Le Tour de Midi Olympique

Par Rugbyrama
  • Jonny WILKINSON - toulon toulouse - 2 mars 2013
    Jonny WILKINSON - toulon toulouse - 2 mars 2013
Publié le Mis à jour
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Comme chaque journée, les envoyés spéciaux de Midi Olympique décryptent les moments forts de la vingtième journée de Top 14. Là, ils reviennent sur la ferveur des supporters bayonnais, la qualité des effectifs du Racing et de Castres mais aussi la belle journée des Bordelo-Béglais.

Bayonne-Biarritz: 6-6. Grégory LETORT

Ils ont été grands. A la hauteur du 115e derby basque de l'histoire. Vendredi soir 20h50, ils ont été au rendez-vous de l'histoire. Les Bayonnais qui avaient l'occasion de gagner les deux confrontations directes de la saison pour la première fois depuis le retour du club dans l'élite ? Non, ils ont été tenus en échec alors que de leur propre aveu "ils avaient les armes". Les Biarrots qui pouvaient réaliser un coup fumant et se replacer très sérieusement pour la course à la qualification en H Cup ? Contrariés par des blessures - Balshaw à l'échauffement, Harinordoquy après 30 minutes de jeu, Héguy séché en deuxième période par Lovobalavu, le BO n'a pas pu faire mieux que résister. Encore, une fois à Jean-Dauger, ce sont les supporters qui ont brillé. Ce match entre le 10e et le 11e du Top 14 s'est effectivement disputé à guichets fermés. Stade comble, ambiance émouvante, chants mythiques et même des supporters biarrots au rendez-vous. Un enthousiasme qui a été récompensé par un match sans rythme, ni intérêt... Vincent Etcheto, entraîneur de Bordeaux avait envoyé du vitriol en novembre: "J'admire ce public qui continue à s'enflammer". Après le derby basque, derby flasque, l'abnégation des Socios, les gars de l'Aviron et la Pena Baiona, mérite toujours autant de respect. Bayonne peut compter sur eux. Si l'inverse n'est pas encore vrai, c'est au moins un point de départ.

Racing-Metro-Grenoble: 23-3. Nicolas ZANARDI

En ces temps où le staff des Bleus déplore un manque global de choix dans le Top 14, le Racing-Metro peut se targuer de lui offrir une alternative. Combien d'équipes, en France, peuvent-elles prétendre aligner une charnière et un milieu de terrain 100% français ? Assurément peu... Et au fond, peu importe. Car ce qui caractérise la ligne de trois-quarts du Racing, c'est d'abord son talent... Celui reconnu de Maxime Machenaud au niveau international, celui de Jonathan Wisniewski qui ne saurait tarder à l'être tant l'ouvreur francilien a régalé l'assistance de sa justesse dans la conduite du jeu. Et bien sûr, celui de cette paire de centred, Estebanez-Chavancy, archi-complémentaire, aussi bien capable de se passer le ballon devant que dans la défense, ainsi que de colmater les brèches lorsque l'adversaire porte le ballon... Ajoutez à cela, au fond du terrain, le flamboyant tandem argentin Hernandez-Imhoff et le retour attendu de Benjamin Fall, et vous obtiendrez une ligne de trois-quarts largement à la hauteur de la flatteuse réputation de son pack. De quoi nourrir bien des espoirs en vue des phases finales... Alors, comme le suggérait Maxime Machenaud dans les colonnes de Midi Olympique, les Franciliens regretteront-ils ce bonus offensif oublié contre Grenoble, que les 6 000 spectateurs réunis dans le froid de Colombes réclamèrent à corps et à cri aux alentours de la 78e ? Peut-être. Mais, comme le Racing-Metro est tout simplement la troisième meilleure équipe du Top 14 hors de ses bases cette saison (et seulement la neuvième à domicile), rien n'est moins sûr...

Stade français-Clermont: 10-37. Arnaud BEURDELEY

Du combat, de la puissance, de la maturité, de la précision, il y avait tout samedi dans la prestation de l’ASM Clermont-Auvergne au Stade de France. Tout ce qu’il n’y avait pas dans celle du Stade français. Au point qu’on a même craint le pire pour les Parisiens. 24 à 3 après seulement 27 minutes de jeu, le score laissait augurer une véritable humiliation. Heureusement pour les Stadistes, les Clermontois se sont contentés de gérer leur avance et d’accélérer à leur guise, juste par nécessité pour conserver le point de bonus offensif. L’essai de Nalaga (76e) témoigne. Évidemment, force est de s’interroger sur les raisons d’un tel gouffre entre les deux équipes. Mais pour faire court et simple, nous ne retiendrons que le constat dressé par un dirigeant parisien, triste et peut-être désabusé: "Cet écart, c’est ce qui sépare un club dont le fonctionnement est professionnel d’un club qui fonctionne encore parfois comme au temps de l’amateurisme". Dont acte.

