Malzieu: "J'ai pris sur moi..."

Avant la réception du Racing, dans quel état d'esprit êtes-vous ?

Julien MALZIEU : Je ressens beaucoup d'excitation et aussi un peu d'impatience. Nous attendons ce moment depuis le début de la saison. Nous avons donc hâte d'y être. Nous avons la chance d'être qualifié pour cette phase finale, c'est la quatrième année d'affilée, alors nous voulons en profiter et ne rien regretter.

Justement, qu'est-ce qui a changé par rapport aux années précédentes ?

J.M. : La principale évolution, c'est que nous avons un match supplémentaire à disputer avec l'instauration de ce barrage. Mais en même temps, nous allons le jouer à domicile, devant notre public et cela va être bouillant à Michelin. C'est une raison de plus pour absolument sortir victorieux de cette confrontation.

Mais sentez-vous que le groupe a évolué ?

J.M. : Je ne sais pas si quelque chose a vraiment changé dans le groupe. Je pense surtout qu'il a muri, qu'il a acquis une autre expérience. Du coup, nous abordons cet événement de manière plus sereine. Il y a certainement plus d'application à l'entraînement et davantage d'échanges entre nous. J'ai l'impression que nous ressentons moins la pression. C'est peut-être aussi le fait de recevoir lors de ce barrage. Mais attention, nous sommes parfaitement conscients que cette rencontre peut être la dernière de la saison.

Il y a deux ans, vous n'étiez pas retenu dans le groupe lors des phases finales. L'an passé, vous étiez blessé. A titre personnel aussi, il va y avoir du changement...

J.M. : C'est clair. Pendant deux saisons, je considère que je n'ai pas vécu ces phases finales. Il y a deux ans, je me suis retrouvé 23e ou 24e homme en demi-finale et en finale et la saison dernière, j'ai dû renoncer sur blessure. Cela a été difficile à vivre mais c'est la vie. J'ai dû prendre sur moi pour digérer et évacuer cette déception. C'est donc un double plaisir d'être dans le groupe cette fois et de me préparer à disputer ce barrage. Je ne sais pas si l'on peut parler de sentiment de revanche mais en tout cas, je suis très heureux d'être là...

Que pensez-vous de cette équipe du Racing ?

J.M. : En début de saison, personne n'aurait parié sur eux. Mais aujourd'hui, ils sont là. C'est une formation complète et solide. Alors moi, je ne suis pas vraiment surpris de les retrouver dans les six premiers. C'est un adversaire sérieux.

Avec un des packs les plus performants de l'hexagone ?

J.M. : C'est certain. Disons que dans l'ensemble, si on leur laisse la possibilité de prendre confiance et surtout d'avancer, ils ne vont pas s'en priver. Ils ont des joueurs capables de faire basculer une rencontre. Je pense notamment à Sébastien Chabal, qui l'a prouvé lors du récent succès face à Biarritz alors que le Racing était mené. Il a été énorme, a avancé sur chaque impact et a emmené son équipe dans son sillage. A nous de savoir conserver le ballon et d'imprégner notre rythme. Nous avons des atouts à faire valoir, il faut en profiter.

Et leur ligne de trois-quarts ?

J.M. : Franchement, ils sont réputés pour avoir un gros pack et on parle peu de leurs arrières. Enfin, il y a quand même François Steyn qui est champion du monde en titre, Saubade et Bobo qui sont deux ailiers très rapides. Sans parler des autres... On l'a vu lors de notre dernier match face au Racing, si on laisse tomber un ballon, on peut rapidement prendre un contre et donc un essai.

Des averses s'abattent sur l'Auvergne depuis plusieurs jours. La pluie pourrait-elle avoir une incidence sur la manière d'appréhender ce match ?

J.M. : S'il pleut, il faudra restreindre le jeu. Cela peut conforter les Racingmen à jouer essentiellement devant. Alors oui, nous devrons peut-être utiliser davantage l'occupation au pied. Cela pourrait être moins plaisant pour nous les arrières et pour le public. Mais on est là pour gagner avant tout. Seul le résultat nous importe... Qu'il pleuve ou pas, nous devons absolument l'emporter.

Clermont a l'habitude de ce genre de match couperet, au contraire du Racing. Pensez-vous que cette expérience collective peut être décisive ?

J.M. : J'espère en tout cas qu'elle jouera en notre faveur. Comme je le disais, il est évident que nous abordons ces rencontres de façon sereine dorénavant. Alors si le Racing a moins l'habitude de ces matchs, cela peut lui mettre une certaine pression. Mais en même temps, eux jouaient le maintien en début de saison. Du coup, leur saison est déjà bonifiée. Quoi qu'il arrive vendredi, ce sera "tout bénéf" à leurs yeux. C'est ce qui peut nous faire peur...

A titre individuel, vous semblez monter en puissance actuellement, comme le prouve votre triplé en quart de finale de H Cup au Leinster...

J.M. : Depuis que j'ai repris la compétition (en septembre après cinq mois d'absence en raison d'une blessure à l'aponévrose plantaire puis au genou, ndlr), je retrouve mes sensations. Au fil des matchs, j'ai pris confiance. Le retour en équipe de France m'a fait énormément de bien, avec ce grand chelem à la clé. Et c'est vrai que ces trois essais sur la pelouse du Leinster m'ont encore conforté. Je me sens bien en ce moment et je ne veux pas m'arrêter là.

Avez-vous évacué cette défaite en quart de finale de Coupe d'Europe ?

J.M. : Elle nous reste évidemment en travers de la gorge mais je crois qu'elle aura fait du bien au groupe. D'ailleurs, nous avons ensuite gagné à Biarritz lors de la dernière journée de la phase régulière. Il fallait finir sur une bonne note. Même si nous ne sommes pas parvenus à accrocher une des deux premières places, nous voulions bien terminer pour montrer que nous étions présents. Il faut conserver cette solidarité. Nous avons les cartes en main.