Dupuy : "Je m'en veux énormément"

Par Rugbyrama
  • Julien Dupuy Stade français Paris 2009
    Julien Dupuy Stade français Paris 2009
  • Julien Dupuy Stade francais Paris
    Julien Dupuy Stade francais Paris
  • Julien Dupuy David Attoub neige 2009
    Julien Dupuy David Attoub neige 2009
Publié le
Partager :

Le demi de mêlée international Julien Dupuy, suspendu 23 semaines par l'ERC, était à Murrayfield dimanche pour assister à la victoire des Bleus. A la veille de sa comparution devant la commission mixte de l'extension des sanctions internationales de la FFR et la LNR, le Parisien se livre.

Qu'avez-vous pensé du match de l'équipe de France dimanche ?

Julien DUPUY : La première mi-temps n'a pas été mauvaise. Je ne sais pas quelles étaient les consignes mais avec un peu plus de réussite et un peu plus de jeu, nous aurions pu gagner plus largement à mon avis.

La presse est assez critique envers l'équipe de France. Etes-vous d'accord ou la jugez-vous sévère ?

J.D. : Il faut remettre les choses dans leur contexte. L'équipe de France avait beaucoup de pression, c'était son premier match du Tournoi, à l'extérieur qui plus est… C'est donc déjà très bien d'avoir gagné. Je pense qu'elle va monter crescendo pour le prochain match.

N'était-il pas trop difficile d'être dans les tribunes dimanche ?

J.D : Si un peu, surtout lors des hymnes et du coup d'envoi. Mais ça allait après. J'ai un peu hésité à y aller mais finalement, je me suis dit que ne pas y aller ne changerait rien.

Comment allez-vous en ce moment ?

J.D. : Ça va, ça va. Je travaille physiquement, je fais de la musculation tous les jours depuis un mois et demi. Je passe jeudi devant la commission d'extension en France. On va voir ce qu'il va advenir.

Cette commission ne s'est jamais prononcée contre les instances internationales jusqu'à aujourd'hui. Qu'en attendez-vous ?

J.D. : J'aimerais bien qu'elle baisse un peu ma suspension histoire de rejouer le plus vite possible en championnat. Ce sera génial. J'ai été suspendu il y a sept semaines et ça commence déjà à faire long…

Concrètement, quel est votre quotidien ?

J.D. : Je travaille tous les jours. Ça fait un mois et demi que j'axe mon travail sur le physique. Je m'entraîne toujours, que ce soit à taper, à buter ou à faire des passes pour ne pas perdre le geste si je prends un peu de muscle. J'ai la chance de pouvoir me reposer un peu, travailler le physique et la technique individuelle. J'essaie de positiver un maximum.

Julien Dupuy Stade francais Paris
Julien Dupuy Stade francais Paris


Prenez-vous part aux entraînements avec les autres joueurs du Stade français ?

J.D. : Non je ne m'entraîne pas avec eux.

Avec un peu de recul, quel regard portez-vous sur la sanction de l'ERC ?

J.D. : J'ai trouvé quand même sévère et plein de choses m'ont paru bizarre. Quand je suis sorti, je me suis dit que la décision avait été prise avant qu'on se voie... Je pense qu'ils ont voulu faire un exemple, enfin deux avec David Attoub. C'est tombé sur nous, tant pis. Malgré ce qu'on peut dire, j'ai assumé mon geste depuis le début. J'avais dit que c'était un geste idiot et qu'en aucun cas je n'avais voulu faire mal aux yeux de mon adversaire. Lui-même l'a avoué pendant le jugement. Tous les journaux disent que c'est une fourchette mais ce n'est pas le cas. Même les juges ont reconnu qu'il ne s'agissait que d'une main dans le visage. J'ai vu des gestes bien pires que les miens et les joueurs n'ont pris que huit semaines.

Est-ce que vous vous en voulez ?

