Médard, la renaissance

Elles peuvent être méprisées ou considérées comme le jugement suprême : les statistiques sont quand même des données incontournables du rugby du 21e siècle. Parfois, elles s'imposent comme l'analyse du pauvre. Parfois, elles photographient à la perfection une réalité. Concernant Maxime Médard, elles sont à l'évidence, le reflet d'une force retrouvée : après onze matchs en Top 14 dont dix titularisations, il s'impose meilleur marqueur du championnat de France avec sept essais au compteur... Sans négliger un essai après deux rounds en H Cup. Renouveau ? L'an passé, l'arrière ou ailier international (23 ans, 15 sélections) a vu son compteur bloqué à quatre essais en Top 14 et seulement deux essais en H Cup alors que Toulouse est allé conquérir l'étoile. En 2008/2009, Médard avait terminé la saison avec dix essais (7 en Top 14, 3 en H Cup).

Cette saison, Maxime Médard est sur les temps de passage de son année de référence : la conquête du Brennus 2008 avec quatorze essais à la clé, sans oublier trois réalisations sur la scène européenne. A cette époque, il s'imposait comme révélation. Après le contre-coup, Médard revient enfin en force. C'est l'heure de l'éclosion définitive. Meilleur marqueur du Top 14, il s'impose à nouveau décisif, efficace en défense et dans son jeu au pied. Il ne surjoue plus, il joue simplement juste. Sa classe naturelle fait le reste.

Prise de conscience

Médard relancé, c'est le résultat d'une prise de conscience, d'un investissement total dans le travail, de soucis personnels évacués. Après une saison noire et plusieurs instants vécus comme un traumatisme dont un statut de remplaçant avec les Bleus pour affronter les Springboks au Stadium de Toulouse (victoire 20-13), chez lui, devant sa famille, il avait relevé la tête au printemps. Au point d'être titulaire en finale de H Cup contre Biarritz, sa deuxième finale européenne et son premier titre. En suivant, il avait répondu aux attentes des sélectionneurs durant la tournée de France A aux États-Unis pour disputer la Churchill Cup. Médard n'était pas avec les cracks mais il n'a pas triché une seule seconde.

Après le trou noir, il a arrêté de s'apitoyer, choisissant aussi de faire profil bas. Au final, ses efforts et sa résurrection n'ont échappé à personne. Aussi en toute logique, après un an d'absence, il retrouve le XV de France alors que se profile le Mondial 2011 en Nouvelle-Zélande. Clerc et Poitrenaud, ses coéquipiers ont été zappés. Lui s'est imposé. Et personne ne crie au scandale. Surtout pas Vincent Clerc : "Maxime a appris le bas après avoir appris le haut. Il sait où il en est. Il a travaillé et il est en pleine forme. C'est évident : il est tranchant sur chaque action, il fait parfaitement jouer les autres, il est performant individuellement. Vraiment, il est au top. Bien sûr, il doit ses performances à l'équipe, aux avants qui nous font briller mais son retour chez les Bleus est très mérité. Et je suis content pour lui parce qu'il est au dessus à l'heure actuelle. Qu'il joue à l'aile ou à l'arrière, il fait des différences. Et il amène tout le monde dans son sillage..."

Avant de retrouver les Bleus vendredi à Marcoussis, Maxime Médard serait bien inspiré de guider les siens encore une fois. Histoire que le leader du championnat décroche à Grenoble face à Bourgoin sa première victoire à l'extérieur en Top 14.