Novès: "C’est toujours aussi jouissif..."

Par Rugbyrama
  • Guy Novès - finale Toulouse Toulon - 9 juin 2012
    Guy Novès - finale Toulouse Toulon - 9 juin 2012
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Avec désormais douze Brennus, deux en tant que joueur et dix en tant qu'entraîneur, Guy Novès a pris part à plus de la moitié des titres nationaux du club de sa vie. Pour Midi Olympique, le manager toulousain s'est posé pour raconter sa flamme.

Finalement, vous aurez réussi le doublé (deux Brennus consécutifs, N.D.L.R.)…

Guy NOVES: Oui, celui-là se réussit de temps en temps. Ça m’est arrivé trois fois dans ma vie sportive. Une fois en tant que joueur, deux fois en tant qu’entraîneur. Celui-là est quand même savoureux. Parce que je me souviens d’une période où la possibilité d’un titre pour Toulouse était normalisée. Puis, il y a eu une prise de conscience de nos soucis, conjuguée à la montée en puissance d’autres clubs. Les gens ont alors perdu confiance en nous. Nous, jamais. On a continué à travailler. En ayant bien conscience qu’il était possible de ne rien gagner. Mais nous avons travaillé sans nous poser de questions. Voilà notre récompense. C’est le résultat de notre humilité, du respect pour nos adversaires.

Vous dites que cette finale appartenait aux joueurs et pourtant vous avez disposé vos pions avec la composition d’équipe?

G.N: Ils ne sont pas des pions. Ce sont des joueurs que j’aime. Des grands hommes qui peuvent devenir des machines de guerre. Eux jouent et moi je fais mon job. Quand je dis que la finale appartient aux joueurs, je ne parle pas d’autogestion. Joueurs et staff sont imbriqués. Et il y a une immense confiance réciproque. Le staff leur donne des capacités. Le reste, je n’ai pas envie de l’expliquer si ce n’est que la force vient toujours de l’intérieur. Comme pour un volcan. Je suis là pour éviter qu’elle déborde.

Ce titre a t-il une valeur spéciale à vos yeux?

G.N: Non. Je ne suis pas certain qu’un titre puisse avoir plus de valeur qu’un autre. Même si le rugby change, les titres sont les mêmes parce qu’ils sont la résultante d’un état d’esprit qui perdure. C’est compliqué de jouer Toulouse en phase finale. Les gens l’oublient. Ils se disent ça y est, ils sont morts. On ne gagnera pas toujours mais je vous avertis que ce sera toujours compliqué de nous prendre. Un jour, nous ne serons pas dans les six premiers. Mais tant qu’on sera dans les six, on se réveillera toujours au bon moment.

Cette rage de vaincre vous consume t-elle?

G.N: Je représente un club qui s’est construit dans la difficulté, ce que les gens ne comprennent pas. On dit que nous sommes le club le plus riche mais il y a un "salary cap". L’adversité déclenche des signaux en moi. J’adore vivre dans ce contexte avec des challenges. Et c’est toujours aussi jouissif de battre des adversaires valeureux, respectueux et très forts. C’est jouissif de le faire avec ces mecs qui m’entourent. Il faut le vivre de l’intérieur. Quand on ne dit rien, qu’on fait le dos rond, qu’on écoute les vérités mais aussi les idioties et que l’on attend notre heure pour sortir du trou et mordre. Cela me consume évidemment. D’où l’importance d’avoir ce staff de qualité et un équilibre dans ma vie personnelle. Après, c’est mon rôle d’aller en première ligne. C’est là qu’il faut aider les hommes quand on croit en eux. Le capitaine d’un bateau doit sortir en dernier. C’est ma responsabilité. Il y a des mecs qui travaillent et je ne veux pas qu’ils soient égratignés.

Qu’avez-vous dit à Mourad Boudjellal à la fin de match?

G.N: Que les gens comme lui étaient importants. Ils sont passionnés, ils donnent le meilleur. Qu’il s’accroche: un jour, il sera champion. Je le pense. Il a ses soucis, sa personnalité: on ne peut pas lui enlever sa flamme. Et le rugby n’avance que par la passion des gens. C’est important que les patrons descendent dans le garage voir ce qu’il s’y passe. Lui, il y descend. On ne fait pas deux finales par hasard.

Au lendemain de la finale, vous sentez-vous enfin serein?

G.N: Bien sûr qu’il y a un sentiment de sérénité. J’ai l’impression d’avoir gagné une bataille même si je n’ai pas gagné la guerre. Et ça, c’est magique. J’emmagasine un plaisir immense. Mais, pour prendre ce plaisir-là, je sais qu’il faut auparavant passer par des combats contre des gens hors norme. Des combats qui peuvent être bénéfiques. Le jour où on humilie Toulouse, on le marque au fer rouge. C’est important parce que cette marque initiera une revanche. Je veux transmettre ça. Quant à ma sérénité, elle va me quitter à l’évocation de la reprise. Je retrouverai alors ma lucidité. Ce qui fait que l’on a gagné, c’est le départ réussi en août dernier. C’est une course en relais qui démarre le jour de la reprise.

Retrouvez l'intégralité, sur deux pages, de l'interview de Guy Novès dans l'édition de lundi de Midi Olympique...

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