Toulouse se fait une raison

Un seul mot. Respect. Quand un champion quitte la scène, il est rare qu'on lui crache dessus. Mais il ne suscite pas forcément l'unanimité qui a entouré l'annonce du de la retraite prochaine de Fabien Pelous, jeudi. Tous, partenaires, anciens partenaires, entraineurs, anciens entraineurs ou adversaires, ont fait part de leur profond respect pour celui qui a marqué de son empreinte le rugby français pendant près de 15 ans. Comme si, déjà, chacun pressentait que le départ du deuxième ligne toulousain allait laisser un vide béant. Ce sentiment est particulièrement perceptible sur les bords de la Garonne.

A Toulouse, on ne va pas seulement perdre une grande figure du rugby hexagonal, mais plus prosaïquement un joueur de première catégorie, encore au top niveau cette saison, et dont l'impact sur et en dehors du terrain est incomparable. Le champion de France ne voit pas s'envoler un vétéran au bout du rouleau, aux performances anecdotiques. Comme le note Richard Dourthe, "quand tu es indiscutable à Toulouse comme c'est son cas, c'est que tu es le meilleur deuxième-ligne français, ou presque." Au Stade, on n'aurait donc pas vu d'un mauvais oeil que le recordman des sélections en équipe de France prolonge un peu plus l'aventure. "S'il avait voulu jouer un an de plus, nous l'aurions bien entendu accepté d'autant plus que cette année il fait encore une fois une saison remarquable", concède le président René Bouscatel.

"Il va falloir maintenant que le Stade toulousain digère son départ"

Plus dur, parce que Fabien Pelous n'est pas un personnage tout à fait comme les autres. Ses équipiers paraissent d'ailleurs touchés par son annonce, même s'ils la sentaient venir ces dernières semaines. "Pour nous, avoue Yannick Jauzion, c'est une grande déception." Sans discuter évidemment une seconde la décision du "grand", le trois-quarts centre international mesure la perte: "Fabien est quelqu'un qui a des qualités sportives irréprochables sur le terrain et il exprime la sérénité avant et pendant le match. Il a apporté beaucoup de confiance au groupe et c'est pour cela que l'on perd quelqu'un d'important."

Pour Romain Millo-Chluski, le vide sera peut-être un peu plus grand que pour d'autres. D'abord en raison de sa proximité sur le terrain avec Pelous, en deuxième ligne, qui se prolongeait d'ailleurs en dehors. "Il était mon collègue de chambre lors des déplacements. Il va laisser un grand vide dans les vestiaires. Même si sa décision lui appartient, j'ai un sentiment bizarre", avoue-t-il. Entre admiration, hommage et nostalgie, les Toulousains nourrissent des sentiments mitigés depuis jeudi. Mais en filigrane, chacun doit penser à l'avenir. L'avenir immédiat, d'abord. Il reste au maximum cinq matches dans la carrière de Pelous, si Toulouse va en finale. Tout le monde rêve de lui offrir cette apothéose. "On a encore des moments intenses à vivre jusqu'à la fin de la saison ", rappelle Millo-Chluski.

Puis il sera temps de tourner la page pour de bon. Guy Novès s'y prépare. "J'ai eu la chance dans mes 25 ans de carrière de croiser ce joueur et pour moi, il fait partie des plus grands. Il va falloir maintenant que le Stade toulousain digère son départ ", soupire le manager toulousain. René Bouscatel ne doute pas que ce sera le cas. "Le départ de Fabien représente un trou énorme. C'est la vie. Après lui, il y en a d'autres. Nous avons connu beaucoup de joueurs irremplaçables. Ils le sont restés dans nos coeurs, mais sur le terrain leur place a été prise". Même les irremplaçables doivent donc être remplacés. " Mais pour Fabien, conclut Guy Novès, ce sera plus dur que pour d'autres".