Bordeaux-Bègles-Agen: 48-17. Jérôme PREVOT

Sincèrement, qui n'a pas rêvé d'être à la place de Camille Lopez au moment où il a marqué le dernier essai de l'UBB samedi soir ? Seul face à la foule déchaînée à lever les bras comme un archange. Mais cet image d'un bonheur personnel qui a fait la une du Midi Olympique ne doit pas faire oublier la teneur des essais bordelo-béglais. Si le sixième fut le fruit d'une rapine (ballon perdu au contact par les Agenais et exploité prestement en contre par Connor et Lopez avec bourde de Seymour au passage), les cinq autres furent des chefs d'oeuvre, fruits de constructions aux petits oignons. Certes, Bordeaux peut compter sur deux talents supérieurs (Lopez et Talebula) mais ils ont bénéficié d'une expression collective qui permet au club de tutoyer par moment les ténors du Top 14. Si l'on veut sortir des sentiers battus, donnons un autre visage à ce match, la face barbue de Laurent Delboulbès, par exemple. Le pilier gauche s'est lui aussi envoyé comme un malade et c'est une de ses charges magistrales au pied qui a provoqué le second essai, conclu par Reihana. Le pauvre Delboulbès avait été sacré "héros malheureux" du match aller après avoir offert un essai aux Agenais sur une "aile de pigeon" totalement involontaire. Il méritait bien de prendre une belle revanche au cours d'une soirée bénie ou 30 000 personnes se sont senties fières d'être bordelaises.

Castres-Montpellier: 26-20. Vincent BISSONNET

Dans la semaine, Laurent Labit s'était plaint du manque de reconnaissance et d'exposition de ses joueurs. Samedi soir, les cadres du CO ont en tout cas tout tenté pour inverser cette présumée tendance. Plusieurs ont en effet crevé l'écran et se sont hissés au niveau international pour dominer une solide équipe de Montpellier: Christophe Samson et Antonie Claassen ont confirmé leur nouveau statut de Bleu, Rémi Tales s'est montré décisif, Romain Martial a encore affolé la défense adverse, Yannick Caballero a littéralement survolé les débats et Marc Andreu a signé un retour des plus fulgurants. Au point d'être choisi pour illustrer le dossier XV de France de Midi Olympique, ce lundi, sur les joueurs à fort potentiel du Top 14. Laurent Labit a probablement dû apprécier l'hommage à sa juste valeur...

Mont-de-Marsan-Perpignan: 17-31. Jérémy FADAT

On en dénombre trois. Trois énormes occasions d'essais pour les Perpignanais dans les vingt-cinq premières minutes. Des Catalans qui auraient pu plier le sort de la rencontre d'entrée. A cet instant, cela n'aurait d'ailleurs pas été immérité au vu de leur domination et de leur ambition dans le jeu. Mais voilà, le rugby est ainsi fait que parfois, on ne peut même pas reprocher à ses joueurs un manque de réalisme ou d'efficacité. Allez demander à Marc Delpoux. "On a réussi à amener deux fois le ballon dans l'en-but sans marquer, soufflait-il après le match. Mais que puis-je dire ou faire travailler ? Gavin Hume est en train d'aplatir quand le défenseur montois (Lucu, N.D.L.R.) vient taper dans le ballon. C'est très bien défendu. Et Guilhem Guirado aplatit dix centimètres avant la ligne. Je ne peux pas lui demander de grandir. Non, il faut savoir accepter." Et comble du paradoxe, ce n'est pas sur de ses mouvements d'envergure ou l'une de ses démonstrations de force que l'Usap a franchi pour la première fois la fameuse ligne adverse. Ce fut après une passe complètement ratée de Jagr que Piukala a ramassé le ballon pour aller marquer. Mais s'il est une vertu à n'avoir pas inscrit plus d'essais d'emblée, c'est que les Montois, bien plus à leur aise et même séduisants en deuxième période, ont pu recoller au score (17-21 à la 57e) et donner un semblant de suspense à la rencontre. En tout cas favoriser le spectacle. Le rugby est ainsi fait.

Toulon-Toulouse: 35-16. Léo FAURE

Wilkinson prolongera-t-il sa carrière immense de joueur une saison de plus ? Si rien n’est encore officiellement annoncé, tout laisse à penser que oui. Et c’est Philippe Saint-André, qui rêve de voir Michalak titulaire régulier au poste d’ouvreur en club, qui doit s’arracher les cheveux. Mais le propos du jour n’est pas là. Demandons-nous plutôt pourquoi Wilkinson devrait arrêter. L’Anglais se pose d’ailleurs la question en d’autres termes: "Est-ce que je pourrai continuer d’apporter à mon club ?". Arrêtons-nous une minute pour lui dire le fond de notre pensée: oui, Jonny. Tu apportes énormément à ce club, à ce championnat et à ce sport. Et il ne fait pas l’ombre d’un doute que quinze années au très haut niveau n’altèrent en rien ce talent unique. Une illustration: alors que les Toulonnais, malgré leur nette domination dans le jeu, ne parvenaient pas à se détacher au score (19-16 à l’heure de jeu), sa majesté Wilko enfourchait la bécane pour prendre les choses en main. Un premier drop, du pied gauche. Naturel. Et puisque le talent est tout sauf une question d’âge, l’Anglais remettait le couvert cinq minutes plus tard, inversait les symétries du geste pour claquer un second drop, d’un pied droit tout sauf "mauvais pied". Qui voudrait ne plus savourer cela sur les terrains ? Définitivement Jonny, 34 ans, c’est beaucoup trop jeune...

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