Audy : "C'est usant"

Par Rugbyrama
  • Julien AUDY Montauban Top 14
    Julien AUDY Montauban Top 14
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S'il ne comble pas le trou de deux millions qui plombe son budget, le MTG XV sera relégué en Pro D2, voire chez les amateurs en Fédérale 3. Alors c'est l'union sacrée dans le Tarn-et-Garonne. Encore. Et ce n'est pas simple à gérer avant un match à Biarritz. Le demi de mêlée Julien Audy confirme.

Quelle est votre réaction après l'annonce de la rétrogradation du club par la DNACG?

Julien AUDY : (soupir) Nous avons eu une réunion avec le président ce matin. Comme il ne s'agit pas d'une décision définitive, nous avons toujours un petit espoir. Nous pensons à l'an dernier : nous étions aussi dans une situation financière difficile et nous avions réussi à nous en sortir alors que le déficit était plus important. Après, c'est embêtant si on remet ça chaque année. Ce stress continu, pour le club, pour les joueurs, pour leur famille, c'est très dur à supporter. Le président a été très positif lors de cette réunion mais ce n'est pas simple. Certains joueurs sont encore sous contrat et ne peuvent pas chercher ailleurs au cas où le club descende pour de bon. Si dans trois semaines, nous recevons une mauvaise nouvelle définitive, ils ne pourront pas rebondir ailleurs.

Quel est votre situation personnelle ?

J.A. : Normalement, il me restait un an de contrat. Mais, voilà plusieurs semaines, avant tous ces problèmes, j'ai demandé une lettre de sortie au président parce que j'avais d'autres opportunités ailleurs. Il me l'a accordée il y a quinze jours ou trois semaines. Je voulais tenter autre chose. Plusieurs clubs du haut de tableau de Top 14 et un club anglais m'ont contacté et je devrais avoir une réponse d'ici une dizaine de jours.

La situation du MTGXV a-t-elle été primordiale dans votre décision de partir ?

J.A. : Il y a un peu de ça, bien sûr. Le manque de sérénité est lourd à supporter... Mais mes motivations sont surtout sportives. J'ai été sélectionné en équipe de France A l'an dernier et j'ai envie de franchir un cap dans ma carrière.

Quels sont les enseignements de la réunion avec PatrickVianco ?

J.A. : Il en ressort d'abord beaucoup de doutes quant à l'avenir du MTG XV. Nous bénéficions d'un délai supplémentaire mais si nous ne trouvons pas d'argent d'ici là, c'est le Pro D2 assuré, et ça fait peur. Nous avons dialogué, certains joueurs ont pris la parole pour dire ce qu'ils ressentaient. Nous comptons beaucoup sur Daniel Havis (l'ancien président, partenaire principal du club qui devrait le quitter la saison prochaine, NDLR) parce qu'il y a vraiment quelque chose à sauver dans ce club. Nous savons combien il est attaché à la ville de Montauban et il nous a beaucoup aidé l'an dernier. Après, si les collectivités et les autres partenaires répondent présents, nous pourrons trouver l'argent.

Des baisses de salaires ont-elles été évoquées ?

J.A. : Non, le président tient à nous payer tous les mois. C'est très important et rassurant. Nous avons entièrement confiance, nous sommes à fond derrière le club et derrière nos partenaires. Nous y croyons. Le MTG XV mérite d'exister dans l'élite. Il l'a largement prouvé sportivement et même financièrement, puisqu'il a toujours réussi à s'en sortir. Espérons que cette fois-ci, ce sera encore le cas.

Le quotidien n'est-il pas trop dur à gérer ?

J.A. : Ce n'est pas évident... Le groupe essaie de ne pas trop y penser mais le problème, c'est qu'il y a beaucoup de " on dit ". Des choses sortent dans les articles, dont nous ne sommes même pas au courant... Nous en parlons souvent entre joueurs. Mais nous sommes très solidaires, comme nous l'étions déjà l'an dernier. Nous tentons de nous focaliser sur le sportif et de faire confiance à l'administratif.

N'y a-t-il pas une forme de lassitude par rapport à cette situation précaire ?

J.A. : Il est sûr qu'au bout d'un moment, c'est pénible de voire que ça ne passe alors qu'on se dit incessamment " ça va passer ". Nous manquons de sérénité et nous serions plus libres sur le terrain s'il n'y avait pas tous ces problèmes. Mais ce n'est pas vraiment de la lassitude. Disons plutôt que c'est usant parce que cela nous demande des ressources supplémentaires pour être performants sur le terrain. Le groupe est solide et se place en dixième position du classement, c'est très bien. Mais il faut être deux fois plus fort mentalement pour rester compétitifs.

Cette nouvelle a-t-elle changé la préparation du match contre Biarritz samedi ?

J.A. : Non, pas vraiment. C'est sûr que ce n'est pas l'idéal et que tout cela est perturbant... L'entraînement de ce matin, par exemple, a été annulé pour que nous tenions une réunion avec le président. Mais nous sommes des joueurs professionnels, je le répète, et des compétiteurs également. Alors nous faisons notre travail. Nous avons tous des intérêts collectifs et individuels donc il va falloir se serrer les coudes. Nous nous déplaçons chez des Biarrots qui restent sur un gros match contre Toulouse, ça va être très dur pour nous. Nous devons tenter de nous remobiliser.

Cela ne va-t-il pas, au contraire, vous remobiliser justement ?

J.A.: C'est ce qu'il s'est passé l'an dernier. Nous avions encore plus "la gnaque" à chaque match. Là, c'est un peu pareil, mais à un degré plus important puisqu'on parle clairement de relégation et même de dépôt de bilan cette fois. Je pense que tout ça va nous énerver. Nous voulons prouver que le sportif, lui, va bien. Ce sera un peu à quitte ou double.

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