On ne chatouille pas un géant

Par Rugbyrama
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Les Montpelliérains ont commis une petite faute en annonçant leur ambition haut et fort avant d'aller à Toulouse. Ils n'ont fait qu'attiser la motivation du leader, déterminé à montrer à l'effronté qui était le patron. Une bonne leçon pour le MHRC dans sa

Personne ne conteste à Montpellier le droit d'afficher son ambition. Comment ne pas s'en féliciter, d'ailleurs? Le Top 14 a tout à gagner d'une nouvelle place forte, d'un championnat plus homogène, sortant des standards habituels menant de Toulouse à Paris en passant par Clermont ou Perpignan. Bayonne est venu se mêler à la lutte, et les Montpelliérains, forts d'une génération exceptionnelle et d'un futur recrutement probablement haut de gamme, seront les bienvenus dans les hautes sphères. Ils ont simplement commis une faute en parlant un peu trop dans les jours précédant leur déplacement à Toulouse.

Qu'on ne se méprenne pas. Il n'y avait aucune morgue dans les propos héraultais. Au contraire. Leurs paroles témoignaient surtout du profond respect que leur inspire le Stade toulousain. Mais en clamant haut et fort leur désir de viser le Brennus d'ici trois ans, et de venir à Toulouse pour gagner, le MHRC n'a fait que chatouiller son hôte. Ils veulent venir faire des châteaux de sable dans notre jardin privé? On va leur montrer, ont dû se dire les Toulousains, compétiteurs hors pair. Comme si le leader n'était pas assez fort comme ça pour qu'il faille, en plus, lui servir sur un plateau un surcroit de motivation supplémentaire.

Dusautoir: "Heureusement, ils nous avaient prévenus"

La réplique stadiste s'est orchestrée en trois temps. Avant, pendant, et après le match. Premier acte, avec une ou deux piques bien senties, entre ironie et remise en place, comme celle de Jean Bouilhou, deux jours avant la rencontre. "Non, ils n'ont pas changé de catégorie, avait assené le capitaine stadiste. Ils sont toujours dans le milieu du classement et c'est toujours difficile d'afficher des ambitions quand on n'a rien gagné." Guy Novès, en faisant mine d'être sérieux, assurait de son côté que Montpellier "faisait froid dans le dos".

Ensuite, et c'est évidemment là que la réponse fut la plus probante, la plus cinglante aussi, Toulouse a démontré par A+B sur le terrain ce qui séparait encore les deux équipes. 34-0, cinq essais, une partie à sens unique, et une intensité tenue jusqu'à la 80e minute afin de ne rien céder à cet impétueux visiteur. Montpellier voulait faire de ce match un choc, mais de match il n'y a même pas eu. Le MHRC voulait savoir. Il sait. Après quoi il était temps de passer la troisième couche, en sortant du terrain. Retour de l'ironie. "Heureusement, ils nous avaient prévenus", s'amuse Dusautoir dans La Dépèche du Midi. Le score reflète notre domination. Les Montpelliérains voulaient un test. Nous avons fait en sorte qu'ils puissent s'étalonner." Bref, Toulouse leur a montré qui était Raoul.

A l'évidence, le Stade avait très bien préparé son affaire. En grande partie grâce aux Montpelliérains. "Nous avions préparé ce match en sachant que les Montpelliérains voulaient le gagner. Cela a décuplé notre motivation", avoue Grégory Lamboley, auteur du premier essai. A charge pour les Montpelliérains, qui ont tout l'avenir devant eux, de retenir la double leçon du maître. Preuve que l'expérience, si elle se gagne sur le terrain, doit aussi s'acquérir en dehors, dans la manière de gérer un évènement, de communiquer avant un match. Pas encore prêt, petit scarabée...

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