Le patron, c'est Lièvremont

Par Rugbyrama
Publié le Mis à jour
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Le trio qu'il formait avec Emile Ntamack et Didier Retière éclate. Le sélectionneur du XV de France "reprend la main" : il va se rapprocher du terrain, diriger les entraînements et ne sera plus assisté par ses adjoints en conférence de presse.

Coup de tonnerre ce mardi au CNR de Linas-Marcoussis où Marc Lièvremont avait invité quelques journalistes de différents médias, dont Midi Olympique. Autour d'un déjeuner convivial, le sélectionneur du XV de France a annoncé plusieurs changements dans l'organisation des Bleus, effectifs dès le Tournoi et jusqu'à la Coupe du monde. Première chose : son retour au terrain. Plus "observateur", pour reprendre son mot, qu'exécutant, jusqu'alors, lors des entraînements, Lièvremont va reprendre la main. En particulier avec les trois-quarts, dont il avait complètement abandonné la responsabilité à Emile Ntamack. "Je suis un ancien avant et, par sensibilité, je me suis beaucoup investi avec eux jusqu'à maintenant. J'ai délégué les trois-quarts à Milou mais je l'ai laissé trop seul. J'ai essayé de rééquilibrer les choses en impliquant Gonzalo Quesada mais ça n'a pas fonctionné et je ne m'en suis pas rendu compte assez vite".

Autre changement : la stratégie, les lancements de jeu, seront désormais validés dès le lundi de la semaine précédent le match du week-end. Jusqu'alors, ils étaient travaillés par séquence tout au long des jours de préparations, et les joueurs s'y perdaient parfois un peu. Deuxième point : ses adjoints ne seront plus présents lors des conférences de presse. Lièvremont parlera seul au nom du XV de France. Ntamack et Retière auront bien sûr toujours le droit à la parole, mais plus dans ce cadre-là. "J'ai toujours voulu impliquer les membres de mon staff, à commencer par Didier et Emile. Mais je pressentais qu'il fallait que je reprenne la main. Le même message exprimé par trois personnalités différentes, cela a pour effet de le diluer ou de le compliquer".

La "branlée"a permis de crever l'abcès "

La "branlée" reçue contre l'Australie (16-59) n'aura donc pas été totalement vaine. "Elle a aussi permis de crever l'abcès avec les joueurs", dit le sélectionneur. Avec le capitaine Thierry Dusautoir notamment. "J'ai été très dur avec lui au lendemain du match mais sans jamais remettre en cause son capitanat. C'est moi qui l'ai choisi et il est incontournable. J'espérais un lien plus étroit, non pas entre lui et le staff, mais entre lui et moi. Il est parti en vacances pendant une semaine et nous nous sommes parlés à son retour. Je voudrais qu'il se concentre sur son jeu. Dans son rôle de capitaine, il subit trop son rapport à la presse. Je lui ai aussi demandé de le changer". Le projet de jeu ? "Il n'est pas farfelu, comme je l'entends dire, il n'est pas non plus issu de la DTN, et je suis persuadé qu'il est validé dans son ensemble par les joueurs".

Son management ? Il a été l'objet de quelques erreurs, que Lièvremont reconnaît volontiers. Elles ont d'ailleurs été au menu d'une discussion musclée avec Pierre Camou lors d'un déjeuner en tête à tête la semaine dernière : ne pas avoir aligné Dusautoir lors du premier test de la tournée d'automne face au Fidji ; l'affaire Ouedraogo ; et le renvoi d'Harinordoquy pour l'Australie. Néanmoins, l'entrevue entre le président de la FFR et le sélectionneur semble avoir eu le mérite de regonfler ce dernier. "Depuis l'affaire du VII (avant la tournée d'été, NDLR), j'avais le sentiment que nos routes s'étaient éloignés. Cet échange a été très constructif".

Quant au bilan de Marc Lièvremont depuis trois ans qu'il est aux commandes du XV de France, le sélectionneur lui-même le traduit par les chiffres : "31 matchs, 18 victoires et 13 défaites, dont trois majeures". Lesquelles ? "L'Angleterre (2009), l'Argentine et l'Australie (2010), juge-t-il. "Après la défaite en Argentine, j'ai passé un sale été. Je me suis senti responsable, j'ai subi cette tournée et j'ai été très marquée". L'Australie, elle, aura donc permis de mettre les choses à plat. Des choses que Lièvremont lui-même a proposé de venir exposer au comité directeur de la FFR, vendredi dernier. "Il n'a jamais été question que je sois mis sous tutelle, précise-t-il. Cela n'a jamais été envisagé par moi ni par mon président".

Combattif, motivé, le sélectionneur des Bleus veut aussi que l'on cesse de le considérer comme "un mec sympa, qui a des valeurs", mais "jeune, inexpérimenté et donc incompétent". "Je ne me suis jamais senti débordé par ma mission", affirme-t-il, jurant également ne s'être "jamais senti aussi confiant que depuis quinze jours". "Si le rugby français garde cette organisation, des grosses branlées, on en prendra d'autres, quel que soit le sélectionneur. En revanche, je suis persuadé qu'on n'en prendra plus en 2011 et qu'on sera compétitif pour le Tournoi et la Coupe du monde". Désormais, le patron, c'est Lièvremont.

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