J.D. : Bien sûr. Je m'en veux énormément d'avoir fait un geste comme ça parce que j'ai pénalisé mon équipe. D'autant que Paris n'a pas eu de chance avec les autres demis de mêlée qui se sont blessés. Derrière, c'est Benjamin Tardy quoi doit assurer alors qu'il n'a pas l'habitude du Top 14… En plus, il n'est pas inscrit sur les listes de la H Cup et c'est Hugo Southwell qui doit pallier mon absence. Tu t'en veux forcément dans ces moments... C'est un geste idiot, je le sais, mais il ne faut pas que je me mette la tête au fond du seau non plus. Il faut que je prenne ça avec un peu de recul et je vais essayer de revenir plus fort quand je pourrai de nouveau jouer au rugby.

Avez-vous senti que certaines personnes, dans le club, vous en veulent ?

J.D. : Non, justement, tout s'est bien passé à ce sujet. Tout le monde m'a soutenu, le club, le staff, les entraîneurs, les joueurs, mêmes les joueurs des autres clubs que nous côtoyons, mes anciens coéquipiers à Biarritz ou à Leicester. Tout le monde a été déçu pour moi mais en aucun cas, je n'ai pris de réflexions négatives.

Quelle a été votre réaction quand votre entraîneur, Jacques Delmas, a parlé d'un "Stade français avec Julien Dupuy et un Stade français sans Julien Dupuy" à l'issue du match à Edimbourg ?

J.D. : Je ne lis pas tellement la presse en ce moment et je ne savais pas qu'il avait dit ça. Je ne sais pas comment je dois le prendre. D'un côté, c'est bien pour moi, mais d'un autre côté, ce n'est pas bien puisque ça prouve que j'ai mis le club dans l'embarras. Je ne sais pas comment réagir.

Vous investissez-vous de manière différente auprès du club maintenant que vous ne jouez plus ?

J.D.: Bien sûr. Nous faisons des entraînements avec Benjamin Tardy et les autres demis de mêlée. Je les entraîne entre guillemets, nous avons analysé à la vidéo les matchs qu'ils ont faits. Je n'ai pas tellement de légitimité mais, comme j'ai un peu plus d'expérience qu'eux, j'essaye de leur montrer ce qui a été et ce qui n'a pas été. C'est intéressant de passer de l'autre côté parce que je mets un peu dans la peau d'un coach et je me rends compte que ce n'est pas simple. Cela me permet de réfléchir sur le jeu. J'essaie de progresser dans différents domaines pour ne pas faire les mêmes erreurs quand je reviendrai.

Julien Dupuy David Attoub neige 2009
Julien Dupuy David Attoub neige 2009

Au quotidien, comment gérez-vous cette période difficile ?

J.D. : En ce moment, ça va bien. Vraiment ! Juste après la sanction, pendant trois ou quatre jours, tu fais la gueule et tu n'es pas bien. Mais derrière, ton pote prend un an de plus. Alors tu te remets au travail, tu en profites pour bien travailler physiquement, pour réfléchir, pour faire d'autres choses. Le moral est bon et c'est le principal. En fait, c'est un truc que je souhaite à personne mais tu sors plus fort au final. Je ne sais pas comment l'expliquer. C'est quelque chose à vivre mais qu'il ne faut pas vivre !

Craignez-vous de perdre votre place au sein du XV de France ?

J.D. : Perdre ma place est un grand mot, je n'ai que six sélections et une place en équipe de France n'est jamais réellement acquise. Mais c'est vrai que je ne vais pas jouer pendant un moment… Un groupe va se former pendant le Tournoi des 6 Nations, certains feront de bonnes performances et il faut avouer qu'on est vite oublié. C'est pour ça que j'ai envie de rejouer très vite au rugby. La commission ne va peut-être pas baisser ma sanction mais j'espère qu'elle fera au moins une dissociation des peines pour vite retrouver le terrain, revenir au niveau, plus fort même et prouver que j'ai la rage et que j'ai envie d'y revenir. Alors, bien sûr que j'ai peur, je ne sais pas ce qui va se passer pour moi durant les prochaines semaines mais je ne me mets pas la pression. Je ne me dis pas : "Avec la connerie que tu as faite, tu ne reviendras peut-être jamais en équipe de France". Il va d'abord falloir revenir avec Paris, qui est dans une situation difficile. Pour l'instant, j'essaie de ne pas trop penser à tout ça même si ça reste dans un coin de ma tête.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?