Santé : Quand Provale se fait rembarrer par les instances du rugby français...

  • Quand Provale se fait rembarrer par les instances du rugby français...
    Quand Provale se fait rembarrer par les instances du rugby français...
  • Antoine Battut (Montpellier) - 17 septembre 2016
    Antoine Battut (Montpellier) - 17 septembre 2016
  • Robins Tchale-Watchou
    Robins Tchale-Watchou
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Depuis "l’affaire" du Racing 92, le petit monde du rugby s’émeut du recours à la prise de corticoïdes. Dans le même temps, la proposition de Provale de mettre en place une Commission d’Hygiène, de Santé et de Sécurité pour veiller à l’intégrité physique des joueurs se heurte à un refus des instances dirigeantes. Une situation qui embarrasse.

Le 6 janvier dernier, Robins Tchale-Watchou nous confiait sa vive inquiétude sur la santé des joueurs de rugby. Une santé menacée par le rythme effréné des compétitions et la violence toujours plus grande des impacts. Le corps ne suit plus, insistait alors le Président de Provale qui craignait que les joueurs cèdent à une pratique ultra-médicalisée de leur sport. Depuis vendredi et la révélation de traces de corticoïdes dans les urines de trois joueurs du Racing 92, Dan Carter, Joe Rokocoko et Juan Imhoff, le recours à certains produits à usage thérapeutiques suscitent à nouveau une vive émotion. A commencer par celle du Syndicat des Joueurs Professionnels qui souhaitait mettre en place une Commission d’Hygiène, de Santé et de Sécurité avec l’UCPR (Union des Clubs Professionnels de Rugby) pour sensibiliser les acteurs sur les risques de certains produits.

Tout est fait pour qu’il y ait une connivence entre le joueur et le staff médical (Robins Tchale-Watchou)

Aujourd’hui, qu’en est-il ? Ça fait un an qu’on travaille sur ce dossier mais c’est toujours en stand-by, regrette le troisième-ligne Antoine Battut, vice-président de Provale. Tout est politique. Pour l’instant, on nous dit que c’est concomitant avec l’Observatoire Médical de la FFR (qui possède un programme de surveillance des blessures en match de Top 14, ndlr).

Antoine Battut (Montpellier) - 17 septembre 2016
Antoine Battut (Montpellier) - 17 septembre 2016

Un statu quo qui irrite Robins Tchale-Watchou, président du Syndicat des Joueurs Professionnels. Les Dirigeants ne veulent pas de cette Commission parce que c’est une énième contrainte pour eux, souligne le deuxième ligne montpelliérain. Mais nous avons tous à y gagner. Le joueur, parce que sa santé sera préservée et l’employeur qui aura prouvé sa bonne foi. Mais tout est fait pour qu’il y ait une connivence entre le joueur et le staff médical. Nous sommes tous coupables. Mais que faut-il proposer ? Nous avons essayé de proposer quelque chose ! On a reçu une fin de non-recevoir.

Une connivence entre joueur et staff médical qui pose problème

Dans les faits, quel pourrait être le rôle de cette Commission pour préserver la santé des joueurs et éviter, dans certains cas, la tentation d’utiliser des produits reconnus pour nuire à leur intégrité physique ? L’organisme aurait pour mission principale de faire un certain nombre de recommandations qui seraient imposables à l’employeur, précise Tchale-Watchou. Et tous ceux qui passeraient au travers seraient sanctionnés. Mais la gestion de la santé des hommes varie selon les entités. Le travers de certaines commissions dans le rugby, c’est qu’elles sont composées de gens qui sont détachés de la réalité. Ils partent d’un bon sentiment mais ils prennent des mesures qui, dans la réalité, n’ont aucune pertinence. Nous proposons donc de signaler aux joueurs les aléas du recours à tel ou tel produit et il prendrait la décision en connaissance de cause. Et sur les autres pathologies, un parterre d’experts indiquerait les meilleurs soins à suivre.

Robins Tchale-Watchou
Robins Tchale-Watchou
Certaines commissions sont composées de gens qui sont détachés de la réalité (Robins Tchale-Watchou)

Alors que les dirigeants du rugby français se recroquevillent derrière les valeurs de leur sport, un sport qui se prétend exemplaire en matière de lutte anti-dopage, ce rejet du projet de Provale suscite l’incompréhension. Toutes les précautions sont-elles prises pour veiller à la santé des joueurs ? Le doute persiste. Nous avons l’obligation de dire aux employeurs que nous avons notre responsabilité d’informer le jouer des risques qu’il prend, insiste Tchale-Watchou. Mais il faut aussi que le joueur accepte de ne pas prendre ces produits. Il n’est pas forcé de le faire. Mais il y a une connivence qui peut être coupable. Et là, on rentre dans le grand débat qui se pose aujourd’hui : jusqu’où peut-on aller avec les indélicatesses en matière de santé ?

En attendant une énième réunion de la Commission Paritaire (LNR, FFR, UCPR), Provale espère donc imposer son projet comme un enjeu majeur du rugby français à l’horizon 2017. Un nouveau refus serait malvenu. Et l’exemple de Jamie Cudmore, qui a porté plainte contre son ancien club, l’ASM Clermont Auvergne, à qui il reproche d’avoir négligé la prise en charge médicale d’une commotion cérébrale dont il a été victime en 2015, pourrait alors se banaliser dans le merveilleux monde du rugby français.

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