’occasion de cette rencontre le nouveau haka fidjien que Ratini a continué d’apprendre ces derniers jours. Pour lui et les Fidjiens en général, il revêt une grande importance. Quand tu exécutes le haka, cela donne plus de confiance, de puissance en toi. Ça te donne envie de manger les autres (sic). Messieurs les Tricolores, si besoin est, vous êtes prévenus.