Football, Grèce, Top 14... Voici Demetri Catrakilis

Il a un nom original

Le MHR a fait levé quelques sourcils lors de l'intersaison, en raison de son recrutement largement orienté vers l'Afrique du sud. Pourtant, la tendance est loin d'être nouvelle, puisque se sont succédés au cours des dernières années nombre de joueurs issus de la nation arc-en-ciel: Hancke, Bosch, Van Vuuren pour ne citer qu'eux. Ce qui est nouveau, en revanche, c'est la consonance hellénique du patronyme du dernier arrivé. Demetri Catrakilis.

Pas exactement un descendant de Boers. Le demi d'ouverture confirme: J'ai un nom inhabituel pour un Sud-africain, dû au fait que j'ai des racines grecques. Mes parents sont tous les deux nés en Afrique du sud, mais mes grands-parents paternels sont nés en Grèce et à Chypre du côté de ma mère. J'ai donc une large partie de ma famille là-bas, et j'y vais régulièrement pour les vacances. Lui-même né en Afrique du sud, c'est donc par le rugby que son chemin est passé pour aboutir à nouveau sur les bords de la Méditerranée. Un destin qui aurait pu être tout autre.

Fan de hip hop, mais surtout de foot

Dans la série des passions incongrues, Demetri Catrakilis va moins loin que son compère de la charnière Nic White et son amour de la nourriture. Si je devais choisir un sujet d'interview, ce serait dans un premier temps le hip hop et le R'n'B. C'est ce que j'écoute beaucoup, mais mettez-moi un bon morceau et quel que soit le style, j'apprécie toujours, explique-t-il. Jusque-là tout va bien, serait-on tenté de dire. Mais le joueur poursuit dans un éclat de rire: Je sais que c'est un peu interdit dans le monde du rugby, mais je suis fan de football.

En effet, le jeune Demetri a longtemps tergiversé entre plusieurs disciplines, toutes pratiquées de manière concomitante. Un atout, selon son propre aveu: Le foot est mon premier amour en tant que sportif. J'y ai longtemps joué en grandissant, en même temps que le rugby, jusqu'à mes 17 ans. J'ai alors dû choisir entre les deux. Je pense que mon passé de footballeur m'aide en tant que rugbyman, tout comme le cricket que j'ai également beaucoup pratiqué. Le sport est le sport, et toute discipline peut vous aider à travailler certaines qualités particulières. Si vous pouvez accumuler ces qualités, pour parvenir à les canaliser dans un seul sport, ça peut devenir un atout énorme. Et quand on connait la qualité de son jeu au pied, on ne peut que lui donner raison.

Il rêvait du Top 14

Demetri Catrakilis n'en est pas à son premier voyage en France. Outre ses racines européennes, l'ancien joueur des Stormers avait en effet déjà fait un essai du côté du Racing 92, Racing-Métro à l'époque (2009), et de son centre de formation. J'ai passé deux mois au Racing il y a quelques années, je n'avais que 19 ans et j'évoluais avec les moins de 21. Et j'ai adoré mon premier passage en France, c'est d'ailleurs une des raisons de mon retour. J'ai eu un aperçu de ce que pouvait être la vie ici si je revenais. J'ai passé 5 ans en Afrique du sud, et je suis désormais là où j'avais envie d'être. Je compte bien en profiter, admet-il.

Un souhait qui ne l'empêche pas, au contraire d'un jeune Australien ou Néo-Zélandais, de penser aux Springboks un jour, forcément un soulagement pour tout joueur qui souhaite conjuguer voyages et carrière internationale. Je trouve formidable que les joueurs sud-africains puissent être sélectionnés, quel que soit l'endroit où ils jouent. Nous n'avons donc pas de problèmes de contrats avec la fédération. C'est une super expérience pour nous, un bagage en plus. Le championnat français est une grande compétition, et je sais que c'est le rêve de beaucoup de mecs en Afrique du sud, en tout cas c'est le mien, sourit-il.

Il ne supportera pas les jaunes ce week-end

Malgré une arrivée toute fraîche, Demetri Catrakilis vivra sa première apparition en Top14 à l'occasion de la réception de Clermont. Loin d'être un sujet d'inquiétude pour le numéro 10 affichant une étonnante décontraction au moment du premier test du MHR face à une équipe du Top 6. Je suis très excité. Nous avons fait un très bon entrainement lundi, avec pas mal de boulot abattu. La semaine a donc bien commencé, mais ce n'est que le début et il reste beaucoup de choses à faire avant de recevoir Clermont. Mais je suis plus enthousiaste que stressé à l'idée d'affronter le leader. Je sais que nous allons jouer contre une excellente équipe, et qu'il faudra que je sois à mon meilleur niveau. En tout cas j'ai hâte, car j'attendais d'avoir ma chance, et je vais continuer de bosser cette semaine pour être prêt samedi, espère-t-il.

Et si les automatismes pourraient ne pas être totalement au rendez-vous, Catrakilis estime être en grande forme physique: Je sors d'une grosse saison où j'ai joué en Super Rugby, et je viens de finir avec mon équipe en Currie Cup, j'ai donc beaucoup d'heures de préparation et d'entrainement derrière moi. Je crois que c'est le meilleur moyen d'être prêt, et je me sens bien pour samedi.

Il aura évidemment aussi un œil sur les demi-finales de coupe du monde, avec un souhait non dissimulé. Force est de constater que les équipes comme l'Argentine et la Nouvelle-Zélande ont totalement dominé leurs matchs. Je ne sais pas si on peut dire que l'Argentine est favorite contre l'Australie vu le résultat de leurs dernières confrontations, mais c'est vrai qu'en ce moment ils ont l'air meilleurs. Personnellement, j'aimerais voir l'Argentine se qualifier pour jouer l'Afrique du sud en finale. Non pas que ce serait un adversaire moins coriace, mais c'est quelque chose entre l'Afrique du sud et l'Australie... Mes compatriotes me comprendront !, clame le Néo-héraultais. Reste à voir si l'homme est aussi bon sur le terrain qu'en matière de pronostics.