Fofana : "Je dois refaire mes preuves"

  • Wesley Fofana
    Wesley Fofana
  • Wesley Fofana - France
    Wesley Fofana - France
  • Test Match - Wesley Fofana et Rémi Lamerat (France) contre la Nouvelle-Zélande le 28/11/2016
    Test Match - Wesley Fofana et Rémi Lamerat (France) contre la Nouvelle-Zélande le 28/11/2016
  • Hugo Bonneval, Wesley Fofana et Mathieu Bastareaud (France) lors d'une session d'entrainement
    Hugo Bonneval, Wesley Fofana et Mathieu Bastareaud (France) lors d'une session d'entrainement
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Longtemps considéré comme indispensable à l'équipe de France, le Clermontois a disparu de la scène internationale pendant dix-neuf mois, en raison de graves blessures. A l'occasion de son retour, il se confie.

Rugbyrama : Il y a quelques années, vous nous disiez : "chez Conrad Smith, j'aime tout". Maintenant qu'il est parti, quel All Black vous inspire ?

Wesley Fofana : Il y a le choix ! Mais depuis pas mal de temps, je regarde Ben Smith avec beaucoup d'intérêt. Il est excellent dans tout ce qu'il fait. Ça, c'est pour l'affectif. Ensuite, il y a Beauden Barrett. Il faut bien reconnaître qu'il a toute la panoplie du grand rugbyman. Y'a rien à dire.

Les All Blacks ne sont d'ailleurs pas les mêmes avec ou sans Barrett. Ce week-end, il ne sera pas là...

W.F. : Je pense qu'il y a quelque chose à faire. On sait que les All Blacks ont été touchés dans leur orgueil, la semaine dernière, par notre résistance à quatorze. Il faut faire attention à leur réaction. Mais nous devons garder notre confiance, notre envie. Et il nous faut jouer notre chance à fond, dès qu'elle se présentera.

Avec une troisième défaite mais un bon match, samedi, la tournée serait-elle malgré tout réussie ?

W.F. : Non. Ce serait faux d'affirmer le contraire. Le contenu des matchs est ce qu'il est, dépendant des faits de jeu qui font son scénario. Le deuxième match, sans le carton rouge, est-ce qu'on a la même réaction ? Tout le monde dit : "à 15, on gagne", mais n'est-ce pas tout l'inverse ? Est-ce que les Néo-Zélandais se seraient trouvés déstabilisés de la sorte ? C'est impossible à prédire. Le seul jugement qui vaille, c'est la victoire. Ou la défaite. Nous, on a perdu. Certes avec beaucoup d'orgueil et de férocité, mais on a perdu. On ne peut pas l'occulter.

Cette équipe de France est souvent qualifiée de valeureuse, de généreuse. Est-ce suffisant ?

W.F. : (il hésite) Je ne sais pas trop. A court terme, j'imagine que c'est déjà bien. A long terme, ça ne suffira pas. Je pense qu'on aura besoin d'autres choses. De plus de qualités collectives. Mais ce long terme se construit sur la base du combat. C'est notre socle. Dessus, il faudra demain qu'on soit plus organisés, plus puissants, plus rapides. C'est impératif.

Wesley Fofana - France
Wesley Fofana - France

Tous les joueurs ont-ils conscience de ces manques, ou certains se rassurent-ils avec cette satisfaction du combat ?

W.F. : On en parlait avec quelques-uns, après le match. Pour les plus jeunes, il y a une euphorie dans cette solidarité. Les plus anciens, les plus expérimentés, on sait que ça ne suffit pas. On essaie de ramener tout le monde sur terre : l'équipe a fait quelque chose de fort à Wellington, certes. C'est très bien mais ça aboutit à une défaite. Tout le monde doit prendre conscience que ça ne suffit pas. Il faut qu'on appuie encore un peu plus fort.

Faites-vous désormais partie de ces anciens ?

W.F. : J'imagine.

Est-ce difficile à accepter ?

W.F. : Non. Je vais tout faire pour faire partie de ce groupe, pour être à la Coupe du monde. Mais ensuite, ce sera "place aux jeunes", je le sais. Je m'y suis fait. Je prends les moments actuels avec bonheur et envie.

Êtes-vous un leader ?

W.F. : Ce n'est pas à moi de le dire. Les coachs non plus ne peuvent pas décider de leurs leaders. Ça vient nécessairement du groupe, sinon, ça ne marche pas. Les joueurs doivent avoir envie de suivre la personne leader, ça ne se décide pas. Si certains ont envie de me suivre sur le terrain, tant mieux. Sinon, ce n'est pas grave. Ça ne me prend pas la tête. Je donne mon maximum, c'est tout ce qui me préoccupe. Si certains piochent dans ce que je propose, tant mieux.

Vous avez longtemps été un indiscutable du XV de France. Après dix-mois mois d'absence sur blessure, sentez-vous ce statut en danger ?

W.F. : Je me sens surtout chanceux de me sentir à nouveau bien, physiquement, et d'être présent ici. Je ne sais pas si le sélectionneur me considère comme un indiscutable. Moi, je me préoccupe de saisir les opportunités qui se présentent. Parce que je veux jouer la Coupe du monde.

Test Match - Wesley Fofana et Rémi Lamerat (France) contre la Nouvelle-Zélande le 28/11/2016
Test Match - Wesley Fofana et Rémi Lamerat (France) contre la Nouvelle-Zélande le 28/11/2016

Êtes-vous reparti de zéro ?

W.F. : De zéro, non. Mais pendant mon absence, d'autres ont joué et ont été bons. Si je dois retrouver un statut, ça se fera naturellement, au seul regard de mes bonnes performances. Je dois refaire mes preuves. S'il peut y avoir parfois des statuts, dans une équipe, ils ne sont pas infinis...

Comment avez-vous vécu ce déclassement ?

W.F. : Maintenant, bien. Au début, ça a été plus dur. Quand je me suis rompu le tendon d'Achille (janvier 2017) je l'ai mal vécu parce que j'étais dans une bonne période, une bonne forme. Tout allait bien. Ça m'a fait "chier" de devoir stopper ça. Au résultat du scanner, qui confirmait la blessure, je me suis resserré autour de ma femme, de mes enfants et j'ai pleuré un bon coup. Il m'a fallu six semaines pour évacuer. Pendant ce laps de temps, j'ai coupé avec le rugby.

Vous n'avez alors pas regardé les matchs du Tournoi 2017 ?

W.F. : Non. J'ai vraiment coupé. Je voyais passer les résultats, c'est tout. J'ai eu besoin, pendant un temps, de ne plus entendre parler de rugby.

Et pour les cervicales ?

W.F. : Il n'était plus question de rugby. Le chirurgien m'a dit que j'aurais pu mourir. Là, le rugby devient très anecdotique. De manière générale, en-dehors du fait que c'est mon métier, j'ai plus trop la tête au rugby toute la journée. Beaucoup moins qu'avant.

Pour vous protéger ?

W.F. : Même pas. Ces épisodes douloureux m'ont simplement ouvert les yeux sur l'importance de ma famille. A quel point tout passe vite. Avec le rugby, je suis souvent loin d'eux. Mes enfants grandissent et ne m'attendent pas. Le rugby, c'est mon métier, ma passion mais quand je suis à la maison, je ne veux plus penser qu'à ma famille.

Hugo Bonneval, Wesley Fofana et Mathieu Bastareaud (France) lors d'une session d'entrainement
Hugo Bonneval, Wesley Fofana et Mathieu Bastareaud (France) lors d'une session d'entrainement
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