Un château de cartes

Il est évident que la saison des internationaux français a été longue. Ce lundi en arrivant à l'aéroport Charles De Gaulle, les trente joueurs retenus retenus par Marc Lièvremont gouteront à des vacances bien méritées après onze mois de compétition. Enfin, cette affirmation mérite tout de même d'être approfondie. Certains avaient en effet bénéficié d'une longue plage de repos au mois de mai puisque la dernière journée du championnat avait eu lieu le 24 avril, soit plus d'un mois avant le rassemblement de l'équipe de France. Aussi, le staff technique bénéficiait d'un temps de préparation satisfaisant lors de ce mois de juin. En effet, il pouvait s'appuyer sur deux semaines de travail avant chaque test-match. Du jamais vu ! Surtout, si la fatigue, physique et mentale, pouvait être une explication de la déroute tricolore au Cap face à des Sud-Africains au coeur de leur saison, elle n'est pas recevable face aux Argentins. Les Pumas vivent au rythme européen et même français pour la plupart d'entre eux. Surtout, ils avaient déjà disputé deux tests matchs face à l'Ecosse avant d'affronter le XV de France. Au lieu de parler de fatigue, le sélectionneur a logiquement préféré parler d'investissement au moment d'analyser deux défaites historiques : "Il n'y a pas d'explication technique ou tactique, il n'y a pas eu d'engagement (…) Je suis dévasté, j'ai honte." La colère du staff technique au surlendemain du naufrage sud-africain n'a rien changé.

"Un champ de ruines"

Les certitudes nées du Grand Chelem ont volé en éclats. La sérénité et la force tranquille de cette équipe, capable pendant l'hiver d'attendre son heure en misant sur une défense de fer et une mêlée puissante, se sont évanouies au fil des plaquages manqués et des réactions très épisodiques des avants. La France n'est toujours pas capable de s'inscrire dans la durée en terme de performance. La faute à qui ? À quoi ? Deux questions auxquelles le rugby français n'a jamais su répondre. A défaut de trouver des solutions sur le long terme, Marc Lièvremont doit maintenant tirer les conséquences de cet échec retentissant et il est même conscient qu'une reconstruction s'impose : "C'est la désolation, un champ de ruines." Un constat alarmant à un an de la Coupe du monde aussi bien sur le plan de jeu que sur le choix des hommes. Le chantier qui attend les Bleus est immense et ne pourra avancer qu'à condition de travailler. Les séances d'entraînement ont été courtes pendant les quatre dernières semaines, souvent allégées au profit de plusieurs journées de repos ou consacrées à des visites culturelles. Pas sûr que ce soit le meilleur moyen pour se concentrer sur les objectifs sportifs.