Le tour de Midi Olympique

Par Rugbyrama
  • Joffrey MICHEL Perpignan Bourgoin Top 14
    Joffrey MICHEL Perpignan Bourgoin Top 14
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Comme après chaque journée de championnat, les envoyés spéciaux du Midi Olympique décryptent pour vous les moments forts de la 19e journée du Top 14, retirant chacun un joueur, un instant clé, ou une image de chaque rencontre. Tour d'horizon.

Toulon/Montpellier (31-19) - Olivier BOUISSON

Ah, cette fin de rencontre ! Alors que les Toulonnais avaient match gagné et le bonus offensif en poche, Sonny Bill Williams jouait rapidement une pénalité à la main, après la sirène. Passé deux minutes plus tôt en troisième ligne, le Néo-Zélandais relançait puis donnait un coup de pied à suivre qui tombait dans les mains des Montpelliérains. Un essai et le bonus offensif aurait été perdu. Panique à bord ! Pendant de longues minutes, les Toulonnais ont donc poinçonné tout ce qui bougeait, récupérant une première fois le ballon avant de le rendre. Quatre longues minutes de folie, marquées notamment par l’expulsion de Suta, et qui auraient pu tourner au cauchemar. Heureusement pour le RCT, il n’en a rien été, mais que diable, pourquoi SBW a-t-il relancé ce ballon ? Si le joueur a avoué ne pas avoir entendu la sirène, celle-là même qui servait tout de même pendant la Seconde guerre mondiale à prévenir des raids aériens (!), le fait de ne pas avoir laissé son demi de mêlée ou son demi d’ouverture jouer la pénalité est en soi, impardonnable. On saluera au passage le sang-froid du jeune talonneur Jean-Charles Orioli qui ne manqua pas, lui, de botter en tribune pour consacrer la fin du match. La lucidité n’est pas toujours là où on l’attend…

Racing-Metro/Clermont-Ferrand (33-24) - Guillaume CYPRIEN

Bien que déjà coulé au moment du repos par vingt-sept points à zéro, on ne peut pas dire que Montferrand ait produit une mauvaise première période. Mais feu le leader du championnat de France, qui a tenu la balle les trois-quarts du temps (70% de possession), est tombé sur un Racing-Metro démoniaque. La réussite des Parisiens fut hallucinante. Tout ce qu’ils ont tenté, ils l’ont réussi. Ils sont venus cinq fois dans le camp auvergnat lors de ce premier acte, et ils ont marqué cinq fois. Un drop opportuniste de Wisniewski (6e) et une pénalité lointaine de Steyn sur la sirène (40e), ont encadré trois essais. Leurs deux premiers sont tombés sur des attaques simples en première main, après une touche pour le premier, derrière une mêlée pour le second. C'était presque trop simple. Le troisième est venu derrière une grosse défense de Wisniewski sur Floch, alors que Clermont, un peu affolé, tentait de reprendre la main depuis ses 22 mètres. Floch a explosé avec le ballon, et Bobo a ramassé pour aller à dam. Les Clermontois étaient complètement saisis. Leur réaction sera saine en deuxième période, et ils reviendront au score jusqu’à deux points du bonus défensif. Mais le Racing-Metro, au jeu aussi réducteur que d’habitude, avait touché la grâce en première période, et l’écart était trop large.

Brive/Montauban (19-14) - Jérôme FREDON

Les amoureux du noble art de la mêlée ont dû s'arracher les cheveux en voyant le triste spectacle offert mercredi soir à Brive par les paquets d’avants corrézien et montalbanais. Ces derniers ont passé le plus clair de leur temps après chaque mêlée à brouter le gazon de l'épaisse pelouse d'Amédée-Domenech. Au total, ce sont dix mêlées sur une vingtaine d'effectuées qui ont été effondrées. De quoi sérieusement nuire au bon déroulement de cette partie et faire fuir les milliers de nouveaux convertis à ce sport. M. Pomarède a eu beau mettre au frigo un pilier de chaque côté, le problème n'a pas été résolu pour autant. Alors, messieurs de la première ligne, soyez sympas pour la prochaine fois. Plutôt que de vous jeter au sol dès que vous serez en difficulté, faites au mois un minimum d'efforts pour lutter. Les milliers de spectateurs qui ont payé leur entrée au stade, apprécieront votre geste.

