Jour de fête

D'un côté, la passion, le poids de la tradition. De l'autre, la réalité des chiffres. Face à face, la chaleur des souvenirs de confrontations entre hommes et les statistiques, glaciales. Le derby landais entre Dax et Mont-de-Marsan, samedi soir, sera le cul entre ces deux chaises, tiraillé entre l'inévitable querelle de clocher qui fait tout son charme et des enjeux à plus grande échelle. Car Dacquois et Montois jouent bel et bien leur avenir au sein de l'élite lors des trois dernières journées de Top 14. Les deux voisins sont à ce jour dans la zone des relégables, avec des chances limitées d'en sortir. Mais ils veulent jouer le coup à fond. L'ironie du calendrier veut qu'il n'y aura qu'un survivant samedi soir au plan sportif. Au mieux.

Au moins reste-t-il un enjeu. En gagnant l'un comme l'autre le week-end dernier alors qu'ils restaient sur des séries catastrophiques (10 défaites pour Dax, 8 matches sans victoire pour Mont-de-Marsan), l'USD et le Stade ont pimenté ce derby. Personne n'est encore mathématiquement condamné. Evidemment sur le papier, le match pèse plus lourd pour les Dacquois. En cas de victoire, associée à une défaite probable de Bourgoin à Toulouse, ils pourraient revenir à deux points, voire un seul en cas de bonus défensif, du CSBJ, actuellement premier non-relégables. De quoi reprendre vie avant les deux derniers actes de la saison.

13, le porte-bonheur?

De leur côté, les Montois savent qu'en s'imposant à Maurice-Boyaud, ils peuvent entrainer Dax avec eux dans la tombe et rayer les landes de la carte du Top 14. Ils n'en font pourtant pas un objectif. "Franchement, cela ne nous guide pas. Il y a un moment qu'on ne fait plus de calculs", assure Eric Lamarque vendredi dans Midi Olympique. D'autant que, secrètement, ils espèrent encore se maintenir. Si la 12e place semble quasiment inaccessible, ils se disent que la 13e pourrait leur permettre de s'en tirer... comme ce fut le cas pour Dax l'an dernier, lorsque l'USD avait profité de la relégation administrative du SC Albi. Cette fois, c'est Bourgoin qui se retrouve dans une situation économique précaire, laissant planer un doute sur son avenir. Le 13 deviendrait alors le chiffre porte-bonheur du département.

Davantage que le futur des Dacquois, c'est donc bien le leur qui intéressé les Montois. Tout le monde a donc quelque chose à jouer samedi soir. Si le derby n'en sera que plus pimenté, il n'en sera aussi que plus tendu. Pas sûr, pourtant, que le spectre de la descente gomme les effets des particularismes locaux. Au coup d'envoi, à 20h35, la notion de derby reprendra tout son sens. Ce sera alors une question de fierté. Ainsi vont les derbies. "Ce clivage historique est sympathique, note Eric Lamarque. Ca galvanise à la fois les laveurs sportives et tout le département. Malheureux est celui qui n'a pas à vivre ce genre d'évènement ." Samedi, indépendamment de la brutale vérité des chiffres, c'est donc jour de fête dans les Landes.