Clermont se préserve

Par Rugbyrama
  • clermont 2010
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Les Clermontois le clament et le répètent : ils seront outsiders contre Perpignan, en finale du Top 14. Et ils s’accommodent parfaitement de ce rôle. Il faut dire qu’en Auvergne, les échecs passés sont encore dans tous les esprits et on préfère donc prévenir une éventuelle nouvelle désillusion.

Une anecdote d’abord : en 2006-2007, Vern Cotter qualifiait le club clermontois pour la finale du Top 14 dès sa première saison à la tête de l’ASMCA. Les Jaunards s’inclinaient contre le Stade français… Au retour en Auvergne, le technicien kiwi ne souhaitait pas défiler devant les supporters clermontois, arguant qu’en Nouvelle-Zélande, on ne célébrait pas une défaite. Finalement convaincu par son président, il était monté sur le bus mais n’a jamais caché qu’il ne conservait pas de cette décision un souvenir agréable. Bien au contraire. Et même si l’expérience n’a pas été renouvelé par la suite, cela n’a pas empêché les Jaune et Bleu de garder des goûts particulièrement amers de leurs échecs suivants au même stade de la compétition (2008 et 2009). Il faut dire qu’à chaque fois, Clermont montait à Saint-Denis avec l’étiquette de favori. Que l’attente se faisait de plus en plus immense en Auvergne… Et les désillusions de plus en plus dures à avaler.

Du coup, cette année encore, aucune manfestion ne sera organisée en cas de défaite dimanche mais au-delà, les "quadruples finalistes d’affilée" ont choisi de particulièrement se préserver. La réponse du capitaine Aurélien Rougerie, qui disputera ce samedi sa cinquième finale, à chacune des questions concernant sa malédiction et celle de son club de toujours ? "Je ne sais pas. Je n’ai rien à dire…" Pas question de revenir sur les déceptions passées. Ou très peu. "Je n’y pense pas, assure Thomas Domingo. Tout le monde nous le rappelle mais nous n’y prêtons aucune attention." Faire abstraction, éviter le sujet : les finales perdues sont tabous. Une manière également de se dégager d’une pression qui a eu des répercussions négatives ces dernières saisons. En 2008 et 2009, l’ASMCA partait avec une longueur d'avance aux yeux de la plupart des observateurs. Là, c’est différent. "Nous sommes là un peu par hasard, plaisante Julien Malzieu. A ce que je comprends, je crois qu’il n’y a pas grand-monde qui mettrait une pièce sur nous pour cette finale. Il y a moins d’attente autour de notre équipe, nous sommes les outsiders et c’est tant mieux. Cela nous permet de préparer ce match plus sereinement. Les Perpignanais auront davantage de pression car ils ont démontré qu’ils méritaient de reconquérir le titre."

Un certain fatalisme

Et cette semaine, les compliments et autres commentaires dithyrambiques sur l’Usap affluent en Auvergne. "Cette équipe est combative et solide, indique Malzieu. Elle donne l’impression d’un rouleau compresseur. Quand elle est en confiance, qu’elle enchaîne correctement, elle est difficile à arrêter…" "Les Catalans ont un pack impressionnant et sont techniques derrière, estime Domingo. Contre eux, tu payes cash la moindre faute. Au-delà, ils ne connaissent pas de moments faibles, de passages à vide." "C’est une équipe coriace, féroce, accrocheuse, selon les mots de Vern Cotter. Une formation constante, qui est toujours présente." L’entraîneur en chef qui cherche lui aussi à rendre le rapport de force inégalitaire sur le papier : "L’an passé, nous avons déjà affronté l’Usap en finale. Mais là, la montagne semble encore plus grande à franchir, le défi à relever plus important." On l’a bien compris : la formation catalane est démoniaque, quasiment imbattable… Un bon moyen d'aborder différemment l’événement.

Au-delà, les Clermontois semblent désormais plus fatalistes. Certains n’ont pas hésité à évoquer une éventuelle nouvelle défaite. "Nous voulons ne pas avoir de regrets, reconnaît Julien Bonnaire. Une finale n’est belle que si on la remporte, c’est évident. Mais ce serait trop bête de perdre si le match était à notre portée. Si nous devons perdre, il faudra que ce soit contre plus fort que nous." Un aveu pas totalement innocent. C’est aussi une façon de se protéger, de se prévenir en cas de revers. Même plusieurs supporters croisés aux alentours du stade Marcel-Michelin évoquaient la possibilité d’un onzième Bouclier de Brennus raté et faisaient preuve d’un certain fatalisme. Les désillusions ont forgé les caractères et les Auvergnats ont déjà beaucoup souffert, même s’ils ont su relever la tête à chaque échec. Mais la résurrection ne sera pas éternelle. Alors ils préfèrent prévenir une autre déception. Surtout qu’ils semblent se sentir si bien dans ce costume d’outsider…

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