Toulon à sa place

Par Rugbyrama
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Trop léger pour rivaliser sur 80 minutes à Aimé-Giral face au champion en titre, Toulon voit s'envoler le peloton des cadors. A l'approche de la mi-saison, le RCT est finalement à sa place, à la lutte pour les places européennes et la phase finale. Ce n'est déjà pas si mal.

C'est presque trop lourd. La sécheresse du score (25-9) et le bonus offensif obtenu par Perpignan traduit mal la résistance opposée par Toulon sur la pelouse du champion de France jeudi soir. C'est oublier qu'à 10 minutes de la fin du match, le RCT avait encore son hôte dans le viseur (15-9) et que sans une indiscipline inhabituelle (trois cartons jaunes alors que l'équipe n'en avait reçu que 6 lors des 11 premiers matches), les Varois auraient sans doute pu poser encore plus de problèmes aux Catalans.

Pour autant, il n'y à rien à redire sur l'issue des débats. Les plus forts ont gagné. A l'évidence, Toulon n'est pas encore prêt à relever ce genre de défis en déplacement. La défaite à Biarritz, lors de la 8e journée, avaient proposé un scenario semblable, avec une équipe toulonnaise muette en attaque et le plus souvent sous pression. Point commun à ces deux rencontres? L'absence de certains cadres, comme Jocelino Suta, Laurent Emmanuelli mais surtout de la charnière Pierre Mignoni-Jonny Wilkinson. Tel est d'ailleurs le plus gros problème aujourd'hui du RCT, qui reste trop dépendant de certains joueurs. C'est ce qui le sépare encore des tous meilleurs. Quand Toulouse est capable de survivre sans une quinzaine d'internationaux, quand l'Usap aligne les performances malgré une infirmerie bien remplie, Toulon n'offre pas une profondeur de banc susceptible de rivaliser avec les tous meilleurs.

Des fondations aux finitions

Voilà pourquoi les hommes de Philippe Saint-André figurent aujourd'hui dans ce qu'on peut appeler la queue du premier peloton. Sans le report du match Biarritz-Racing, ils occuperaient la 7e place (et non la 6e, et ce quel qu'ait été le résultat de la rencontre entre Biarrots et Parisiens) qui reflète bien leur niveau actuel. Certains aimeraient sans doute voir déjà le RCT un peu plus haut et titiller les géants comme le fait Castres depuis le début de la saison. Sans deux défaites sur le fil et injustes à certains égards à Montauban et Montpellier, les Rouge et Noir se trouveraient à la hauteur de Toulouse ou Clermont.

Mais chaque chose en son temps. Il faut se souvenir d'où vient le RCT, où il se trouvait il y a un an, n'ayant rien d'autre à offrir qu'une bouillie collective chaque week-end. Se souvenir que cette équipe a un nouveau coach, une nouvelle charnière. Que la moitié de l'équipe a été renouvelée. Bref, que cette équipe est encore en phase de construction et qu'à ce titre, le meilleur reste sans doute à venir. D'une saison à l'autre, Toulon a corrigé bon nombre de ses défauts. Du jeu au pied (dans les tirs au but comme dans l'occupation) à la conquête (la touche, notamment), des progrès spectaculaires ont été effectués. Cette équipe a du talent, du charisme, une grosse expérience individuelle. Il lui faut encore un peu de vécu collectif.

Dans ces conditions, une place dans les six premiers parait un objectif tout à fait réaliste. D'autant que Sonny Bill Williams et Felipe Contepomi, dont les retours de blessure sont imminents, devraient apporter une dimension supplémentaire. Il y a un an, Toulon en était encore au gros oeuvre, aux fondations. Le chantier était immense. Aujourd'hui, il s'agit de fignoler les finitions. Un travail moins fastidieux, mais pas forcément plus simple. Car c'est souvent ce souci du détail qui fait la différence entre les très bonnes équipes, comme l'est devenu le RCT, et les très grandes, comme il rêve de le devenir.

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