Castres/Stade français (32-14 ) - Nicolas ZANARDI

Eh bien voilà... Arrivés ambitieux, le couteau sous la gorge, les Parisiens sont repartis comme ils étaient venus. À savoir sans véritable certitude, et avec en point de mire une fin de championnat bien délicate... Tout le contraire des Tarnais, désireux de faire oublier le camouflet du match aller. A Paris, le CO avait pointé aux abonnés absents dès l'entame de la seconde période. Mercredi, ce fut tout le contraire... Impressionnants de puissance, de hargne et d'efficacité, les castrais ont obtenu un succès qui ressemblait fortement à une passation de pouvoir entre candidats... Candidats à quoi, d'ailleurs ? Dans le vestiaire tarnais, tout le monde jure ne songer qu'à demeurer le plus longtemps possible en haut du classement. Mais, dans les colonnes de Midi Olympique, Chris Masoe commence à suggérer qu'il rêve d'un titre. Faut-il prendre cette ambition au pied de la lettre ? On ne nous ôtera pas de l'idée que si le fantastique All Black a prolongé son contrat de deux saisons, ce n'est pas pour goûter indéfiniment aux délices des charcuteries des monts de Lacaune. A ce titre, le parcours tarnais à domicile demeure le meilleur exemple. Les hommes de Travers et Labit demeurent sur cinq succès consécutifs à plus de trente points à Pierre-Antoine, lequel commence tout doucement à se colorer de bleu et blanc. Un parcours... de quoi, déjà ?

Albi/Toulouse (6-24) - GrégoryLETORT

À quoi se reconnaît un seigneur du rugby ? Au talent mais pas seulement. À des gestes de classe comme celui qu’a signé Yannick Jauzion dans ce jeudi soir brumeux à Albi. Sous la pluie, malgré le froid, l’international (63 sélections) a guidé les siens à la veille de rejoindre les Bleus. Surtout, il a libéré le Stade toulousain à la 31e minute de jeu quand le SCA menait au score. Prise d’intervalle aux 22 mètres, crochets : Jauzion allait s’offrir l’essai sous les poteaux. Récompense logique alors qu’il avait construit cet essai tout seul. Mais Jauzion s’est retourné pour l’offrir à Albacete venu au soutien. Une offrande pour prouver qu’il était reconnaissant du travail immense réalisé par ses avants. Simplement classe. Écarté en ouverture de la tournée de novembre face aux Boks, Jauzion prouve depuis plusieurs semaines que ceux qui l’enterraient étaient inconscients. Sans faire de commentaire, juste en jouant comme il sait le faire. Et il retrouve les Bleus pour le Tournoi en tant que titulaire incontestable. Rien n’est définitif. Sauf la classe.

Perpignan/Bourgoin (49-20) - Philippe KALLENBRUNN

Bien sûr, Jacques Brunel arborait la moustache des grands soirs, juste après la rencontre face à Bourgoin. Pensez donc : une victoire à cinquante points, six essais marqués, dont l’un, par Christophe Manas, au terme d’un lancement magnifique de précision et de vitesse, et un point de bonus offensif dans la musette. Mais le manager de l’Usap eut beau dire que, en pareilles circonstances, il ne fallait pas faire la "fine bouche", l’on a deviné chez lui une once d’insatisfaction. "Nous aurions aimé poser davantage notre empreinte sur la partie", avança-t-il. Comment décrypter ce sentiment à chaud du Gersois ? Tout simplement par le fait que Perpignan vient de franchir un palier dans l’exigence. La victoire bonifiée face au Racing-Metro s’était d’ailleurs déjà avérée probante. Débarrassés (c’est le mot) de cette maudite H Cup, dont les Catalans ont mis à profit les deux dernières journées pour remettre leur effectif d’aplomb, ils sont désormais lancés dans le sprint final du championnat. Objectif : décrocher la qualification, le plus rapidement possible, pour la phase finale du Top 14. Pour cela, Brunel l’a encore asséné, l’Usap devra ramener des points de l’extérieur. Le calendrier tombe donc à pic puisque deux déplacements se profilent. A Bayonne, en match en retard, puis à Montauban, les Sang et Or voudront confirmer qu’ils ont bel et bien passé la vitesse supérieure.

Bayonne/Biarritz Bayonne-Biarritz : (15-0) - Pierre MAILHARIN

Manny Edmonds est en train de vivre une drôle de saison. Depuis fin août, et sa dernière titularisation à l’ouverture en Top 14, l’Australien sera passé par tous les postes et tous les états : mêlée, arrière, frigo... Le 9 janvier dernier, il était même prévu qu’il débute au centre, à Bourgoin, avant que l’enneigement du terrain isérois ne conduise au report du match. Ces pérégrinations forcées sur le front de l’attaque bayonnaise, conjuguées à l’usure physique de ses 32 ans, l’ont conduit il y a quelques semaines à envisager de mettre un terme à sa carrière, au terme du présent exercice. D’aucuns le jugeaient fini pour le rugby. C’était oublier deux choses : Manny Edmonds n’a pas été élu meilleur joueur du Top 14 en 2004 par hasard ; la confiance est vitale à ce poste stratégique de l’ouverture – qui est évidemment celui qui a sa préférence - a fortiori pour un joueur de son tempérament. Christian Gajan l’a bien compris, qui a décidé dès son arrivée de le conforter à nouveau en dix. Résultat : hier soir, lors du derby basque, le talentueux australien a été l’homme du match, réalisant une percée décisive sur le premier essai et marquant le second. Ce renouveau le fera-t-il changer d’avis quant à son avenir en juin ? Pour l’heure, cela ne semble pas être le cas. Pour la beauté de ce jeu, disons-le tout net, ce serait vraiment dommage…

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