Nallet, doyen rajeuni

L'année 2008 avait semblé marquer le crépuscule de la carrière de Lionel Nallet : une épouvante saison galère à Castres, la perte du capitanat du XV de France au profit de Dusautoir et un départ chez le clinquant Racing-Metro aux allures de baroud d'honneur. Deux ans plus tard, on retrouve pourtant le deuxième ligne de 34 ans au sommet de son art et de sa maturité. Interrogé en conférence de presse sur "le fait de ne plus être capitaine", le Racingman a répondu sans sourciller : "Non, ça ne change pas grand-chose." On pourrait même prétendre le contraire : cette déchéance a libéré le Berjallien de formation, visiblement oppressé dans cet imposant costume. Au point de s'être installé comme un incontournable chez les Bleus, à l'instar de William Servat ou de Thierry Dusautoir.

Lionel Nallet s'impose aussi comme l'ambassadeur le plus fringant de la cure de jouvence "Racing-Metro" : "C'est vrai que je suis très bien au Racing. Ca se passe bien, on a des résultats intéressants, un staff qui prend soin de moi. Dès qu'il y a un coup de fatigue, ils nous mettent au repos", se réjouit l'international aux 57 sélections. Utilisé avec parcimonie – huit titularisations en douze rencontres de championnat, le deuxième ligne s'est présenté à Marcoussis avec du rythme et une fraîcheur préservée. Sa convaincante prestation face aux redoutables Pumas, samedi à Montpellier, parle à elle seule. "C'est vrai que quand on arrive sur les sélections, ça permet d'être mieux physiquement. Et je prends beaucoup de plaisir, tout simplement."

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A l'heure où le XV de France suscite une valse de questions et de débats, son cinq de devant apparaît comme une des rares mais incontestables sources de satisfaction et de stabilité. "C'est une bonne chose (de redémarrer avec les mêmes joueurs, N.D.L.R.), ça permet d'avoir tout de suite des repères. Ca nous impose aussi d'être performant." Un seul maillot reste en fait à pourvoir : le numéro 5. Julien Pierre possède une longueur d'avance dans sa course à distance avec Millo-Chluski, Papé ou encore Thion pour décrocher le poste d'associé du Bourguignon.Le Clermontois, une nouvelle fois titularisé face à l'Australie, abattra d'ailleurs une carte majeure en vue du Mondial 2011.

A l'image du XV de France, en quête absolue de certitudes. L'expérimenté Lionel Nallet mesure, du haut de ses 57 capes, le chemin restant à accomplir avant l'événement planétaire."Quand on regarde sur le jeu arrêté, les relances, l'organisation, les Australiens se replacent très vite, ils ont énormément de relances pour déstabiliser les défenses. Nous, on essaie de travailler là-dessus mais on n'a pas toujours le temps, on n'est pas assez ensemble." Face à la jeune et insaisissable armada australienne, la science et les qualités athlétiques du deuxième ligne se révéleront donc encore indispensables au XV de France. Alors, Lionel Nallet, doyen des Bleus ? Uniquement sur la feuille de match...